Éric Zemmour : « Moi, mes souliers… »

 

 

Dernièrement, le CRIF (Conseil Représentatif des Institutions Juives de France) vient de recommander aux Français de confession juive de ne pas soutenir et encore moins de voter Zemmour.
De ce pas, lors d’une récente déclaration publique, Haïm Korsia, grand rabbin de France, n’a pas hésité un seul instant pour affirmer qu’Éric Zemmour est « antisémite certainement, et raciste évidemment ».
En aucune manière, ces élites ne sont pas représentatives de l’ensemble des Français de confession juive. De plus, elles ne sont pas habilitées à délivrer des certificats de bonne conduite et encore moins un permis à points !
Et ce d’autant que, les juifs berbères sont reconnus dans le Maghreb, situé à la croisée des chemins des civilisations méditerranéennes, du monde arabe et africain, comme une population respectueuse du droit à la différence depuis plus d’un millénaire.
On se réfère souvent à l’appellation « ashkénaze » afférente aux juifs de l’Europe occidentale, centrale et orientale par opposition à ceux qui sont originaires d’Espagne et sont dits « séfarades ».
Au gré des nombreuses expulsions et persécutions parmi les nations, les Ashkénazes se déplacèrent suivant des périodes différentes vers la Pologne, l’Allemagne, la Russie. Cependant, l’histoire médiévale nous enseigne que les Séfarades s’installèrent vers les pays d’Afrique du Nord dès le XIIIe siècle.
Après les colonisations grecque et romaine et la chute de Jérusalem, certaines familles juives, ayant subsisté surtout dans les contrées de Nazareth, d’Ashkelon et de Yavné [1], migrèrent vers le Maghreb. Or, en réalité, ces familles pauvres et laborieuses, pour la plupart pastorales et artisanales, fondèrent le Judaïsme berbère.
Les Berbères, dits les « hommes libres », sont les plus anciens habitants de l’Afrique du Nord. Dès le VIIIe siècle, les différentes populations berbères furent confrontées à l’invasion des conquérants musulmans venus de l’Arabie. Les Arabes combattirent les tribus berbères, les juifs berbères et les tribus berbères judaïsées.
De nos jours, l’un des plus anciens rites de la culture berbère est interdit par l’Islam. Les vieilles femmes berbères conservent encore les anciens et magnifiques tatouages qui sont décoratifs et symboliques. En d’autres termes, ces vieilles femmes tatouées sont esseulées, voire méprisées, parce qu’elles contreviennent aux lois islamiques.

Depuis l’Antiquité et dans plusieurs continents, le tatouage représente une expression figurative et artistique, ainsi qu’une tradition anthropologique, culturelle et identitaire. Faut-il condamner au nom des lois islamiques les Chinois, les Japonais, les Indiens, les Africains, les Tahitiens, les Hawaïens… qui s’injectent de l’encre dans la peau ?
Éric Zemmour, magnifique descendant des contrées berbères du Maghreb, aux confins de l’Atlas, entre ciel et mer, et en deçà des colonnes d’Hercule, est de surcroît le petit-fils d’un cordonnier. Certes, ses souliers [2] ont beaucoup voyagé. Ses souliers ferrés ont traversé le monde et sa misère. Autant lui faire confiance pour être bien chaussé aux prémices de l’hiver qui s’annonce à grands pas.

 

 

Henri Ramoneda

 

 

[1] Sous l’Empire romain, le vin de Yavné « vin de Gaza et d’Ashkelon » était commercialisé dans le bassin méditerranéen.
[2] Paroles de la chanson de Félix Leclerc (auteur compositeur québécois).