10h, ce dimanche 26 janvier 2020, traversée de la commune de Marquixanes… la RN-116 est vide de toute circulation, un dimanche d’hiver, alors que les pistes des stations de ski inaccessibles sont superbement enneigées
Dès l’époque Romaine, même si elle ne fut pas baptisée du nom d’un Empereur Romain, la voie reliant Elne à la Seu de Urgell, via El Puig Cerdà, était utilisée pour relier la mer au grand plateau Cerdan, non encore divisé. Elle portera rapidement le nom de Via Confluentana ou, parfois, Via de la Muntanya.

Cette route cheminait non pas là ou on la connait maintenant, en plaine par Perpignan en bord de rivière mais plus par Corbère, Bouleternère, Rigarda, Joch, Finestret, pour traverser la rivière La Lentilla avant Espira de Conflent et rejoindre la petite plaine avant d’arriver à l’incontournable goulet de Marquixanes.

 

Cette voie était un axe de communication important, tant sur le plan économique que militaire

 

En un temps, rois obligent, elle portera le nom révélateur de « Cami Réal », en mémoire des Rois ou Seigneurs qui l’empruntèrent.
Plus récemment dans notre histoire cette voie partie de Perpignan chemina, dans le bassin fluvial de la Têt. Dans les années quatre vingt et quatre vingt elle fur mise pour augmenter sa fluidité aux proches abords de ce fleuve.
Dès le 19e siècle elle fut intégrée au patrimoine national sous le nom technico administratif de Route Nationale, numérotée 116 dans la liste d’importance des routes nationales.
Depuis, certaines routes du même patrimoine furent mises sous la propriété des départements. C’est le cas de la RN 9 qui de Salses-le-Château arrive à la frontière de Cerbère. Cette route est maintenant à la charge complète du Conseil Départemental des P-O.
Mais en ce qui concerne la RN-116, Christian BOURQUIN* refusa d’intégrer avec raisons, cette route dans le patrimoine géré par le Conseil Départemental.
A une question posée, il répondit clairement avec la pertinence qui était sa nature « maintenant qu’ils ont fait des travaux faciles et peu couteux en zone plaine ils voudraient la mettre sous notre responsabilité pour que ce soit nous qui ayons la charge financière des travaux lourds pour la consolidation de cette route en zone de montagne ». Son refus fut catégorique et définitif.

 

Que se passe t-il aujourd’hui ?

 

Certes des améliorations par les services de l’Etat furent réalisées en certains endroits de la route.

Désenclavement de Serdinya–Joncet, en prenant les fonds sur la réserve de la future RN-116 à deux fois deux voies d’Ille-sur-Têt à Prades ! Cela sous la présidence du Président François HOLLANDE. La DUP obtenue par le député d’abord, sénateur ensuite, François CALVET**, fut balayée d’un revers de maroquin par les socialistes.

Arriva l’alternance et Emmanuel MACRON. Peu enclins à dénoncer la vision étriquée des gestionnaires socialistes, les technocrates de la DIRSO, en charge du dossier, les mêmes que sous HOLLANDE, convertirent les nouveaux arrivants à la gestion de la France, que leurs décisions antérieures ne pouvaient et ne devaient s’inverser.
Ainsi le projet ayant obtenu une rare DUP (Déclaration d’Utilité Publique) fut maudit, voire économiquement pestiféré. Dont acte ! L’heure n’est pas à la polémique sur ce sujet. Seul l’avenir ou une future alternance nous préciseront le vrai du faux.
Mais aujourd’hui quel est le constat ?

De Ria à Mont-Louis cette voie est condamnée à ce voir privée de l’élémentaire sécurité des automobilistes par les écroulements très répétitifs de rochers.
Un seul critère de prévention est mis en œuvre ! L’interdiction de circulation, non pas par anticipation en période pluvieuse à risques, mais par impossibilité de circulation par l’obstruction de la route.
La prévention consisterait, tant les écroulements sont permanent en périodes d’interdire d’utiliser cette route en période de risques. Mais alors quand rouler sur cette voie ? Uniquement les jours de grand soleil.
Devra-t-on arriver à un drame majeur pour qu’enfin le gestionnaire de la 116 réalise combien il joua avec la vie des utilisateurs de cette route ?
Il serait préférable de mettre en place une véritable politique de gros investissements sur cet important axe routier, en établissant dans les secteurs concernés, entre Ria et Mont-Louis, la stabilité définitive des surplombs latéraux. Des moyens techniques, complémentaires aux filets anti sous marins souvent hideux, existent. Murs empierrés bâtis, accrochages par forages latéraux profonds, projections stabilisatrices et autres techniques employées en milieux alpins, vosgiens ou autres massifs montagneux.
Oui, c’est coûteux ! Mais devrons nous encore longtemps vivre dans la terreur d’un drame possible résultant d’éboulements dramatiques.
Oui, c’est coûteux ! Mais devrons encore longtemps vivre la fermeture de la RN-116 alors que nos communes de piémont et haute montagne, quelles soient enneigées ou non, perdent, par la fermeture de la RN-116, mal entretenue par son national gestionnaire, un apport économique salvateur surtout en période hivernale.
Sans oublier l’abandon ou le peu de respect des résidents permanents des communes concernées par la RN-116.
Partir des Pyrénées Orientales, traverser l’Aude, ou l’Ariège, ou le Nord Est de l’Espagne, pour revenir chez nous dans ces Pyrénées que nous appelons « Orientales » à l’Ouest de notre département, au 21e siècle, mérite d’être inscrit immédiatement aux Service des Archives Départementales pour que nos ultérieurs successeurs connaissent la réalité de la situation que nous vivions, en matière de communication routière, dans notre département en janvier 2020.

 

Lucien BAILLETTE.

 

*Christian BOURQUIN : maire socialiste de Millas (juin 1995 à mars 2001), député de la 3e circonscription des P-O (juin 1997 à juin 2002), président du Conseil Général des P-O (mars 1998 à novembre 2010), sénateur des P-O (septembre 2011 à août 2014), président du Conseil Régional de Languedoc-Roussillon (novembre 2010 à août 2014). Il est décédé le 26 août 2014 à l’âge de 59 ans.

 

**François CALVET : sénateur LR (Les Républicains) des P-O, depuis le 1er octobre 2011, ancien maire du Soler (de juin 1995 à octobre 2017), ex député de la 3e circonscription des P-O (de juin 2002 à septembre 2011)…