En lisant la lettre d’adieu du résistant Henri Fertet, fusillé par les Allemands le 25 septembre 1943, à l’occasion de la cérémonie du 75e anniversaire du Débarquement des Alliés en Normandie, le président Emmanuel Macron avait supprimé d’un trait de plume la phrase « Dites-leur ma confiance en la France éternelle ».

Dans la mythologie grecque, les âmes justes avant de sortir du royaume d’Hadès, devaient perdre le souvenir de leur vie antérieure. Elles buvaient ainsi les eaux du Léthé qui provoquaient l’oubli.

Que dire du Président Macron sur un tel oubli ? Lui qui fut dans sa jeunesse l’assistant du philosophe Paul Ricœur dans les dernières années de sa vie. Sur les références historiques oubliées, ce philosophe émérite disait : « Je reste troublé par l’inquiétant spectacle que donnent le trop de mémoire ici, le trop d’oubli ailleurs, pour ne rien dire des commémorations et des abus de mémoire – et d’oubli. L’idée d’un temps politique de la juste mémoire est à cet égard un de mes thèmes civiques avoués. »

Par ailleurs, lors de la cérémonie du 75e anniversaire du Débarquement des Alliés en Normandie, il est navrant de constater que le Président Macron n’avait pas invité Vladimir Poutine, président de la Russie, pays sans lequel rien n’aurait été possible pour se libérer en 1945 de l’emprise germanique. On pareille circonstance, on ne peut pas invoquer un oubli de la part des autorités françaises…

Maria Zakharova, directrice de l’information et de la presse du ministère des Affaires étrangères de Russie, avait vivement réagi suite à la non-invitation de Vladimir Poutine en dénonçant une « réécriture catastrophique de l’Histoire ».

Bruno Le Maire, ministre de l’Économie, vient de dénoncer récemment certains propos d’Éric Zemmour qu’il considère comme “outranciers” et “révisionnistes”. Décidément, Bruno Le Maire n’a pas une bonne vision de l’Histoire de la France. En effet, Charles de Gaulle et Éric Zemmour ont en commun le même amour pour la France. Car au-delà de deux générations distinctes, ces deux écrivains considèrent le roman national comme indissociable.

En 2017, Bruno le Maire a préféré délaisser sa famille politique pour rejoindre Emmanuel Macron et Daniel Cohn-Bendit, surnommé “Dany le rouge” par les médias lors des événements dits de Mai-68. Ensemble, ils peuvent agir de concert vers un même but, en sautant sur leur chaise comme des cabris en disant : « l’Europe ! L’Europe ! L’Europe !… ».

Alors même que le prix de l’électricité française va flamber après le premier trimestre 2022 du simple fait que la France n’est plus souveraine dans la fixation des tarifs de l’électricité, inéluctablement, un sérieux coup en provenance de l’Union européenne sera porté sur le pouvoir d’achat des ménages et la compétitivité des entreprises françaises.

Le pourfendeur des commerces non essentiels pendant la crise du COVID-19, Bruno Le Maire souhaite demander une réforme du marché européen de l’énergie. Voilà donc deux sortes de « vérité » qui poussent le ministre de l’Economie à s’engager dans une voie révisionniste auprès de la Commission de Bruxelles… C’est vraiment ubuesque !

À entendre Bruno le Maire, la France a bien géré la pandémie… En réalité, la France se classe 26e sur 38 pays, selon le Conseil d’analyse économique (C.A.E.) qui vient d’évaluer la gestion de la crise en 2020 par chaque pays, en centralisant les données économiques et sanitaires. Et le résultat est catastrophique pour la France qui se classe 26e sur les 38 pays analysés.

De cette étude, l’Irlande, la Corée du Sud et l’Australie arrivent en tête, suivis par la Norvège.

Il n’y a rien d’aussi tragique que de voir Bruno Le Maire s’engager dans des controverses politiciennes. Il devrait plutôt se soucier du bien-être de ses concitoyens.

Henri Ramoneda