Beaucoup de choses ont été dites sur le nom de ce qui est devenu notre région. La plupart du temps, ce sont des analyses de responsables d’associations, de partis politiques, de gestionnaires, qui ont voulu susciter des réflexions. Pas d’oppositions sur le fond. Un consensus le plus large se dégage pour dire : « Nous voulons que notre identité vive, nous voulons être le plus efficace possible pour le développement futur ». Finalement, chaque proposition pourrait emporter l’adhésion de chacun d’entre nous.

La question est donc posée : le nom de notre nouvelle entité régionale, va-t-il suffire à endiguer la crise économique que nous vivons dans notre département.

Qu’en disent les citoyens ?

À notre avis, pas grand chose. S’il en était autrement, cela se saurait. Sur la place de nos villages, à l’heure du café noir sur le bord du zinc, aucune réaction si ce n’est une sorte de rictus agacé naissant sur les lèvres de nos interlocuteurs.
Bizarre ! Les problèmes de nos concitoyens se situeraient-ils ailleurs ? D’autre part, nous comprenons parfaitement que certains portent le fer pour ce qui serait la reconnaissance d’une identité. Voilà donc, ce que nous inspirent ces considérations inexprimées venant des citoyens.

L’existence d’un pays, d’une région

À notre avis, un nom, n’entre que dans une infime partie dans l’existence, dans la reconnaissance d’un pays, d’une région. Plus loin encore, dans la vie d’un individu, mais cela est un autre problème.
Il nous semble que ce qui fait la notoriété d’un pays, le fait qu’il existe, ce sont ses productions. Pour nous, pour notre terre catalane, ce sont nos carrières, notre maraîchage, nos fruits, notre vignoble avec ses vins. Notre spécificité dans ce domaine avec nos VDN (vins doux naturels). Ce sont ses aires de tourisme (montagne, mer, arrière pays) pour lesquelles un véritable déploiement de forces est nécessaire pour engager les investissements correspondants afin de créer des emplois stables, à plein temps, pour notre jeunesse, pour les populations directement concernées.
Ce qui fait la valeur reconnue d’une région, c’est son patrimoine culturel, architectural. Ce sont ses artistes, ses créateurs de toute sorte. Notre département est riche de tout cela. En ce sens, il mérite d’être reconnu à tous moment dans la vie de notre région, de notre Nation. Ceci d’autant plus, qu’il est démontré depuis longtemps, qu’une culture s’enrichit au contact d’une autre culture. En cela, nous pouvons affirmer que la culture catalane existe, qu’elle porte la possibilité pour les autres, de s’enrichir à son contact. Porter ses valeurs, n’est ce pas aller dans le bon sens pour sortir notre département de l’ornière du sous-emploi, de “la mal vie”, de l’incertitude du lendemain ?

Nous pouvons réfléchir au meilleur nom possible, si ces richesses disparaissent, l’identité de notre pays sera engloutie.

Les femmes, les hommes indispensables pour avancer

Immanquablement, des femmes, des hommes seront aux premières loges pour construire. Comment les choisir ? Sur quels critères, sans déléguer notre pouvoir de citoyen ? Ne faut-il pas que ces femmes, ses hommes soient partie intégrante de ceux qui produisent les richesses ? Qui prouveront par leur engagement, qu’ils sont les mieux aptes à nous représenter, car ils auront « mouillé la chemise » pour faire avancer nos espérances communes ?

L’identité : celle d’un territoire ou de ses habitants ?

Nous pensons, que l’identité, c’est avant tout celle des habitants. La nôtre, c’est d’être Français et Catalans. Notre capitale sera toujours Paris. Alors pourquoi pas la double nationalité ?
Nos ascendants les plus proches, se sont battus pour la France. Sont morts pour elle. Ne serait-ce pas leur faire injure, rayer d’un trait de plume le sacrifice de leur vie en pensant autrement ?
Par contre, parce qu’ils sont morts pour la France, ne sommes-nous pas en droit, en leur nom, de revendiquer cette double nationalité ?
Ce serait, en effet, rendre hommage à ces Catalans, de la manière la plus digne pour un grand pays. Celui des droits de l’homme et du citoyen.
Jean Jaurès disait : « Un peu d’internationalisme éloigne de la patrie, beaucoup y ramène ». Ne serait-ce pas la bonne manière d’aller dans le sens du grand pacifiste qu’il était, que d’apprendre à allier toutes ces analyses, d’avancer avec toutes ces contradictions ?

J. J.