Argelès-sur-Mer, Banyuls-sur-Mer, Collioure, Saint-Cyprien… et jusque dans les villages les plus reculés du massif des Albères : ils sont de plus en plus nombreux à proposer illégalement – et en toute impunité – des locations de vacances.

Le phénomène est tel que certains maires, à l’image d’Yves Porteix à Sorède, ont décidé de prendre le taureau par les cornes (n’y voir aucune coïncidence avec la feria de Céret en cours actuellement), et ce en multipliant les contrôles en été sur l’ensemble du territoire de la commune. Il l’a annoncé dans le bulletin bimestriel municipal, el lledoner : “il nous faut réagir, car je me suis rendu compte, au travers de nombreux témoignages, que nombre de locations saisonnières ne sont pas déclarées. Cela n’est pas normal vis à vis des hébergeurs traditionnels (hôtels, campings, résidences labellisées…), cela prive la commune de recettes fiscales importantes, notamment au niveau de la taxe de séjour. Se posent également dans certains cas des problèmes d’hygiène, voire d’insalubrité, puisque le “loueur sauvage” n’est par définition jamais contrôlé !”.

Non loin de Sorède, à Argelès-sur-Mer, la situation est encore plus critique : des quartiers entiers, dans le secteur Plage-Nord, notamment entre le Bois de Pins et le centre commercial Costa Blanca en direction du camping municipal Le Roussillonnais, ce sont des dizaines, voire des centaines de locations de vacances qui échappent à toute fiscalité et, plus étonnant, à tous contrôles : “nos n’avons pas les moyens, nos contrôles se limitent à la période qui va du 1er juillet au 31 août, et encore pas dans tous les quartiers de la station”, reconnaît-on à l’Office de tourisme d’Argelès-sur-Mer. Incroyable ! Boulevard de la Mer, avenues du Canigou, des Mimosas, du Tech, etc.-etc. appartements et villas sont souvent loués via Internet sans risque du moindre contrôle en mai, juin et septembre, et même en haute saison estivale ! Pourtant, il y aurait là un créneau d’embauche saisonnière à exploiter en confiant à des étudiants à la recherche d’un job d’été la mission de récolter la taxe de séjour auprès de milliers de contrevenants…

Mais non, les municipalités du littoral préfèrent fermer les yeux et laisser faire. L’autre problème est que ce comportement attire une clientèle souvent bas de gamme et dont les répercussions sur l’image des stations balnéaires du Roussillon ne sont pas négligeables.

En effet, ce type de clientèle, que les professionnels de l’hôtellerie de plein air et traditionnelle, par exemple, avaient réussi à “responsabiliser” ou à “éviter”, s’engouffre dans la brèche et revient au galop. Quand aux propriétaires de ces lieux de séjours illégaux, ils échappent eux à toute contrainte, administrative, fiscale… et, surtout, sanitaire ! Il serait grand temps que les services municipaux et de l’Etat concernés se penchent sérieusement sur ce phénomène, plutôt que d’emmerder quotidiennement les commerçants pour une terrasse qui déborde sur le domaine public de 4 chaises et un guéridon, pour une sono qui en juillet et août hausse le ton sur la plage d’une poignée de décibels, etc.