Hiver 2009/2010... La tempête de neige a causé d'énormes dégâts dans le Bois de pins...

Dans un courrier qu’il nous a adressé hier, Claude Cymerman, professeur des Universités, nous confie sous le titre “Pinède d’Argelès” et sous la forme d’un éditorial, qui n’engage que lui et dont il reconnaît le caractère “certainement polémique”…
– “On pardonnera au vieil Argelésien que je suis, né à la Plage voici près de quatre-vingts ans, de s’apitoyer et de “s’indigner” (le mot est décidément à la mode) sur la dégradation avancée de son bois de pins, pourtant un des fleurons de notre commune. Rappelons que cette, autrefois, magnifique pinède a aujourd’hui environ 150 ans. Les arbres plantés (plusieurs milliers, d’après les chroniqueurs) étaient tous originaires de Corse. La pinède était tellement dense au début des années 1940 que, placé d’un côté de son périmètre, un promeneur ne pouvait absolument pas apercevoir l’autre côté. Et aujourd’hui que nous approchons des 15 et 16 août, je ne puis m’empêcher d’évoquer les nombreux habitants des communes voisines qui venaient, souvent en charrette, jouir de l’exquise fraîcheur de son ombrage.
Ce bois de pins a subi, au cours de son existence, deux agressions majeures : la première, au début des années 40, a été le fait des soldats allemands qui ont opéré des tailles claires dans le bois pour servir leurs objectifs militaires ; la deuxième, voici deux ans et plus, a été celle de la neige avec son cortège d’arbres meurtris, blessés, saccagés.
Quelque temps auparavant, une vingtaine d’arbres avaient été tronçonnés et arrachés sans qu’on en saisisse réellement la nécessité.
Dans l’immédiat après-guerre, un reboisement en trois tranches avait été réalisé avec des résultats satisfaisants, hormis, peut-être, une plantation exagérément géométrique qui aboutit à ôter une partie de son charme à sa partie nord. Du moins l’essentiel avait été consciencieusement fait.
Ces dernières années, qu’a-t-on programmer pour compenser les outrages du temps ? Un reboisement mineur, pathétique, à base d’arbres rabougris, rachitiques, tordus, au surplus insuffisamment arrosés et mal entretenus : une horreur ! Et ce n’est pas tout ! Le promeneur pourra observer ça et là des fondrières herbeuses où il risque de culbuter, des racines émergeantes qui peuvent le faire trébucher jusqu’à lui casser une jambe, bref, des pièges de toutes parts.
Certains semblent se satisfaire de ce pourrissement, de cet abandon de fait d’une pinède qui est tout à la fois le poumon et, si l’on veut bien nous pardonner l’image, le “poumon touristique” de notre station.
A vrai dire, l’on voudrait “meubler” la pinède par l’adjonction d’une piscine, ou d’un nouveau boulodrome, ou d’une quelconque verrue architecturale et antiécologique, que l’on ne s’y prendrait pas autrement.
Que l’on ne nous dise pas, par ailleurs, que l’éventuel achat de quelques centaines de pins en Corse ruinerait notre commune, quand on sait que la sagesse et l’intelligence visionnaire de nos ancêtres nous en ont procuré des milliers. Et que représenterait cet achat, rapporté aux sommes faramineuses et pharaoniques consacrées à des entreprises d’urbanisation et de viabilité pour des résultats souvent désastreux, tels, pour ne prendre qu’un seul exemple, ceux résultant de la restructuration de l’avenue des Platanes ? J’ose espérer que les jeunes générations sauront réagir à ce saccage éhonté de nos arbres et participer, d’une manière ou d’une autre, à la sauvegarde d’une pinède aujourd’hui en grand péril”.
Ce n’est pas la première fois, ni certainement la dernière fois, que M. Claude Cymerman, passionné et passionnant, met les pieds – c’est une image – dans le Bois de pins, dont il est riverain. Ou presque, à une cinquantaine de mètres près…
De son côté, sous l’impulsion de son maire, M. Pierre Aylagas, de par ailleurs vice-président du Conseil général et président du Comité départemental de Tourisme, il est aussi exact de rappeler, au plan notamment de la lutte contre les diverses nuisances et la pollution sonore, même si ce n’est pas là le fond du problème soulevé aujourd’hui par M. Cymerman, que la Municipalité a toujours été très attentive – et particulièrement réactive – à une protection rapprochée de cet inestimable site qu’est le Bois de pins, et ce au point d’en interdire intra-muros toutes formes de commerces ou la tenue de manifestations d’envergure. Pierre Aylagas, comme d’ailleurs ses prédécesseurs, a toujours considéré – et il le rappelle fréquemment lors de conférences de presse ou de réunions avec la population – que cet espace naturel unique, au coeur de la station, est un atout majeur, essentiel et vital, pour la commune d’Argelès-sur-Mer… comme le sont le célèbre clocher pour Collioure, le paquebot ensablé “Lydia” pour Le Barcarès, le golf pour Saint-Cyprien, la vigne pour Banyuls-sur-Mer, etc-etc.