Message de l’Abbé Martin GABET, curé de la Côte Vermeille “Gardons le calme, la raison, la confiance et surtout, la foi”

 

 

“Benvolguts germanes i germans,
chères sœurs et chers frères

Me voici devant mon écran d’ordinateur pour faire le point sur notre vie personnelle et communautaire au cours de cette seconde semaine de confinement. Merci à tous ceux qui gardent la foi toute simple, le calme, la raison, la confiance dans cette épreuve et surtout à tous ceux qui ouvrent leur cœur à la détresse des autres. Parfois, nous pouvons être des contre témoignages quand nous cédons à l’exaltation religieuse, quand nous croyons être à l’abri de la maladie en ne prenant pas au sérieux les mesures sanitaires, quand nous multiplions les actes de dévotion personnelle sans se soucier de l’urgence de la situation pour le grand nombre. Un article de journal d’aujourd’hui me conduit à réagir fraternellement, non pas sur le ton de la polémique, mais avec le souci de rapprocher « ceux qui croient au Ciel et ceux qui n’y croient pas ».
Mes frères, ne prêtons pas le flanc à la critique, à la moquerie, ne sombrons pas dans le ridicule ! Ne faisons pas appel à la magie, à la superstition, mais gardons foi et raison qui sont pour nous, les deux ailes de la connaissance.

Quand l’une des deux manque, d’étranges monstres peuvent surgir des mains des hommes et de leurs institutions civiles ou religieuses : intolérance, fanatisme, intégrisme, persécution, totalitarisme, camps de concentration, goulags etc. Gardons foi en Dieu qui ne réside pas dans les nuages mais qui s’est fait l’un de nous en Jésus-Christ et qui est donc présent en tout homme, en toute femme. Le Christianisme n’est pas à considérer seulement comme la religion du Livre, il est d’abord la religion de l’Homme ! Gardons la raison, raison de croire, d’espérer, d’aimer. Mais raison également de nous engager pour la paix, la justice, le développement et le rapprochement des Peuples, pour le progrès de la science.
La crise que nous traversons, peut réveiller des peurs tapies dans l’inconscient collectif, des raccourcis intellectuels ou des propos de comptoir pour trouver des boucs émissaires. Ne cédons pas à l’épidémie de la peur qui engendre la régression, des comportements païens ou tribaux. Ne faisons pas de Dieu le bouche-trou de nos impuissances. Comment peut-on croire que Dieu va s’introduire subrepticement dans les éprouvettes de laboratoire, à la barbe des chercheurs, pour changer les résultats des analyses ? Comment croire que rabâcher des mots, des incantations, des Ave, des Pater va changer le cours des choses ? La prière du chrétien est autre chose, elle est un cœur à cœur avec Dieu dans l’amour inconditionnel du frère, elle est un œil dans la Bible et un œil dans le journal de l’actualité ! La prière chrétienne est conscience d’appartenir à la famille des enfants de Dieu, à la fraternité humaine sans frontière, à la Maison Commune qu’est la terre, la Nature, la Création ! La prière chrétienne est conscience de l’Amour de Dieu, de la grandeur de l’Homme créé à son image et à sa ressemblance, appelé à partager sa gloire, mais également conscience de sa fragilité et de celle de l’environnement. La vraie prière chrétienne est foi en la vie éternelle mais indissociablement praxis, elle débouche sur l’action. Un chrétien doit être avec les hommes et femmes de bonne volonté, aux avants postes de la défense de la dignité de la personne humaine et de la Planète.
La crise que nous traversons sera sûrement une remise en question de nos modes de vie, de consommation, de production, de relation, de communication. Une récession économique est prévisible. Soyons vigilants pour démasquer les profiteurs de cette « guerre », tous les marchands du Temple, tous les hommes politiques providentiels sauveurs suprêmes. Les petits risquent de trinquer ! Ce sont eux « les trésors de l’Eglise » et non pas les Å“uvres d’art, propriété de l’Etat ! Soyons toujours à leurs côtés. Entrons dans cette chaîne humaine de saints et saintes de Dieu, de ces âmes généreuses qui ont toujours épousé la cause de l’Homme. L’Eglise est sainte et en même temps faite de pécheurs. Elle est experte en humanité, en conversation permanente avec le monde, elle fait siennes les joies, les espérances, les souffrances du monde !”.

 

Avec ma prière et mon affection, votre curé, el vostre capellà, Mossen Marti Gabet