Un artisan-coutelier argelésien, originaire du Racou, n’est pas près d’oublier la mésaventure peu banale qui lui est arrivée, dans la soirée du vendredi 12 août…
Patrick D. a un stand sur le marché artisanal d’été d’Argelès-plage, à proximité immédiate du rond-point d’Arrivée. Comme nombre d’exposants, il a pris l’habitude, entre deux clients, d’aller étancher sa soif au comptoir de l’un des quatre établissements situés de l’autre côté de l’avenue. Il en profite pour lâcher l’écluse du bas rein, c’est-à-dire pour se soulager.
Vendredi dernier, peu avant minuit, il se rend à pieds au Mont-Canigou (le restaurant), où le sympathique Armand et son épouse officient en salle et en terrasse, afin justement de, dirons-nous, “changer l’eau de son canari”, c’est-à-dire évacuer le superflu de la boisson. Comprendo ?
Pour cela, c’est le plus normalement du monde que Patrick D. s’installe dans les toilettes. Au moment d’en sortir, il s’aperçoit qu’il y est bel et bien enfermé et que ses nombreux efforts pour déverrouiller les lieux (de l’intérieur) vont s’avérer vains et infructueux. Patrick D. prend son mal à patience, mais il ne voit toujours pas comment s’en sortir. Les minutes s’écoulent : cinq, dix, quinze… Cela commence à faire un bail que les douze coups de minuit sont passés et notre artisan-coutelier, désarmé face à une telle situation, s’inquiète. Il a pris l’idée d’appeler à l’aide, de casser sa voix mais, manque de bol pour lui, c’est l’heure où Armand se transforme en talentueux musicien (c’est son dada), avec sa clique d’amis, et personne ne l’entend. Comme le restaurant s’est vidé (l’heure tourne) et que parmi les employés on ne l’a pas vu entrer dans les WC, Patrick D. s’apprête à passer une nuit très originale, si… Ouf !, il a l’idée d’utiliser son téléphone portable et, par chance en cette saison où tous les réseaux sont traditionnellement encombrés, saturés, voire inaccessibles, il arrive à joindre son voisin de stand, artisan comme lui, un autre Patrick D. (ça ne s’invente pas !, même prénom, même initiales…). Il l’informe rapidement de son infortune, tout en riant aux éclats, aux larmes, comme un bossu lui qui a déjà toujours le mot pour rire. C’est vrai que se retrouver enfermer dans les toilettes d’un restaurant, qui plus est quand celui-ci s’apprête à fermer ses portes pour la nuit, ce n’est pas là une situation banale…
Mais voilà, Patrick D., le coutelier, n’est pas pour autant sorti de l’auberge, et donc d’affaire ! En effet, le collègue contacté par téléphone, et qui s’apprête à lui porter secours, explique donc la situation à son épouse avant de quitter le stand… Mais voilà que celle-ci croit flairer la supercherie et interdit à son mari d’aller “en pèlerinage” au Mont-Canigou (toujours le fameux restaurant d’Armand) : “Tu me prends pour qui ? Tout ça c’est un prétexte pour aller boire un coup ! Je connais le drôle d’oiseau (on en revient au canari d’en haut…), il n’est pas plus enfermé dans les toilettes du Canigou que moi je suis la Reine d’Angleterre… Ca suffit maintenant, tu restes là et tu m’aides à plier boutique”.
Et voilà comment pendant un bon quart d’heure de plus Patrick D. va continuer de siffler derrière la porte des WC, espérant que quelqu’un va enfin l’attendre et se préoccuper de le libérer.
Malheureusement pour lui, il n’en sera rien.
Finalement, quelques minutes plus loin, et après une série d’autres coups de fil “collector”, Patrick D. est autorisé à aller délivrer Patrick D.
Cela ressemble à une histoire de fou(s), elle est pourtant vé-ri-di-que et elle s’est très bien terminée, comme il se doit… autour d’un bon apéro (le lendemain), au comptoir du Mont-Canigou (qui est de par ailleurs une excellente table).