“Éloge de la « droitisation » ou la renaissance de la droite.

 

Depuis plusieurs semaines, la droite républicaine est culpabilisée de se droitiser ou de prendre les thèmes et idées du Rassemblement National (ex-FN). Mais cela est-il aussi simpliste que ça ?
Étonnamment, je reconnais à mon parti sa capacité à se remettre en question. Les bonnes intentions ne sont pas toujours suivies. Il est certain que nous avons raté, par conservatisme, certains débats de société et que nous n’avons pas su renouveler les visages de la droite aux élections. Un échec cuisant est venu nous démontrer qu’il était temps de changer et de se transformer. Pourtant, il y avait des signes précurseurs lors des échéances passées au cours des cinq dernières années. Même si l’on ne peut pas omettre les conditions de la campagne présidentielle de 2017.
Attention, il ne s’agira pas de « virer les vieux » mais plutôt de savoir transformer notre approche de la politique pour la rendre moins carriériste et de savoir accorder une place plus importante au renouvellement à chaque élection. A mon sens, la présentation ad vitam aeternam des mêmes visages aux élections appartient au passé. En tout cas, si nous n’en prenons pas conscience, ce sont les électeurs qui le feront à nouveau pour nous lors des prochaines échéances.
Les électeurs ne sont pas à l’abri des arnaques de nouveaux partis sortis de nulle part et qui présentent des candidats issus des partis historiques aux carrières longues et zigzagant entre les partis au gré du vent. Le parti d’Emmanuel Macron n’échappe à cette règle au niveau local et au niveau national.
Pourtant, doit-on considérer que l’électeur n’a rien compris ?
Je ne le crois pas, je dirai que nous n’avons pas su répondre à cette envie de renouveler, de voir d’autres porter un autre message.
Sur le plan idéologique, la droite républicaine doit évoluer. Je pense, qu’avec Laurent Wauquiez, elle est en train de le faire. Nos militants appellent depuis de nombreuses années la droite à s’assumer. Un concept théorisé par Jean-François Copé sous le titre de « la droite décomplexée ».
Depuis 2002, plusieurs droites cohabitent au sein de l’UMP puis dans Les Républicains. Entre les centristes et la droite, le parcours n’a pas toujours été très clair et les victoires politiques sur des thèmes de droite ont dû s’effacer au profit des idées du centre lorsque mes aînés étaient aux affaires.
La transformation idéologique du parti « Les Républicains » s’est imposée depuis une dizaine d’années et elle s’est considérablement facilitée avec la défaite de 2017. En effet, des leaders centristes sont partis rejoindre le mirage En Marche créant même un groupe dissident à l’Assemblée Nationale et vantant l’action du gouvernement. A noter, que leur visibilité est restreinte puisque lors du vote de la motion de censure il n’y a pas eu d’écho dans la presse des explications de vote de ce groupe.
Mais en réalité ces départs ont permis à la droite de s’affirmer comme elle l’est. Elle présente ses idées et ses valeurs sans s’accorder sur l’acceptabilité par nos partenaires ou par l’opinion. Un changement de logiciel nécessaire pour être constant et faciliter la communication de notre message auprès des électeurs.
La « droitisation » est-elle outrancière ou dangereuse ? Certainement pas ! Nous retrouvons alors le chemin du RPR dont le discours de droite était parfaitement assumé et partagé par l’opinion. Pour ma part, c’est un bon cap pris par la direction nationale. Je suis un homme de droite et non du centre. Je reste persuadé que les convictions assumées sont mieux reconnues que l’opportunisme temporaire d’une idée.
Cela n’empêche aucunement d’être ouvert, tolérant, respectueux des autres formations et des personnes qui s’engagent pour défendre leurs idées.
Cette droitisation va créer des points de convergence avec le Rassemblement National qui lui fait le chemin inverse en se rapprochant de la droite traditionnelle dans ses idées. Du coup entre une « droitisation » et un cap « centriste », nos deux formations porteront forcément certains sujets avec une approche similaire d’un problème. Reste que les solutions ne seront pas forcément les mêmes ou que la façon de les mettre en place différeront. Après tout, si l’on se transforme on ne peut pas empêcher d’autres mouvements politique de le faire.
La « droitisation » est dénoncée par certains à gauche et au centre. La comparaison LR et RN est portée comme un étendard par les apôtres de la pensée unique prétextant que penser différemment n’est pas concevable dans une société moderne. C’est à mon sens le révélateur que la droite républicaine peut renouer avec le succès politique. La différenciation entre la droite, le centre et la gauche sera plus forte et le message politique sera donc plus clair. Cela n’isolera pas pourtant la droite traditionnelle d’autres formations politique. Je pense au contraire qu’elle peut créer des rapprochements sans qu’une formation politique ne soit oppressée par l’autre. Mais les bases seront plus claires et plus saines.
Pour toutes ces raisons, la « droitisation » de mon parti est une bonne chose car il retrouve sa place idéologique qu’il n’aurait jamais dû quitter.

 

François LIETTA, président de la fédération départementale du parti Les Républicains des Pyrénées-Orientales (LR’66).