A lire dans le bimensuel “Le Journal Catalan” (N° 84)

Depuis deux mois, il attend les gendarmes (1)… et l’entreprise du poids-lourd qui l’a écrasé n’a jamais pris de ses nouvelles !

 

Le 6 août dernier, en fin de matinée, Henry M., 24 ans, est renversé par un poids-lourd, rue André Malraux sur le territoire de la commune d’Argelès-sur-Mer, alors qu’il se rend à Port-Argelès où il occupe un emploi de travailleur saisonnier dans un restaurant.

Selon les premiers éléments (d’une enquête qui n’a jamais abouti puisque Henry attend toujours deux mois plus tard la visite des gendarmes pour être entendu sur sa version des faits), un camion de 6 tonnes appartenant à une société perpignanaise chargée de récolter les conteneurs communaux (et spécialisée dans l’assainissement) pour les vider en usine, aurait subitement changé de trajectoire et serait alors entré en collision avec le vélo au guidon duquel se trouvait donc Henry M.

Ce dernier, violemment percuté, a chuté sur la chaussée et s’est retrouvé coincé sous le camion.

Les sapeurs-pompiers ont du intervenir pour le libérer. Grièvement blessé et souffrant notamment d’importantes lésions au bassin et à la jambe droite, il a été héliporté vers le centre hospitalier de Perpignan par l’appareil Dragon’66 de la Sécurité Civile départementale.

Si son pronostic vital n’est plus engagé – Henry M. n’a certes jamais perdu connaissance et sa tête n’a pas été touchée fort heureusement  – en revanche depuis l’accident il n’a cessé de quitter le milieu hospitalier : que ce soit à Perpignan, à Montpellier, à nouveau à Perpignan où il a subi une intervention chirurgicale le 28 septembre dernier, ou au Centre de rééducation et de réadaptation fonctionnelle du Dr Bouffard-Vercelli, au Cap Peyrefite de la commune de Cerbère, en Côte Vermeille.

A ce jour, l’avenir d’Henry M. est suspendu aux diagnostics des médecins et des chirurgiens. Il ne sait toujours pas quand il remarchera, même si les nouvelles, semaine après semaine, sont plutôt bonnes. Sa maman est descendue de sa Normandie natale pour être à son chevet quotidiennement. Ses jeunes amis argelésiens se relaient pour aller le visiter.

Le personnel du Centre Bouffard-Vercelli est extraordinaire, à un point inimaginable, car tellement présent et attentionné, car tellement compétent et motivé (presque) par-delà les frontières du réel … Grâce à ce personnel  Henry M. a retrouvé la foi en la vie et l’envie de se battre, de résister, pour se relever et marcher le plus vite, le plus loin, le plus longtemps possible, sans jamais s’arrêter, sans jamais se retourner.

Cloué sur son lit, il ne pense qu’à s’en échapper pour aller courir, sauter, lui le bogosse de 1,85m qu’un camion a fauché dans des conditions toujours inexpliquées… ou inexplicables ?

Car les gendarmes ne l’ont toujours pas entendu. Deux mois après l’accident ils ne se sont pas déplacés pour recueillir son témoignage, aussi incroyable que cela puisse paraître.

Le pire, c’est le chauffeur du camion et son employeur. Ils n’ont jamais pris leur téléphone pour avoir de ses nouvelles ! Ils ne se sont jamais souciés de son état de santé depuis ce « fameux » 6 août 2015… Savent-ils au moins si Henry M. est encore en vie ? Il y a vraiment de quoi crier au scandale, à l’injustice, tellement une telle indifférence, un tel comportement, sont scandaleux.

Un peu d’humanité n’a jamais fait de mal à personne. Peu importe si au final c’est la faute à la malchance (il appartiendra aux enquêteurs de le déterminer). Dans ces moments-là, on donnerait volontiers tout l’or du monde pour inverser les rôles et que le chauffeur de ce satané poids-lourd se retrouve un laps de temps à la place de sa victime… pour comprendre sa douleur.

 

– (1) : Depuis la parution de cet article, les gendarmes sont passés le voir cette semaine, le mercredi 14 octobre 2015. Henry M. a aussi saisi le Procureur de la République près du Tribunal de Grande Instance de Perpignan. L’entreprise – aurait-elle donc quelque chose à se reprocher ? – n’a toujours pas donné signe de vie… Bizarre, bizarre.