Manuel Valls au magazine Valeurs Actuelles : “La lutte des classes disparaît au profit de la guerre entre races”

(Par Tugdual Denis et Geoffroy Lejeune – Publié le 17/06/2020 à 17:00)

(Manuel Valls @ValeursActuelles)

 

 

 

Retiré de la vie politique depuis deux ans, Manuel Valls sort de son silence pour dénoncer le péril islamo-gauchiste. Entretien événement avec la rédaction du magazine Valeurs Actuelles

 

 

-Valeurs actuelles. De quoi ce que l’on appelle l’affaire Traoré est-elle le symptôme ?
-Manuel Valls. “Une volonté de raviver les plaies, en permanence, dans notre pays. Nous y reviendrons… J’étais Premier ministre au moment des faits. La mort d’Adama Traoré est un drame. Mais au-delà de l’émotion légitime suscitée par le décès d’un frère, d’un fils, d’un jeune, il fallait pour nous, qui étions aux responsabilités, savoir garder raison et laisser la justice faire son travail. Or il est apparu très rapidement que cette affaire allait être instrumentalisée par la sœur d’Adama, Assa, et le collectif de soutien. Avec un message simple : les gendarmes étaient coupables et l’État complice”.
-Comment un Premier ministre peut-il éviter l’instrumentalisation ?
-Manuel Valls. “Il ne faut pas se laisser entraîner par l’émotion et la dérive politique. J’établis évidemment une distinction entre les organisateurs des manifestations du 2 ou du 13 juin et ceux qui s’y rendent en toute bonne foi, qui sont indignés par le racisme et veulent le dénoncer. C’est un mouvement planétaire qui est plutôt sain ! Mais les premiers veulent clairement établir un lien entre ce qui se passe aux États-Unis et la France. Les comparaisons avec le meurtre raciste et ignoble de George Floyd sont inacceptables car elles servent à accuser la France d’être raciste, à démontrer un supposé racisme d’État. À faire croire que les “minorités” sont opprimées et réprimées par une police raciste. C’est la première fois que l’on cherche à nous imposer, avec un tel écho, cette grille de lecture. Elle est dangereuse pour l’intégrité de la République et pour nos institutions démocratiques. Il faut savoir résister et s’opposer à ces mouvements”.
-Dans ces manifestations, la police se retrouve conspuée. Pourquoi ?
-Manuel Valls. “La police – comme la gendarmerie – est profondément républicaine. Comme dans toutes les institutions, certains ne respectent pas la loi, la déontologie et les règles. Nous avons aussi eu des cas de radicalisation islamiste… Il faut écarter ces “brebis galeuses”. Les policiers et les gendarmes sont particulièrement contrôlés. Les actes et les propos racistes sont poursuivis et punis. Les inspections générales des deux corps font un travail remarquable. Le code de déontologie des forces de l’ordre encadre les contrôles d’identité.
Les policiers et les gendarmes doivent recevoir du pouvoir exécutif le soutien le plus total.
J’avais engagé de nombreuses réformes dans ce domaine en 2013. On peut toujours faire mieux. Mais je refuse qu’une institution tout entière et si essentielle soit discréditée au motif de l’égarement de quelques-uns. Je sais quelles épreuves traversent les forces de l’ordre depuis des années : terrorisme, manifestations violentes, “gilets jaunes”, défi permanent à l’autorité, délinquance de plus en plus dure… On ne peut discuter de ces sujets sans avoir conscience de ce que nous devons aux policiers et aux gendarmes. Ils doivent recevoir du pouvoir exécutif le soutien le plus total, c’est ce que le président de la République a fait dimanche soir”.
-En 2011, vous avez écrit Sécurité, la gauche peut tout changer, aux éditions du Moment. Vous y choisissiez Clemenceau plutôt que Jaurès ; l’ordre, au-delà des luttes sociales. Quand Christophe Castaner déclare récemment, à propos des manifestations se prévalant d’antiracisme : « Je crois que l’émotion saine sur ces sujets dépasse les règles juridiques », n’assiste-t-on pas à une inversion des valeurs ?
-Manuel Valls. “Un ministre de l’Intérieur, j’en reste à Clemenceau, c’est le premier flic de France. Il doit, à l’image de Pierre Joxe, Nicolas Sarkozy, Bernard Cazeneuve, ou moi-même quand j’occupais la fonction, montrer qu’il protège les forces de l’ordre des mises en cause. Sans langue de bois, la tâche de Christophe Castaner est depuis sa prise de fonction très difficile. Le ministère de l’Intérieur, c’est le ministère de l’État, incarné par les préfets et les forces de l’ordre. Le respect de la loi est essentiel. On le vit presque physiquement quand on rentre Place Beauvau. C’est un ministère vertical, jupitérien dirait quelqu’un que nous connaissons bien… C’est celui de l’ordre républicain, sans lequel la liberté et la justice ne sont pas possibles. Le droit demeure donc au-dessus de l’émotion. Fût-elle légitime (…)”.

 

 

La Rédaction du magazine “Valeurs Actuelles”. La suite sur le site de Valeurs Actuelles