9 juin 2020 | Par Nicolas Duvoux, professeur de sociologie à l’Université Paris 8, membre du Conseil National de Lutte contre les Exclusions et du Comité d’évaluation de la Stratégie de prévention et de lutte contre la pauvreté à France Stratégie, et conseiller scientifique au ministère de la Santé et des Solidarités (DREES-ONPES). Il s’exprime ici à titre personnel.
Avant la crise du COVID, les principales mesures sociales du quinquennat avaient été marquées par leur caractère disparate et contradictoire. Le refus de revaloriser les prestations monétaires pour les populations qui ne travaillent pas constitue la seule ligne directrice identifiable. Ce refus ne fait pas une politique, encore moins dessine-t-il un horizon mobilisateur.

La crise actuelle l’a rendu obsolète. Cependant, si le gouvernement s’est finalement résolu à recourir à des aides pour celles et ceux qui ne sont pas en emploi, c’est sous le régime de l’exception. Les aides pour les ménages et les jeunes colmatent les brèches les plus apparentes mais ne sont pas à la hauteur des enjeux, à la fois par leur volume mais peut-être surtout par leur absence d’intégration dans une réflexion d’ensemble sur l’architecture des minima sociaux et de la protection sociale.

La présente note de Nicolas Duvoux, sociologue et spécialiste des politiques publiques de solidarité, pour Terra Nova, qui s’exprime ici à titre personnel, indique un ensemble d’orientations possibles pour mobiliser le système de solidarité et l’adapter face à la crise.
Après une brève contextualisation, elle repose sur trois axes : la revalorisation, l’extension et l’automatisation du versement du RSA ; l’adoption d’une « règle d’or », principe d’action publique général fixant comme objectif de ne pas contribuer à l’augmentation des effectifs de cette prestation pour éviter de rééditer le précédent de la crise de 2008-2009 et la question de l’accompagnement social.