Entre deux vernissages, entre comptoir et terrasse, les habitués ont désormais le choix de se distraire… dans une atmosphère vintage

Il y a même un billard ! Le bistro à l’ambiance d’autrefois est de retour, et c’est le Café Sola qui donne le tempo

 

Avec lui, Laurent Puigsarbé, le patron du célébrissime Café Sola, l’un des hauts lieux de la vie colliourencque durant les quatre saisons, nous ne sommes jamais au bout de nos surprises. Jamais, ô grand jamais !

A la fois décapant, corrosif et ironique – mais jamais dérangeant – dans son propos, on se demande qu’elle mouche l’a (encore) piqué lorsque, entre deux heures apéritives, caressant dans le sens du poil l’écran tactile de son smartphone, il parcourt l’air du temps à la recherche d’une banale évasion pour sortir de la société actuelle.

Finalement, c’est vautré sur une chaise en souffrance qui prend sa source éternelle de jouvence dans le Campari (avec un doigt de Perrier s’il vous plait), qu’il voyagera sans bouger, qu’il se donnera bonne conscience, le temps d’une courte sieste anecdotique mais maîtrisée de longue date.

S’ils existaient encore, ou du moins s’ils étaient réels tout droit sorti de l’imagination de Marcel Pagnol, c’est bien ici et nulle part ailleurs, au Café Sola, que les personnages prendraient pension complète. La salle à manger est dressée : Panisse, Escartefigue, M. Brun et César n’ont plus qu’à se mettre à table !

Dans ce beau village de Collioure de pêcheurs – on aurait tendance à l’oublier -, où tous les autochtones ont un surnom (même celles et ceux qui l’ignorent), avec la bénédiction ou la caution d’un aîné prestigieux, les acteurs locaux de la plus célèbre partie de carte sur Terre se reconnaîtront. Incorrigibles. Pas besoin d’être un expert ès-Manille, la relève est assurée. Les ancêtres n’ont qu’à bien se tenir.

Ici, à Collioure, où le sel (de la vie) ne sert pas qu’à rhabiller les anchois pour dit-on mieux les conserver, on s’enthousiasme, on s’enflamme vite fait bien fait, mais c’est toujours pour la bonne cause. Dans le tourbillon des passions, des métaphores hardies, sans langue de bois, le temps semble s’être arrêté, ou plutôt posé, curieusement.

C’est un peu de tout ça que perpétue le Café Sola, avec les zests qu’il faut, dans un élan populaire porté par le sens de vieilles expressions que les Michel Audiard, Sacha Guitry et autres Alphonse(s) Allai(s) n’auraient pas renié. Evidemment. Sans oublier les régionaux de l’étape, ces chers disparus: Claude Chazaud, Guy Jouanin, entr’autres célébrités locales inimitables.

En remettant au goût du jour des témoignages matériels impérissables d’une belle époque hélas révolue, Laurent Puigsarbé ne mène pas un combat d’arrière-garde, il nous fait voyager dans l’espace en low-cost. A ce tarif-là, ni Jeff Bezos ni Richard Branson n’y avaient pensé. Il ne manque plus que le jukebox et le tour sera joué !

 

L.M.