Jacques CRESTA (PS), député de la 1ère circonscription des P-O, en qualité de vice-président de la Région était présent ce samedi matin au Mémorial du Camp de Rivesaltes, situé sur me territoire de la commune de salses-le-Château (avenue Christian Bourquin plus précisément)aux côtés d’Hermeline MALHERBE, sénatrice des P-O et présidente du Conseil Départemental, afin d’accueillir les partenaires qui ont participé et accompagné à la réalisation de ce projet.

A l’occasion d’une visite guidée et commentée par le Président du Conseil Scientifique Denis PESCHANSKI et l’historien Fabrice THOMAS, Jacques CRESTA aura pu revenir devant les divers partenaires venus du monde entier – d’Israël, d’Espagne, des Etats-Unis d’Amérique – mais également des mémoriaux et autres institutions présents en France, comme le Mémorial de la Shoah, Mémorial du Camp des Milles, la Cité Nationale de l’Histoire de l’Immigration… sur les conditions de réalisation de ce mémorial qui aura durée plus de dix-sept ans.
Retrouvez ci-dessous son intervention.

“Il aura fallu dix-sept ans pour que le projet porté par une poignée d’associations, par des intellectuels se concrétise grâce à la volonté de Christian BOURQUIN. Il s’est battu en tant que Président du département puis Président de la Région pour faire avancer ce projet, pour le faire financer  et pour qu’il ouvre ses portes à un public le plus large possible. Entre 1941 et 1964 quelque 600 000 personnes ont été internées dans ce camp, qui concentre toutes les horreurs du XXème siècle français. Espagnols fuyant Franco, Juifs et Tsiganes enfermés par Vichy, Harkis fuyant l’Algérie après 1962… Tous sont passés par ces baraques brûlées par le soleil catalan l’été, battues et transies de froid par la tramontane le reste de l’année. Car sur cette plaine, au-dessus de nos têtes, quand il fait chaud, ici, il fait encore plus chaud, et quand il fait froid, ici, il fait encore plus froid.

Dans le Drancy de la zone Sud, comme le qualifiera Serge KLARSFELD, 2300 juifs en sont partis pour les camps d’extermination et des centaines de personnes y sont mortes de malnutrition, de froid et de dénuement, dont une très grande majorité de femmes et d’enfants. Ici à la différence des 200 autres camps d’internement français l’histoire se voit, se sent et se ressent. Sur ce polygone de 612 hectares, 4 kilomètres de long sur 2 de large, où les gens étaient contraint à marcher pour un morceau de pain ou un verre d’eau, ici les baraques en ruine s’étalent à perte de vue.

Le dossier du mémorial sera le premier dossier auquel s’attèlera le tout nouveau président socialiste du Conseil Général des Pyrénées-Orientales, Christian BOURQUIN, élu en 1998. Il se rapprochera de Denis PESCHANSKI, dont il a repéré la thèse « La France des camps d’internement » afin de mener ensemble ce projet. Mais la tâche est ardue car il faut rapidement acheter les terrains dont l’armée souhaite se débarrasser. Le Conseil Général achètera les 42 hectares de l’ancien îlot F du camp, mais cela n’est pas suffisant pour mener à bien le projet. Mais la droite gouvernementale, comme régionale, refusera d’apporter un quelconque soutien financier car elle ambitionne de récupérer le département à la gauche. Mais les élections de Georges FRECHE puis de Christian BOURQUIN à la tête de l’institution régionale ainsi que celle de François Hollande en 2012 débloquent le dossier.

Après un appel d’offre Rudy RICCIOTTI est retenu pour ériger ce Mémorial. Son projet est admirable de sobriété autant que de puissance. Son architecture qui est à la fois enfoui et surgi de terre amène par sa force et son monolithe à la contemplation et au recueillement. La muséographie est à la hauteur du projet et permet de laisser la place à des expositions permanentes rappelant la vie du camp tout en dressant le constat que le XXème siècle fut celui de l’internement et des déplacements forcés de population. Mais la force et l’exemplarité de cette muséographie repose sur le refus d’opposer les mémoires des différentes populations internées tout en rendant un vibrant hommage à ces femmes et ces hommes qui par le biais de leurs organisations que l’on n’appelait pas encore humanitaire ont œuvré à apporter de l’aide à ces réfugiés et pour certains à les sauver de la barbarie. Je pense particulièrement à l’action de Friedel BOHNNY REITER et de son mari qui nous ont permis d’avoir les seuls clichés photographiques découverts à ce jour sur l’envoi des juifs en direction des camps d’extermination.

Aujourd’hui en hommage à ces 600 000 personnes qui sont passées par ce camp il nous reste une extraordinaire mission à remplir : faire vivre le mémorial. Mais je sais pouvoir compter sur vous partenaires indéfectibles de cette œuvre, celle de l’équipe qui anime le mémorial et de sa directrice Agnès SAJALOLI ainsi que de Denis PESCHANSKI pour permettre à ces hommes, à ces femmes et à ces enfants de continuer à porter un message et à transmettre leur histoire à un territoire, à une région, à une nation et au monde, celle du XXème siècle.

Histoire qui bégaye et fait écho aujourd’hui avec les questions autour de l’accueil des réfugiés.

Je tiens à remercier en conclusion toutes celles et tous ceux qui ont cru à ce projet et se sont investis de toutes les forces pour que celui-ci voit le jour ; je pense tout particulièrement à Philippe BENGUIGUI, Amar MENIKER, Jojo SOLES et les représentants des Fils et Filles des Réfugiés Républicains Espagnols”.