Après Foix, Toulouse, Montpellier, ils ont rallié Béziers pour leur table ronde.

 

La communauté estime que les droits fondamentaux ont été transgressés.

Ils sont venus de tout le grand Sud, de Toulouse à Montpellier, ce samedi-là 20 janvier, à la Maison des anciens combattants, pour faire entendre une seule voix au gouvernement, celle des harkis. “Le 25 septembre 2017, M. Macron a reçu une délégation de la communauté harkie. Il dit vouloir régler le problème définitivement, mais on n’a reçu aucune réponse à nos questions”, déplorent Abdallah Krouk, président du Mouvement national de la résistance harkie et Nasser Nouali, président de l’association Les harkis et la République, de Perpignan.

Seule solution : la loi

Eux connaissent la solution et elle tiendrait en un seul mot : la loi. “Il existe des textes en vigueur dans la Constitution. S’ils ont la volonté de régler ce contentieux, qui perdure depuis trop de décennies, ils disposent des outils légaux.” En premier lieu, la base : “L’article 1er de la Constitution du 4 octobre 1958 de la Ve République. Qui dit que tous les hommes et femmes naissent libres et égaux, sans distinction d’origine, de race, de religion. Les harkis en ont été exclus, ils n’ont été ni formés, ni instruits. La seconde génération, au lieu d’aller dans l’école de la République a été envoyée dans celles des camps.”

Et c’est là que résiderait, à leurs yeux, la seconde transgression du droit : “La loi de réinstallation du 26 décembre 1961 s’applique aux gens dépossédés de leurs biens sous la souveraineté ou la tutelle d’un État. Elle n’a pas été appliquée pour les harkis, déracinés du pays de leurs ancêtres, l’Algérie. Ils n’ont pas été réinstallés, on les a parqués, après les avoir désarmés, abandonnés aux mains de leurs bourreaux. On les a ensuite internés dans des camps de transit sur le territoire national.” Ils estiment aussi qu’ils ont été exclus de la loi du 15 juillet 1970 au titre de rapatriés.

Le 25 septembre 2016, François Hollande prononçait une allocution dans la cour de l’Hôtel national des Invalides, dans le cadre de la journée nationale d’hommage aux harkis, et reconnaissait les responsabilités des gouvernements français dans l’abandon des harkis, les massacres de ceux restés en Algérie et les conditions d’accueil inhumaines de ceux transférés en France. “Mais les discours de bons papas, on en a marre, il faut qu’ils soient officialisés sur le papier. On ne veut plus de commissions, de conseils de suivi. Quand on ne veut pas affronter un problème, on crée une commission.”

Ordonnance

Les harkis du grand Sud brandissent l’application de la loi et en particulier l’article 38 de la Constitution : “Le gouvernement peut demander l’autorisation au Parlement de prendre une ordonnance en conseil des ministres, afin de faire aboutir un texte de loi spécifique pour les harkis et son entrée en vigueur rapidement.”

Ils reprochent aussi aux gouvernements successifs de tromper l’opinion publique : “Ils font croire que nous sommes des assistés, des favorisés. On n’est pas des quémandeurs d’emplois réservés qui créent une discrimination entre les Français. On ne veut pas de politique de misérabilisme, c’est une atteinte à notre dignité. Nous demandons à l’État français de nous rendre les droits fondamentaux qu’ils ont volé à nos parents depuis plus de 60 ans. Nous ne voulons pas l’aumône.” Enfin, les harkis du grand Sud en ont assez “des effets d’annonces, au moment des échéances électorales pour rechercher l’électorat harki”.

“Ni assistés, ni mendiants” : ils comptent bien le rappeler le 19 mars prochain, lors d’un grand rassemblement devant la sous-préfecture de Béziers. “On appelle tous les harkis de France, leurs amis, leurs sympathisants, à venir à Béziers. On est apolitique, on ne veut aucune récupération. Nos parents se sont battus pour une nation, un pays, une patrie et pas pour un parti politique.