Même si les professionnels du tourisme dans les Pyrénées-Orientales (P-O) se refusent, pour l’instant, à tous commentaires concernant les conséquences de la situation politique dans les pays d’Afrique-du-Nord en général, et au Maghreb en particulier, dans l’économie touristique du Roussillon pour l’été prochain, certains décideurs du Pays catalan, en toute discrétion, reconnaîssent “Qu’un transfert de clientèle du bassin méditerranéen d’Afrique-du-Nord vers chez nous est désormais tout à fait envisageable”.
Certains clignotants, comme on dit dans le jargon professionnel, ne trompent pas.
En effet, des deux côtés des Pyrénées, sur la Costa Brava en Espagne, et sur le littoral des P-O chez nous, certains offices de tourisme enregistrent, depuis les événements qui secouent la rive sud de la Méditerranée, une progression inhabituelle de demandes d’information et de réservations pour l’été 2011.
Principaux bénéficiaires, il semblerait, de cette chronique d’une nouvelle vague estivale annoncée : les campings.
Déjà, selon les spécialistes, que l’hôtellerie de plein air, depuis trois saisons notamment (lié au succès du film “Camping” sur grand écran ?), avait le vent en poupe, aujourd’hui elle verrait affluer au portillon de ses terrains une clientèle effectivement d’un autre genre.
D’ailleurs, le très influent journal professionnel “Le Quotidien du Tourisme”, titrait récemment à la Une : “L’irrésistible ascension du tourisme de plein air” ; et sa rédaction s’interrogeait sur les origines de ce phénomène : les difficultés de la Tunisie et l’Egypte – malgré les prix littéralement “cassés” sur les nombreux séjours proposés sur Internet pour faire revenir la clientèle européenne – devraient apporter de nouveaux clients ; les habitués de l’hôtellerie familiale iront-ils vers l’hébergement de plein air ; des terrains de campings cherchent à figurer dans les brochures des voyagistes…
Cette année encore, toujours selon la rédaction du Quotidien du Tourisme, “les années se suivent et se ressemblent car l’hôtellerie de plein air devrait battre des records de fréquentation (…)”.
– “C’est en tout cas buien parti !”, reconnait Guylhem Féraud, président de la FNHPA (Fédération nationale de l’hôtellerie de plein air), qui souligne cependant “Qu’en 2011 la progression sera plus raisonnable qu’en 2009 ou 2010. La crise nous a amené beaucoup de clients. Les problèmes que rencontrent la Tunisie et l’Egypte devraient nous en amener d’autres”.
Localement, à Argelès-sur-Mer et en Côte Vermeille, plusieurs propriétaires ou gérants de campings confirment cette tendance.
Si celle-ci s’avérait exact, elle aurait forcément un impact considérable sur l’économie locale, et ce d’autant plus que l’afflux de cette nouvelle clientèle s’effectuerait en dehors de la période saisonnière de remplissage traditionnel, c’est-à-dire hors la “saison haute” qui va du 10 juillet au 25 août.
Rappelons que l’hôtellerie de plein air, à Argelès-sur-Mer, c’est : 55 campings (il en existe 8 759 en France) qui emploient 520 CDD, de nombreux contrats saisonniers également, auxquels s’ajoutent 635 emplois “externalisés” (gérants de campings, gérants de commerces et leurs employés, sociétés de gardiennages, entreprises d’animation, etc), soit un total de 1 415 employés (une moyenne de 25,7 salariés par camping).