La cave coopérative de Brouilla

 

Ce n’est plus un secret :

Un projet d’urbanisation au N° 10 de la rue Clemenceau dans le village de Brouilla verra le jour dans quelques mois après démolition d’un bâtiment qui aurait dû connaître une destinée digne de sa longue histoire, de son riche et prestigieux passé. Ce bâtiment, c’est une ancienne cave (photo ci-dessus) qui agonisera dans peu de temps sous les coups de boutoirs des pelles mécaniques et des marteaux piqueurs.
A sa place seront construits 9 appartements en habitats sociaux et dix-huit garages : un véritable gâchis !
Surface du terrain : 538 m², surface du plancher 818 m², hauteur : 10,43 mètres… la tour Montparnasse du village de Brouilla !
Comment pouvez-vous prendre une telle décision monsieur le maire, mesdames et messieurs les élus ? Permettez-moi de la qualifier d’affligeante et de bien médiocre.
Ce bâtiment méritait une reconversion bien plus intelligente, bien plus réfléchie ; un projet original, un projet subtil, demandant du courage et de l’ambition, des sacrifices financiers, un projet garant de la protection et de la survivance d’une mémoire villageoise qui plonge ses racines dans les plus belles pages de son histoire, celles du travail des hommes et de leur sueur sur leur terre natale.
Mais non, vous balayez toutes ces belles idées (…) d’un seul revers de main !

On doit s’interroger, dans cette situation, sur le rôle des architectes des bâtiments de France sensés être les garants d’un équilibre et d’une unité architecturale.
Que disent les textes ?
-« …les architectes des bâtiments de France conseillent et promeuvent une architecture et une urbanisation de qualité en tenant compte du contexte dans lequel les constructions doivent s’intégrer harmonieusement…
…Ils délivrent des avis sur les demandes d’autorisation d’occupation du sol, permis de construire, d’aménager, de démolir, sur les déclarations de travaux ayant pour effet de modifier les espaces protégés, bâtis et naturels… »

Comment comprendre, à la lecture de ce texte, que cette ancienne cave puisse être démolie pour construire, de façon violente et anachronique, des logements et des garages neufs dans un environnement de maisons anciennes et de caractère ?

Vive la cacophonie architecturale ! Vive le « grand n’importe quoi » !

Le service d’urbanisme de la mairie de Brouilla avance comme argument majeur :
« …Ces travaux auront lieu à une distance suffisante de l’église classée monument historique… »

Pour finir, il est intéressant de savoir que les architectes des bâtiments de France, quand ils sont tenus d’intervenir, décident seuls le plus souvent, les décisions ne sont pas collégiales. C’est une porte ouverte à beaucoup d’abus et de laisser-aller.
Ces situations paraissent d’un autre âge. Elles peuvent prendre dans nos institutions démocratiques, des formes inquisitrices, perverses, voire malhonnêtes.

Bravo à vous tous !

Pierre Leberger
ex conseiller municipal d’opposition sur la commune de Port-Vendres