“Certes les auteurs, en littérature, ne se privent pas pour utiliser des métaphores ou autres moyens de comparaison pour rendre compte d’une situation. Mais entendre utiliser le mot « guerre » dans la bouche d’un président pour évoquer les protections que nous devons prendre face à un virus, ne me paraît pas être le meilleur choix lexical: le mot « guerre » fait appel aux instincts les plus barbares, les plus violents. Les images sont celles de la désolation et du désastre, celles de la mort. D’ailleurs n’est-il pas présomptueux de vouloir livrer bataille à notre mère nature ? La guerre dans ce cas est perdue d’avance.

Il eut été préférable d’utiliser les mots : lutte ou éradication, prévention extrême…
Certes un président va-t’en guerre a l’aura d’un leader à poigne, celle d’un homme fort dans l’imaginaire des citoyens, d’un rassembleur. Les sondages ont un temps connu une embellie, mais de courte durée.
Le président (qui n’est pas un vrai politique, mais d’abord un homme de la finance) a d’ailleurs manqué de poigne en prenant la consternante décision de maintenir le premier tour des élections municipales sous la pression du Président du Sénat. Il n’a pas su s’opposer et s’imposer.
Le leader, l’homme fort n’aura pas fait long feu !
Les finances : parlons-en. J’ai suivi très attentivement le dossier de l’hôpital et celui des revendications des soignants (en particulier d’excellentes émissions sur France Culture), je lis régulièrement Le Monde et Le Canard Enchaîné pour essayer d’avoir de bons repères et pouvoir argumenter.
Cet énorme malaise, cette souffrance que connaît le monde hospitalier ne datent pas d’hier. Depuis le mois de novembre 2019, des grèves impressionnantes se sont succédées, les désillusions ont été énormes à l’annonce des « mesurettes » prises par le gouvernement.
“Prendre aveuglement la défense du service public et de ses fonctionnaires est trop facile” me disait un ami récemment, renchérissant en disant encore que ce n’était pas une analyse sérieuse.
Mais non, ce n’est pas trop facile ! Depuis de longs mois on touche du doigt les grandes insuffisances de l’hôpital public et un lien est certainement à établir avec le manque de personnels et de moyens que l’on constate aujourd’hui dans cette crise, quoi qu’en dise cet ami.
Les situations extrêmes auxquelles nous assistons aujourd’hui dans l’hôpital public n’étaient-elles pas, en partie, prévisibles? Je ne suis pas le seul à penser que oui.
N’ont-elles pas été évoquées et mises en avant dès le début du mois de décembre par la précédente ministre de la santé Agnès Buzyn ?
Nous sommes aujourd’hui dans l’urgence.
Mais que fait-on de bon dans l’urgence ? N’est-il pas bien tard pour devenir rapidement efficace ?
Difficile pour moi, comme pour beaucoup d’autres, de faire confiance au gouvernement Macron qui colmate les brèches de toute part, cherchant à rassurer comme il le peut.
Il va s’en dire que nous restons totalement solidaire du personnel soignant au dévouement toujours héroïque face à ce désastre sanitaire.
Les malades : nous pensons tellement à eux aussi !
Après la crise, il faudra régler les comptes. La note qui sera présentée sera très lourde”.

Pierre LEBERGER
conseiller municipal à Port-Vendres