Pierre SABATE, père de Francine, d’Odette et mari de Joséphine, blessé lors de la Première Guerre Mondiale meurt, en 1931, des suites de ses blessures et de sa captivité. Sa brutale disparition va bouleverser entièrement les vies de Joséphine, Francine et Odette. Veuve à 33 ans, Joséphine se bat pour faire reconnaître ses droits et ceux de ses enfants. C’est à partir de ce moment que va naître et se développer l’engagement politique de ces trois jeunes femmes, qui exprimeront, dès lors, avec force, leur solidarité envers les Républicains espagnols et lutteront contre la politique de la France face à la montée du fascisme.

 

Lors de la «Retirada» de février 1939, commence pour elles le travail clandestin. Malgré la surveillance, les perquisitions, l’arrestation, en décembre 1939 de Joséphine, condamnée à 1 mois de prison ferme pour hébergement d’Espagnols, les trois femmes poursuivent leurs activités, Francine à la Préfecture, Odette à la Poste, au central téléphonique. Le foyer de la famille SABATE devient une plaque tournante : aux guérilleros espagnols, se sont ajoutés des Français fuyant la répression ou évadés, des pilotes anglais tentant de regagner leurs unités via l’Espagne. Le groupe fabrique de faux papiers, grâce à un tampon subtilisé à la Préfecture par Francine. Des tracts sont rédigés, ainsi que des éditions clandestines de journaux appelant à la Résistance.

 

A partir de fin 1942, c’est l’entrée dans la lutte armée avec la mise en place d’activités de sabotage. Le 15 juin 1943, Joséphine, Francine et Odette sont toutes trois interpellées par la «section spéciale» de la police de Vichy. Odette réussira à s’évader le lendemain. Tout juste âgée de 18 ans, elle continue la lutte dans la clandestinité totale jusqu’à la Libération. Francine et Joséphine sont emprisonnées à Perpignan.

 

Elles sont jugées à Montpellier, le 31 janvier 1944, avec une vingtaine d’autres résistants. L’un d’entre eux a raconté comment la frêle Francine avait suscité l’admiration de tous, et impressionné les juges et les gendarmes, par sa détermination et sa certitude en la victoire sur le nazisme et la libération de la France. Après les prisons de Montpellier, Pau, Lyon, Chalons sur Saône, Romainville, la mère et la fille sont livrées aux Allemands le 2 mai 1944, puis déportées à Ravensbrück le 14 mai. Nous savons que leur foi dans la victoire finale et leur amour l’une pour l’autre les aidèrent à supporter les conditions atroces de détention de ce camp. Cependant, Francine était épuisée par les privations et les mauvais traitements. Lorsque sa maman est désignée pour le convoi des «sacrifiées», le 29 mars 1945, c’est pour elle un déchirement. Alors que les troupes soviétiques libèrent le camp, elle s’éteint, le 25 avril 1945, dans la solitude absolue de son sacrifice. Elle ne reverra jamais son beau pays du Roussillon. Elle a tout juste 25 ans.

 

L’association «Femmes Solidaires 66» organise avec la préfecture et le conseil départemental, une cérémonie annuelle d’hommage à Francine Sabaté. Une plaque commémorative ainsi qu’une photo ont été installés dans le hall de d’accueil de la préfecture au 24 quai Sadi Carnot et une salle de réunion porte son nom depuis janvier 2015.