Lilly Barra s’en est allée, dans l’après-midi de ce dimanche 5 mai 2013. Elle avait 53 ans. Elle est décédée dans sa maison de Saint-Cyprien plage.

Femme d’affaires et de conviction, Lilly Barra s’était imposée dans le monde machiste de la nuit, il y a une vingtaine d’années, en créant le complexe de La Luna, au bas de la Colline des Loisirs, entre le village et la plage de Canet-en-Roussillon, sur la route des vacances…

Ce complexe nocturne a fait danser plusieurs générations de Perpignanais, de Roussillonnais et de touristes, en abritant plusieurs styles musicaux et diverses enseignes sous un même toit, dans le désordre : Le Taka, le Paradisko (avec la Zamora’s family), le Voice Club (sous la houlette d’Abda Guénoun), l’Absolut (avec Denis Dulcet et Têtée), le Béila et le Replay (avec l’incontournable Chichi)… Le Darkside, le bar-musical Les Années Tubes, etc. etc.

Elle fut la première à imaginer un tel concept de cette dimension, dans les années 90 : plusieurs boîtes dans la même discothèque. Un mélange de people détonnant où les fashion-victims défilaient au milieu des premiers gogo-dancers, à coups de trip-hop particulièrement festifs avec, aux platines, tous les déjantés de l’époque. On se souvient encore et encore de Dj Seb(astien), Dj Fifi, de Patrick Mola et Christophe, de José Zamora… Et déjà, sur le linoléum, des tournées estivales délirantes, l’explosion des mousse-party (en 1998), la dance-attitude, des prospections sur la plage avec sa tribu de supernanas moulées dans des tenues Alaïa ou scultptées Mugler, et sa légion de bomecs huilés comme des frites dorées.

Lilly Barra a inventé un style de nuit. Pour nombre de noctambules, elle était une sorte de Cléopâtre, toujours prête à relever les défis, à foncer, à innover, à s’engager dans des paris insensés pour marquer et défendre son territoire, pour sans cesse embellir, agrandir son “palais des mille et une nuits” : La Luna. Elle avait atteint le sommet de la profession, à force de redoubler d’activité et d’efficacité, parfois seule contre tous, ou presque.

Dans le contexte de la nuit, elle a été jusqu’au milieu des années 2000 un personnage à part, ou plutôt différent. Avec sa gouaille, ses codes, sa cour, son indépendance, son caractère bien trempé, elle a vécu la nuit sous toutes ces facettes, sur tous les tons. Elle restera LA femme d’affaires dans les nuits roussillonnaises, dont l’audace a souvent décontenancé, celle en tout cas qui a osé s’aventurer en terrain plutôt difficile pour ne pas dire carrément hostile.

A sa fille Marine, à leurs proches, à tous leurs nombreux amis, la rédaction de ouillade.eu adresse ses plus sincères condoléances.

– LES OBSEQUES DE LILLY BARRA AURONT LIEU CE VENDREDI 10 MAI 2013, A 9H 30, AU CREMATORIUM DE CANET-EN-ROUSSILLON.