C’est la ministre du Logement et de l’Habitat durable, Emmanuelle COSSE, qui le dit encore dans les colonnes du journal national Le Figaro (daté du samedi 7 – dimanche 8 mai 2016), en page 29, rubrique Immobilier : « Il faut réguler les locations touristiques saisonnières. Aujourd’hui, toutes les villes se saisissent du problème, pas simplement Berlin ou Paris. Toutes les villes du territoire et du pourtour méditerranéen n’en peuvent plus. Il y a des propriétaires, voire des locataires qui enlèvent totalement leur bien du marché locatif pour le louer à la semaine. Cela devient une machine à cash. Ce sont souvent des revenus qui ne sont pas déclarés, la taxe de séjour n’est pas payée comme c’est le cas pour un hôtel ou un gîte (…) ».

Sur le littoral roussillonnais, cela fait des années, ou plutôt des saisons, que le phénomène – sans attendre le réel impact de l’arrivé récente de plateformes type AirBnB sur ce marché des locations saisonnières – va en s’amplifiant, mettant à la porte, jetant à la rue, des centaines de familles et de jeunes gens qui, du 1er mai au 30 septembre, ne peuvent plus trouver à se loger, alors même qu’ils font partie des actifs !

A Argelès-sur-Mer, par exemple, des jeunes qui ont trouvé un job pour la saison dans la station balnéaire, doivent réintégrer le domicile parental ou s’exiler à l’intérieur des terres, à Saint-André, à Elne, jusqu’au Boulou, voire dans l’agglomération perpignanaise. Pareillement à Saint-Cyprien, Canet-en-Roussillon et Le Barcarès.

Car ceux qui ont trouvé un logement hors saison dans ces communes littorales doivent céder la place à l’affluence touristique. Pensez-donc, le même appartement loué entre 400 et 500€ pendant les mois d’octobre à avril se loue au même tarif la semaine durant les mois d’été !

S’il est un domaine où les élus concernés auraient du se pencher et plancher prioritairement, c’est bien celui-là. Depuis deux-trois ans la tendance s’est accentuée, dégradant dangereusement une situation sociale déjà préoccupante : ils sont par ricochet des centaines d’employés saisonniers, pourtant originaires du Pays Catalan, natifs du département des Pyrénées-Orientales, à « bivouaquer » dans la nature, sur les plages, à dormir dans leur voiture sur des parkings, à la lisière d’un bois. Cela ne concerne plus uniquement des saisonniers venus d’ailleurs pour occuper un job d’été et se rémunérer leurs études en suivant (ou entreprendre un tour du monde pendant l’hiver…), mais bien insistons là-dessus toute une jeunesse « domiciliée » chez nous.

Par endroits, les services sociaux du département sont actuellement submergés par des demandes de logement émanant de cette jeunesse qui travaille, qui a un emploi, souvent même un CDI (Contrat à Durée Indéterminée), qui construit une famille, mais qui se retrouve sans toit la saison estivale venue.

La situation est devenue insupportable à bien des égards. Il y a sur la Côte catalane des résidences entières inoccupées, sans habitant… mais peuplées uniquement de gens de passage à la semaine. Comme le souligne courageusement la ministre du Logement, Emmanuel COSSE, toujours dans cette interview accordée au Figaro : « Autres conséquences, l’augmentation des prix et un commerce local pénalisé. Il faut remettre de l’équité, de l’égalité, ça ne peut être l’anarchie totale. Nous devons continuer à loger d’abord des actifs dans toutes nos métropoles et dans nos zones touristiques » ; le bassin méditerranéen en général, le littoral roussillonnais en particulier étant partie intégrante de cette analyse.

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