Manifestation scandaleuse et absurde contre le cycle de l’Institut Jean Vigo sur le cinéma israélien

La manifestation des membres d’une association devant l’Institut Jean Vigo ce lundi 26 novembre pour contester la programmation par la cinémathèque perpignanaise d’un cycle sur le cinéma israélien dans le cadre de la saison France-Israël soutenue par l’Institut français est scandaleuse et complétement absurde.

C’est scandaleux car au motif d’une contestation politique (ce qui est toujours possible en France) il y a une tentative de censure d’œuvres culturelles et de reniement de l’indépendance des artistes (ce qui est toujours inadmissible en France).

Israël fait souvent l’objet de ce type d’appels au boycott de ses différentes marchandises industrielles et agricoles, mais également contre sa production artistique et culturelle au motif d’une contestation de la politique menée dans les colonies et vis-à-vis de la Palestine.

Très peu de pays connaissent de telles campagnes régulières d’appels au boycott mélangeant la politique, l’économie et même la culture. Ce qui cache mal un certain antisionisme voire antisémitisme.

La direction de l’Institut Jean Vigo a d’ailleurs cru bon de se justifier en précisant : « Nous ne cautionnons pas du tout la politique israélienne » donnant finalement raison à ceux qui confondent tout dès qu’on parle d’Israël.

Cette précision était inutile car sinon pourquoi ne pas avoir précisé aussi avant la projection de The Party que « Nous ne cautionnons pas du tout la politique américaine » ou avant celle de Senso « Nous ne cautionnons pas du tout la politique italienne » et faudra-t-il avant celle du film Le Mépris de Jean-Luc Godard indiquer « Nous ne cautionnons pas du tout la politique française… ni la suisse ! ».

C’est très absurde de s’attaquer à la nationalité d’un film car s’il est bien difficile de donner une nationalité à un produit culturel c’est bien à un film. Qu’est ce qui donne la nationalité d’un film : son producteur ? son réalisateur ? ses interprètes ? sa langue ? On se souvient par exemple de la destinée amusante du film La visite de la fanfare en 2006. Proposé par Israël pour concourir à l’Oscar du meilleur film en langue étrangère (comme chaque pays est invité à le faire par l’Académie des Oscars) celui-ci est refusé car la majorité des dialogues sont en anglais, et pour cause : le film raconte l’histoire d’une fanfare égyptienne perdue dans une petite ville israélienne et dont les membres n’arrivent à communiquer qu’en anglais…

Les films sont des œuvres qui dépassent les nationalités et participent au nécessaire pluralisme des images. Ne mélangeons pas tout.

 

Olivier AMIEL, adjoint au maire de Perpignan, conseiller communautaire.