Nous publions ci-dessous le témoignage glaçant d’une habitante des P-O qui, récemment, a dû emmener sa maman au service des urgences à l’hôpital de Perpignan…

 

 

“Ma mère, R…, âgée de 95 ans, tombe en arrière chez elle et met un violent coup de tête et tape sur son coude qui a doublé de volume avec un énorme hématome (elle est sous anti coagulant) .
L‘infirmière appelle le 15 : ils envoient les pompiers qui la prennent en charge. Elle leur donne un document explicatif de la chute, des soins qui lui ont été prodigués, et des traitements lourds qu’elle prend. Tout est indiqué.
Ma mère n’a jamais perdu connaissance et malgré son âge « ne perd pas la tête ».
Un « régulateur » la dirige vers l’hôpital de Perpignan. Il est 13h.
A 15h 30, on me permet de rentrer avec elle ; elle est dans un box. On ne lui a encore rien fait.
Vers 16h une personne, qui est vraisemblablement un médecin, lui passe une visite rapide et conclut qu’on va lui faire passer un scanner.
A 18h 30 on vient la prendre pour le scanner. On la ramène à 19h en me disant « le docteur va lire le résultat et vous en fera part ».

 

A 19h 30 on la déplace vers une salle commune. Il y a là cinq brancards séparés par des cloisons mobiles, très près les uns des autres. Je ne peux plus rester à côté d’elle, on me donne une chaise dans le couloir près de l’accès (je ne dis pas la porte, il n’y en a pas).

Je resterai sur cette chaise de 19h 30 à 2h du matin ! Cette pièce est abondamment éclairée par des néons violents. Les toilettes pour le service donnent dans cette pièce. Là, on entend tout, à moment donné ma mère (qui est pourtant sourde) répond alors que l’infirmière s’adresse à un de ses voisins ! Une mamie, qui perd la tête, n’arrête pas de crier. Comme atmosphère stressante, il n’y pas mieux !

 

Je comprends au fur et à mesure que les heures passent que les cinq personnes qui sont là, sont en attente d’une orientation : hospitalisation ou retour à la maison ?

 

Vers 23h 15, ma mère me demande si elle ne pourrait pas avoir un verre d’eau. On me donne un gobelet en papier : «allez le remplir aux toilettes». Impossible de la faire boire avec ce gobelet : elle est couchée à plat avec une minerve rigide qu’on ne peut pas toucher avant d’avoir les résultats du scanner. L’infirmier va aux informations…

Il revient, il enlève la minerve et relève à peine la tête. Toujours impossible de la faire boire. Je demande s’il n’est pas possible d’avoir une « pipette » : « ah, non ! nous n’avons pas ça !». Quelle demande incongrue ! Une infirmière, plus dévouée que les autres trouve la solution : elle coupe un tube en plastique et en fait une paille. Ma mère, qui est là depuis 13h peut enfin boire, parce que je m’occupe de la faire boire.

A 23h 45, un infirmier me dit en consultant un ordinateur roulant : « il n’y a pas de lésion, votre mère va pouvoir sortir, je vais voir le docteur » OUF !

La doctoresse arrive, regarde le dossier : « Mais cette dame a eu un violent choc à la tête, est-ce qu‘on lui a fait un scanner du crâne ? Et une radio du coude ? » Elle s’adresse à moi pour savoir quels examens elle a passé !
« Il faut absolument le faire, je joins ma collègue de la radiologie pour voir si on peut la prendre au scanner et à la radio ». Elle revient un moment après « on va la prendre ».
On vient ensuite lui faire une prise de sang.
Vers 1h 30, on vient la chercher pour le scanner.
A 2 h 30, résultat : « Aucune lésion mais à surveiller, on va la ramener chez elle, mais vous devrez la surveiller toute la nuit ! ». Elle l’écrit même sur le bulletin de sortie. Elle se décharge sur moi de sa responsabilité !
Je rentre donc chez ma mère pour attendre l’ambulance qui arrive à 4h 45. Il n’y a en effet qu’un seul ambulancier la nuit pour raccompagner les malades.

