Pourquoi le deuxième tour des municipales ne pourrait-il pas avoir lieu fin juin ?

 

Sans attendre l’avis du comité scientifique prévu le 23 mai, suivi de l’annonce par le gouvernement et alors même que la date officielle demeure le 21 juin, les spéculations vont bon train sur le report du deuxième tour des élections municipales à fin septembre avec annulation des premiers tours là où l’élection n’a pas été acquise.

Certes, on pourrait se dire que cela ne concerne uniquement 5 000 communes sur un peu plus de 35 000, mais cela touche quand même plus de 75% de la population (Paris, Lyon, Marseille, Bordeaux, Nice, Toulouse, Le Havre, Montpellier, Nîmes, Perpignan…).

 

 

Encore une fois on dénigre la politique !

 

D’autres que les maires déjà élus, ceux qui sont à l’aise ou ceux qui sont en grande difficulté espérant se refaire la cerise à la faveur de la crise sanitaire, peuvent donner leur avis sur le sujet.

L’argument selon lequel tout serait plus important qu’élire son conseil municipal participe du dénigrement ambiant de la politique et favorise l’autocratie. Attention car ce genre de raisonnements, nous savons où ça commence mais pas où ça finit ! En définitive en temps de crise, il suffirait d’un Président de la république, d’un préfet, d’un président de région, d’un président de département, d’un maire et de tout sacrifier à l’unité pour que tout aille bien ! Après tout pourquoi voter ?

Si ce système fonctionnait ça se saurait et on s’en serait aperçu depuis que le COVID-19 s’est échappé de Chine pour envahir le monde. Pourtant les initiatives venues du peuple, des associations et des collectivités territoriales sont apparues comme plus efficaces que celles de l’État et des entités nationales. Au demeurant, on ne peut pas dire non plus que tous les conseils municipaux gèrent la situation avec la même efficacité et la même lucidité, donc par les temps qui courent qu’un changement d’équipe municipale n’aurait aucun effet sur la vie des gens.

 

 

Si on peut aller au travail, à l’école, au supermarché, alors on peut voter !

 

Il est semble-t-il aujourd’hui de bon ton de jouer les Tartuffes, en disant « cacher cette élection que je ne saurais voir ». Personnellement je le dis et je l’assume : seul le risque sanitaire ou la menace d’une deuxième vague de la pandémie pourraient justifier le report au-delà du 21 juin du deuxième tour des municipales.
Car si l’on considère qu’à partir du 11 mai il n’y a pas de danger pour aller à l’école, au travail, au supermarché, dans les commerces et à partir du 15 juin dans les bars, les restaurants, les campings, à la plage, pourquoi il y en aurait dans les bureaux de vote le 21 juin (voire le 28 juin, si on veut gagner encore une semaine) où à priori, on est bien encadré, protégé, où tout est prévu pour les gestes barrières et la distanciation physique.
Au reste, voter en juin créerait moins de problèmes constitutionnels. Les votes de tous les électeurs de France seraient pris en compte quel que soient les résultats du premier tour dans leur commune. Le propre d’une constitution est de ne pas faire de différenciation entre citoyens, entre élus, etc.

Accepter les résultats dans les communes où le premier tour est acquis et annuler les autres créerait de fait deux types d’électeurs et deux types d’élus. C’est inacceptable. Et si on considère que le virus a faussé le premier tour, alors il a faussé tous les premiers tours et il convient de tous les annuler.

 

 

Nicolas Garcia*

 

*Vice-président du Département, responsable du PCF’66, arrivé largement en tête lors du 1er tour des élections municipales dans sa commune d’Elne, Nicolas Garcia précise qu’il s’exprime là à titre personnel.