Mgr. Norbert Turini (@Facebook du dioc̬se Perpignan РElne)

 

 

L’hommage rendu par Mgr. Norbert Turini, évêque du diocèse Perpignan – Elne, à Jeanne Danjou, en la cathédrale Saint-Jean-Baptiste de Perpignan, lors de la cérémonie des obsèques, vendredi 14 janvier 2022…

 

-“SÅ“urs et Frères, chers amis,
Nous sommes tous orphelins. Jeanne était pour nous une grand-mère, une mère, une sœur, une amie, une confidente.
Sa famille, c’était vous en premier : Jean-Louis, Léo, Véronique, Jacqueline et Bernard,
ses amies de confiance ; Brigitte et Dominique,
sa petite fille de cœur Domey,
et Mustafa son accompagnateur fidèle.
Nous vous entourons de toute notre affection au moment où Jeanne laisse un grand vide dans votre vie.
Mais vous vous en doutez, sa famille c’était aussi nous tous, rassemblés dans cette Cathédrale et certainement tant et tant d’autres qui n’ont pas pu se joindre à nous aujourd’hui.
Jeanne avait l’art de mettre en relation des personnes qui, sans elle, ne se seraient jamais rencontrées. J’en suis personnellement le témoin et le bénéficiaire.
Elle avait ce talent d’unir les différences, parfois de mettre en présence des êtres que tout opposait et qui, grâce à elle, parvenaient à se parler et à s’entendre.
Jeanne est passée au milieu de nous en faisant le bien, avec son caractère en acier trempé, avec sa « gouaille », comme l’ont dit certains. Femme libre et engagée sur tous les fronts sociaux et associatifs pour lutter contre les inégalités, les injustices, les détresses humaines. Nous avons tous présent à l’esprit ses prises de parole parfois musclées. Ses « emportements légendaires » ont marqué nos mémoires.
Jeanne n’avait peur de rien, et portait en elle la passion de la vérité. Elle disait ce qui devait être dit, que cela plaise ou non et peu importe ce que l’on pensait d’elle.
Nulle autre qu’elle, pouvait s’adresser ainsi aux petits et aux grands, avec une telle liberté de parole. Elle osait dire des choses que beaucoup auraient hésité à exprimer, craignant les réactions suscitées par leurs propos. Jeanne, non. Elle se le permettait parce que partout on reconnaissait sa grandeur d’âme et ce droit.
Jeanne a donné sa vie aux autres pour les accompagner et les aider.
Pour paraphraser la chanteuse Barbara dans l’une de ces chansons : « sa plus belle histoire d’amour c’est nous ». Son cœur battait plus pour les autres que pour elle.
Je crois que nous aurions du mal à lui rendre tout le bien qu’elle nous a fait.
Quand elle s’engageait pour quelqu’un en difficulté, ce n’était jamais à moitié.
Elle trouvait dans son immense réseau de relations, la personne ad hoc qu’il fallait appeler. Combien parmi nous, grâce à elle, ont pu repartir dans le sens de la vie.
Jeanne, merci pour nous. Infirmière des corps dans sa vie professionnelle, elle était devenue aussi une infirmière des cœurs, continuant à prendre soin de tous.
La foi chrétienne de Jeanne n’était en rien une foi mondaine, fade, de salon ou de sacristie. Non. Sa foi était militante, active, ouverte sur la vie. Foi et vie étaient indissociables en elle. Elle vivait comme elle croyait, elle croyait comme elle vivait. Comme elle n’avait pas sa langue dans sa poche, sa foi n’y était pas non plus.
Dans le concret de la vie, devant des situations impossibles, difficiles, elle nous rappelait les exigences de l’Evangile, en nous recentrant sur le Christ en qui elle mettait, sa confiance, son bonheur, son Espérance.
Jeanne savait qu’une foi désincarnée sans la charité concrète n’était pas crédible ; ni attractive et n’intéressait personne.
J’ose le dire devant vous tous. Cette femme, cette chrétienne reflétait le visage du Christ sur nous.
Sa foi n’était pas prosélyte, mais fraternelle pour nous appeler à vivre unis dans la fraternité. Elle rêvait de ce monde fraternel. Elle a voulu en témoigner par toute sa vie, en s’efforçant de le construire avec nous.
Déjà beaucoup d’hommages ont été rendus à Jeanne. A la fin de notre célébration nous entendrons d’autres témoignages plus éloquents que le mien.
Mais chère Jeanne, vous savez que je vous aime beaucoup. AUJOURD’HUI, J’ESSAYE de vous le dire avec mes pauvres mots. Vous auriez préféré que je le fasse sans papier, spontanément, comme vous étiez vous-même : spontanée, naturelle, directe, sans fard, ni masque.
Vous n’aimiez pas les sermons lus. Combien de fois, vous me l’avez dit.
L’émotion est là et c’est dur déjà de penser qu’il faudra attendre le ciel pour nous revoir, mais quel bonheur ce sera ! Avec vous là-haut, on ne s’ennuiera pas ! Aussi ai-je préféré écrire ce que vous êtes et resterez pour moi avec l’encre de mon cœur.
Je sais que vous ne m’en voudrez pas.
Jeanne, vous aimiez Dieu sincèrement et votre prochain, ça marche ensemble.
Aussi, chers amis, vous comprendrez que c’est à l’extérieur, sur la Place Gambetta devant la Cathédrale, que vous pourrez rendre votre hommage à Jeanne à la fin de la célébration après les prises de paroles.
Oui, Jeanne aimait les parvis de l’existence, tous les espaces de la rencontre ouverts et dans leur riche diversité. Elle ne sentait pas le renfermé. C’est donc sur un parvis symbolique que vous lui direz au revoir.
Ce sera aussi son ultime message pour vous : « Ne désertez pas la vie, allez la retrouver maintenant, aimez-la comme je l’ai aimé, émerveillez-vous devant elle, saisissez-la à bras le corps, protégez-la, jetez-y toutes vos énergies et toutes vos forces pour la défendre, saisissez en la divine étincelle ».
Seigneur, merci de nous avoir donné Jeanne. Nous recueillons tous ensemble sa vie pour te la présenter. Tu sais qu’en elle il y avait un amour débordant, il y avait ton amour. Alors nous te la confions. Elle qui nous a magnifiquement comblés, comble-la de ta tendresse infinie et de ta miséricorde. Marie, Sainte Mère de Dieu.
Jeanne a voulu que tu sois chantée et honorée tout au long de sa messe de funérailles, accompagne-la sur le chemin du ciel, elle qui te priait si souvent sur la terre. Qu’elle trouve près de ton fils le repos éternel, la lumière sans déclin et la paix pour toujours”.

Mgr. Norbert Turini