 

Commentaires sur les soins :
Je me suis renseignée : quand une personne qui est sous anti coagulants met un violent coup de tête le plus urgent est de faire un scanner de la tête…
Pour son coude, on ne lui a rien fait, même pas un peu de glace. Comme si elle n’avait rien.
Dans le box et la salle commune les malades n’ont aucun moyen pour appeler : pas de sonnette, il faut crier si on en a la force ! Les néons éblouissent les malades, mais ils restent allumés toute la nuit. Pour la confidentialité… Je suis au courant des différents diagnostics : on entend tout.

 

Entre 13h et 2h le lendemain : juste un verre d’eau, avec beaucoup de difficultés.

 

Expérience vécue entre 13h le samedi 8 juin et 2h 30 le dimanche 9 juin.

 

J’ai vécu un cauchemar, je n’arrivais pas croire à ce que je voyais.
Peut-être y a-t-il un problème d’effectif ? C’est la réponse la plus facile.
Mais il y a certainement un problème d’organisation.

 

Les cinq personnes qui étaient dans la salle avec ma mère n’ont eu aucun soin entre 19h 30 et 1h du matin. Elles ont été orientées :

– pour trois d’entre elles vers l’hospitalisation à partir de 1 h du matin Je pense que les lits d’hôpital ne se sont pas libérés dans la nuit !
– pour deux vers leur domicile : la mamie qui perdait la tête vers la maison de retraite à peu près à la même heure. ma mère est finalement rentrée chez elle.
– Un homme déambulait dans les couloirs en se plaignant que personne ne s’occupait de lui et me prenait à témoin en m’énumérant les multiples maux dont il souffrait. Je pense qu’il avait bu ou qu’il était drogué. A un moment, un soignant qui passe lui dit de se coucher sur le brancard laissé libre par la mamie qu’on avait ramenée à la maison de retraite. Il le fait. Aussitôt, il s’endort et se met à ronfler ; il ronflait encore à 2h30 quand je suis partie. Personne ne s’est préoccupé de lui.
Détail surprenant : le premier à être hospitalisé a eu droit à un repas. Deux autres malades ont réclamé à manger. Réponse incroyable « lui, il y a 20 heures qu’il est là » ; sous entendu vous avez encore de la marge ! Mais on leur a servi un repas quand on leur a annoncé que vu les fractures diverses… et autres explications… on les hospitalisait.
Cette salle était occupée par des malades qui auraient dû être ventilés bien avant. Ils auraient été mieux dans un lit que sur ses brancards très inconfortables ! Pourquoi les a-t-on gardés si longtemps ?
Ces méthodes expliquent peut-être en partie l’engorgement ?

 

J’ai assisté aussi à des épisodes ubuesques entre un de ces malades et une, puis deux, puis trois personnes. Elles lui ont posé d’une manière très précieuse, à plusieurs reprises (étalé sur trois heures) toujours les mêmes questions (portait-il un dentier, marchait-il avec un canne…). Pour conclure que vu son état on allait l’hospitaliser ; ce qu’il ne comprenait pas, pour lui, il était déjà hospitalisé. Ce brave homme jurait comme un charretier, assurait qu’il était tombé dans une maison de fous ! tout ça, en catalan…
Pour ma mère, personne ne s’est préoccupé d’elle, même pas pour lui donner un verre d’eau ! Jusqu’à 23h 45 où on s’aperçoit qu’on ne lui a pas fait les bons examens !

 

Les couloirs sont très animés :
– Les brancards occupés y sont nombreux. J’ai assisté à des scènes que j’ai du mal à oublier.
– Médecins, infirmiers, aide-soignants passent et repassent. Ils parcourent des kilomètres pendant la nuit. J’ai eu l’impression qu’ils passaient plus de temps dans les couloirs qu’avec les malades.
Est-ce encore un problème d’organisation ?

 

J’en tire une conclusion effrayante : les animaux sont mieux soignés dans les zoos que les malades aux urgences”.