Les conflits d’intérêts, nouvelle frontière de la démocratie

Par Joël Moret-Bailly, Hélène Ruiz Fabri, Laurence Scialom

La défiance populaire à l’égard des élites n’a cessé de croître ces dernières années. Elle trouve l’une de ses sources dans les conflits d’intérêts. Si notre démocratie veut renouer avec la confiance, elle doit impérativement s’imposer de nouvelles exigences et de nouvelles règles.
C’est dans cet esprit qu’a été conduit ce travail sur les conflits d’intérêts. Les réponses à y apporter doivent être d’autant plus fortes que les individus concernés sont en position de responsabilité à l’égard de la collectivité. Terra Nova propose un tour d’horizon complet de ces enjeux dans le monde politique, le secteur bancaire et celui de la santé, avec des propositions de nature à accroître sensiblement le niveau d’exigence éthique de notre vie collective.
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Synthèse
Ce rapport est issu d’un travail entamé en 2014 et part d’un constat simple. La défiance populaire à l’égard des élites est aujourd’hui très vive et nourrit les discours et les votes populistes. Cette défiance, qui a des effets délétères sur notre démocratie, est alimenté par des dysfonctionnements réels qu’il convient de ne pas nier. Un traitement inadéquat de la question des conflits d’intérêts est l’une des racines profondes de cette défiance – d’où le titre du présent rapport.Les conflits d’intérêts peuvent être sommairement définis comme des situations dans lesquelles une personne chargée de défendre un intérêt (intérêt particulier ou intérêt général) est en situation, ou peut-être soupçonnée d’être en situation, d’abuser de sa position afin de défendre un autre intérêt.

Les conflits d’intérêts sont inhérents à la vie en société : ils existent dans tous les champs économiques et sociaux et à tous les niveaux hiérarchiques. Dans ce rapport, nous nous intéressons singulièrement à ceux qui affaiblissent notre démocratie et la confiance dans nos institutions. Notre fil d’Ariane est que les réponses à apporter doivent être d’autant plus exigeantes que les individus sont en position de responsabilité à l’égard de la collectivité et que les « coûts » sociaux des conflits d’intérêts non traités sont lourds, notamment en termes notamment de délégimisation des institutions démocratiques. Nos propositions visent à apporter notre pierre à la refondation de la vie démocratique.

Nous développons nos analyses dans trois champs qui ont été choisis du fait de leur importance symbolique, économique et/ou de leur incidence sur la vie des citoyens. Il s’agit de la vie publique au sens large, de la banque et de la santé. Ces secteurs sont structurellement générateurs de conflits d’intérêts, situation renforcée par le fait que les acteurs décisionnaires y ont souvent des trajectoires professionnelles qui s’inscrivent synchroniquement ou diachroniquement à la fois dans les sphères publique et privée. Cette approche structurelle des conflits d’intérêts ne nie pas la complexité des situations, ni l’imbrication nécessaire des champs public et privé, et les solutions que nous préconisons ne sont donc pas duales, ou manichéennes. Nous envisageons au contraire une gradation qui va de l’incompatibilité – ou interdiction pure et simple – d’une double position potentiellement conflictuelle, conduisant alors à l’élimination du conflit d’intérêts, à des dispositifs de régulation beaucoup plus fins. La modulation de nos propositions prend comme critère la gravité du risque à conjurer. C’est ce qu’illustre la synthèse de nos propositions dans les pages suivantes.

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