En une poignée de jours à peine, trois mineurs âgés de 15 ans ont été tués par d’autres adolescents, en région ÃŽle-de-France, plus précisément deux d’entre eux dans le département de l’Essonne, le troisième en Seine-Saint-Denis

 

Depuis ces drames, comme c’est malheureusement souvent le cas en France, des experts auto-proclamés, qu’il s’agissent de commentateurs-éditorialistes, de “psy”, d’hommes politiques, de maires ou d’éducateurs-donneurs-de-leçons-en-tous-genres-et-en-trans-genres se succèdent sur les plateaux télévisés (des chaines d’infos en continu ou des chaînes généralistes privées et publiques) pour nous présenter leurs solutions… C’est hallucinant tellement ils sont encapuchonnés dans leurs certitudes, encorsetés dans leurs idéologies et, surtout, prisonniers de leur crétinerie, pour le moins. Ils croient tout savoir en s’abritant derrière leur propre vécu, alors ils distillent à longueur de médias des inepties, des contre-vérités, quand ce ne sont pas carrément des mensonges, aveuglés qu’ils sont par leur propre conscience, par leur moralité supérieure, qu’ils croient !

Certains d’entre eux, parmi ces chroniqueurs dominicaux, qui s’exercent religieusement “à la petite semaine”, déploient des kilomètres de statistiques invérifiables du genre : “Savez-vous que c’est en France, en Europe, qu’il y a le plus de mineurs emprisonnés ?”“Savez-vous que c’est en France, en Europe, que les sanctions pénales contre les mineurs sont les plus sévères ?”… Foutaise ! Mais dans quel monde vivent ces speakers ?

Comment osent-il de telles comparaisons ! Oublient-ils qu’il y a des familles de victimes ? Ils en rajoutent même avec des comparaisons granguignolesques à partir de statistiques sur la délinquance entre la France et la Suède, entre la France et la Suisse… et pourquoi pas entre la France et Monaco, entre la France et  l’Andorre, ou le Vatican ? Ridicule.

Il ne suffit pas de ramener un nombre de délits à un pourcentage de population pour en déduire des conclusions hâtives et, surtout, erronées.

Alors, ad vitam aeternam, ils nous expliquent qu’il faut remettre en place une police de proximité, redéployer “les grands frères”, donner davantage de moyens aux éducateurs, redonner des financements aux associations… Tout cela a été fait pendant des décennies, on connait le résultat. Des milliards de francs et d’euros ont été injectés dans les quartiers, dans le cadre de la rénovation urbaine notamment ; mais où est passé véritablement cet argent ?

Et pendant ce temps, par exemple, les points de “deal” continuent de pulluler au grand air. Plus près de chez nous : à Perpignan, à Argelès, à Elne… et ce ne sont pas que les hall d’immeubles qui sont squattés par toutes sortes de trafic en soirée. Cela se passe également en plein jour, sur des bancs publics, face à des devantures de commerces, aux yeux de tous les passants (décidément il n’y a que les autorités qui ne le voient pas).

Et pendant ce temps, sur les réseaux sociaux s’affiche quotidiennement, en toute impunité, une pseudo-Bourse qui fixe l’offre et la demande du shit, de la beuh… Et quand nos sacrés commentateurs s’écharpent théâtralement pour (ou contre) la légalisation du cannabis, ils sont déjà dépassés, ringardisés : en effet, c’est la cocaïne, la “coco”, qui a pris le dessus ! Alors, allons-y gaiement : faut-il légaliser la consommation de cocaïne ?!… Il serait grand temps de se mettre à la page.

Le troisième gamin tué par balle vendredi, à Bondy, Aymen, n’avait que 15 ans lui aussi. Il n’a pas été tué à cause de rivalité entre bandes de quartiers ou pour un quelconque trafic. Il est mort dans un centre de loisirs municipal… placé logiquement sous la responsabilité de la Municipalité ?

Cet assassinat oblige toutes nos starlettes de la petite lucarne à revoir leur copie quant aux causes de cette délinquance criminelle qui touche la jeunesse, qui touche à notre avenir. Cela n’a rien à voir avec une quelconque version réactualisée et revisitée de la “Guerre des boutons” de notre enfance, que l’on voudrait nous faire avaler.

Parmi les questions essentielles soulevées par ces drames : “Où sont passés les parents de ces auteurs d’homicides ?”. Seraient-ils sans famille(s) ?… On nous dit que ces jeunes meurtriers sont originaires de quartiers sensibles, de cités minées par le chômage, la déscolarisation et la désespérance sociale ; justement, cela ne laisse-t-il pas davantage de temps à l’un des deux parents pour s’occuper de leur progéniture ? Là est une vraie interrogation, plutôt que de pointer systématiquement du doigt l’Etat ou encore la défaillance du système éducatif, de l’Ecole de la République. Trop facile de jeter la faute sur d’autres.

Que n’aurait-on pas dit, écrit, si des policiers avaient été plus ou moins directement impliqués dans ces drames. Nous aurions eu droit, encore et encore, de la part de nos bouffons médiatiques de service, au refrain caricatural du profond désamour entre la Police et les jeunes des banlieues. Absurde. Et malhonnête intellectuellement.

 

L.M.