Vendredi dernier s’est tenu, sur le domaine Bellavista, à Camélas (canton de Thuir), le 1er congrès académique Languedoc-Roussillon du syndicat de l’Education nationale SNALC-FGAF, sous la présidence du Catalan Karim El Ouardi.

Pas moins de 150 congressistes y ont participé.

Le nouveau président, l’enfant du pays et premier catalan à être devenu président régional du SNALC, a ouvert les débats en rendant un émouvant hommage à Mme Marie-Antoinette Bouille, l’épouse d’ancien conseiller général et maire de Saint-Cyprien  “Qui aura été l’une des plus fidèles représentantes du SNALC dans les Pyrénées-Orientales (…)”. Jusqu’à présent, le SNALC n’avait pas pris le temps à l’époque de transmettre ses plus vives et sincères condoléances suite au décès de son époux, c’est désormais chose faite car Karim El Ouardi a tenu à ce que Mme Bouille soit reconnue “pour le travail qu’elle a accompli et l’humanité dont elle faisait preuve dans ses responsabilités au sein du SNALC des Pyrénées-Orientales”.

Le nouveau président académique a ensuite remercié les sommités qui ont honoré ce congrès par leur présence.

En ouvrant le congrès, il a d’entrée posé la problématique de cette journée très instructive avec un ordre du jour particulièrement chargé autour d’une vaste et incontournable question : l’école de la République est-elle en danger ?…

Il a énuméré les faits qui selon lui ont amené l’école de la République dans cette situation : le collège unique, la réforme des lycées, le mépris de la voie professionnelle, le mépris du corps enseignant, la perte de l’autorité, la baisse des exigences au DNB et au baccalauréat, le problème de l’orientation, la méthode globale en lecture, l’école du socle (véritable SMIC culturel).

François Portzer, président national du SNALC, a alors pris la parole pour mettre l’accent  sur toutes les rencontres qui ont eu lieu entre le ministre de l’Education nationale, Vincent Peillon, et lui-même, entre le cabinet du ministre et les membres du Bureau national du SNALC. Il a insisté sur le fait “Que pour le ministre, le SNALC restait un des syndicats les plus crédibles car dans la concertation lancée depuis plus d’un mois par M. Peillon, le SNALC avait fait des propositions qui allaient véritablement dans le sens de la refondation de l’école républicaine avec notamment la remise en cause du livret de compétences en collège, véritable usine à gaz où les enseignants vont jusqu’à évaluer les savoirs-être des élèves ! (…)”. François Portzer a rappelé la volonté du SNALC “de permettre à tous les élèves partout sur le territoire de la République de recevoir la même culture humaniste, exigeante et émancipatrice” et que le SNALC “ne pouvait plus accepter que l’école fonctionne à deux vitesses : l’école bourgeoise et l’école des plus modestes”.

C’est alors que l’illustre Jean-Paul Brighelli est intervenu, une heure et demie durant, debout, pour se lancer dans une tirade mémorable fustigeant “la déroute de tous les pédagogismes et de toutes les fantaisies que les gouvernements successifs, de gauche et de droite, ont mis en place ces trente dernières années (…)”.

Jean-Paul Brighelli aura marqué les esprits par la tonalité de son propos, et son contenu !, patr son humour sarcastique, laissant émerveillé un public acquis à sa cause qui l’aura ovationné comme une star de cinéma.

Il a su proposer des spolutions concrètes avec, notamment, la fin du collège unique remplacé par un collège pour tous, un collège où chaque élève pourrait trouver sa voie d’excellence. En réhabilitant quand il le fallait le redoublement, en insistant sur l’exigence des disciplines, en redonnant aux savoirs et savoir-faire leur place centrale.

A la fin de cette intervention, à mi-parcours de l’ordre du jour, la pause méridienne s’est déroulée dans les jardins du Domaine Bellavista, où les intervenants auront pu prendre plaisir à découvrir les mets et les vins du Roussillon. L’escalivade aura marqué l’esprit des convives qui ont découvert une région dont ils ignoraient, apparemment, les charmes.

La reprise des débats fut marquée par une nouvelle envolée lyrique de Jean-Paul Brighelli, dénonçant cette fois-ci “la politique consistant à vouloir faire payer des droits d’accession aux classes préparatoires, empêchant de la sorte l’accès aux grandes écoles aux couches populaires (…)”.

Sans transigeance aucune, Jean-Paul Brighelli aura démontré que “seul un retour à des fondamentaux permettra au système éducatif français de redevenir le véritable moteutr de l’ascension social qu’il était dans les années 1970-80”.

Autre sommité à s’exprimer lors de ce congrès, Marc Le Bris, lui, aura su capter l’attention de son auditoire par la sévérité de son constat : “la méthode globale est inacceptable, elle a détruit deux générations d’élèves. La volonté d’innover dans les structures a conduit à un point de non retour. Nos élèves ne savent plus lire et compter. La méthode consistant à associer une image à un mot a déconceptualisé tous les mécanismes de réflexion et de structuration de l’esprit. Le nombre grandissant d’enfants dyslexiques, dysorthographiques, etc, est là pour nous prouver cette triste réalité (…)”.

Dans un discours passionnant et passionné Marc Le Bris a décrété “un retour immédiat à la méthode syllabique et au B.A-BA, sans quoi les enfants n’auront plus les mots nécessaires pour s’exprimer correctement quand tout le monde sait que le verbe est au centre de toute forme de civiliation (…)”.

Une longue minute d’applaudissements est venu clore les débats et nombre de congressistes ont remercié le nouveau président académique pour l’organisation de cette journée : “de telles rencontres permettent au SNALC de défendre les véritables intérêts de l’école, loin de toutes les centrales ultra-politisées !”.

Karim El Ouardi a conclu sur son “attachement au syndicalisme indépendant et à la nécessité de continuer à peser dans la concertation sur la refondation de l’école républicaine”.