FRENE 66
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Fédération pour les Espaces Naturels et l’Environnement – Pyrénées-Orientales
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Communiqué de presse du 6 novembre 2019.

 

 

Port-Vendres : le scandale archéologique aggravé par la réponse du ministre de la Culture
Les associations FRENE 66, l’Association Port-Vendres et les Portvendrais et le Collectif des Tamarins communiquent :
“Le ministre de la Culture a répondu aux associations et sans doute au procureur dans le cadre de l’enquête judiciaire ouverte suite à l’affaire de la destruction du site archéologique de l’île antique de Port-Vendres. Il révèle des faits qui sont une véritable bombe thermo portuaire. On découvre avec stupéfaction que le site de Port-Vendres qu’il juge lui-même « hautement sensible au plan archéologique » n’a jamais fait l’objet de fouilles archéologiques préventives, ni sous-marines ni terrestres, en relation avec les projets de travaux portuaires. Un double scandale qui décrédibilise si c’était encore possible, les projets du Département, de la Communauté de communes y compris de la municipalité de Port-Vendres.
Faute de réponse précise des administrations concernées les associations ont publié une lettre ouverte aux ministres de l’environnement et de la culture, notamment en charge du patrimoine et de l’archéologie, début mai 2019. Il était réclamé l’arrêt immédiat des travaux de destruction du socle de l’île antique et l’ouverture d’une enquête pour travaux illégaux portant atteinte à un site hautement sensible, probable réceptacle de vestiges vieux de 3 000 ans. Après six mois de silence, sans doute sous la pression de l’enquête ouverte par le procureur, mais aussi par la parution en octobre du livre  « Pyréné Secret d’Etat », le ministre a répondu longuement sous la plume du Directeur général des Patrimoines, Philippe BARBAT.
Ce courrier et les réponses associatives seront publiées le moment venu. Vu les déclarations de Mme MALHERBE, présidente du conseil départemental, sur sa volonté de construire le quai contre vents et marées et son appel au financement public pour les 43 millions qu’elle avoue ne pas avoir, la réponse du ministre vaut la peine d’être dévoilée pour que le bluff des projets portuaires illégaux cesse.
Le dossier du 3e quai qui a servi de prétexte à la destruction du site était aussi truqué sur le plan archéologique. Car les fameuses fouilles spécifiques au projet n’ont jamais existé. Ce qui signifie que le dossier d’enquête publique était administrativement vicié. Cela renforce l’idée que la justice pénale est la seule alternative pour que ces irrégularités cessent. Quant au préjudice, il est immense et aucune condamnation pénale éventuelle ne pourra compenser la perte des pièces architecturales antiques broyées de façon délibérée puisque les autorités avaient été mises en garde.
On rappelle que la loi fait obligation pour tout projet d’ouvrage public de conduire des fouilles préventives spécifiques qui tiennent compte des caractéristiques précises du projet. Dans sa lettre le Ministre dévoile que cela n’a pas été le cas.
-1° Il révèle que les seules fouilles entreprises se sont déroulées entre 1998 et 2002 et concerne uniquement l’entrée du port et le chenal, là où l’épave Port-Vendres I avait été extraite en 1974. D’autres fouilles d’amateurs avaient permis de découvrir des épaves devant le port. Aucune de ces fouilles ne se situe dans le cadre d’un projet d’aménagement, car les premiers avant-projets sommaires (APS) ne datent que de 2004. Ces fouilles avaient donc une motivation scientifique et étaient sans la moindre relation avec un projet d’ouvrage ou de futurs travaux.
-2° Il est révélé que les fouilles visant le haut du chenal «ont été effectuées au bord de l’anse des Tamarins» excluant ainsi toutes les zones le constructions du quai et de l’aire logistique contrairement à ce que laissait entendre l’étude d’impact de l’enquête publique.
-3° On découvre que le port n’a jamais été fouillé car le haut du chenal n’est pas le port sensu stricto – qui comprend l’avant-port, la zone d’évitage, la zone de la presqu’île, les bassins du vieux port et le grand bassin de la Castellane.
-4° Le ministre tente d’expliquer la position de ses services lors de l’enquête publique de 2017 et dit il a été choisi de ne pas se prononcer sur l’opportunité d’édicter des prescriptions archéologiques malgré la haute sensibilité archéologique de ce secteur. On comprend qu’obligé de donner un avis positif et en l’absence de fouilles il a joué les Ponce Pilate ; mais ne pas se prononcer ne vaut pas accord !
Ces précisions visent à démontrer que le Département ne peut se prévaloir d’une quelconque couverture de ce ministère pour les destructions de 2019 même si le courrier reproduit des arguments selon lesquels les zones d’évitage et de la Presqu’île faisaient partie du projet de 2017. C’est totalement inexact car il n’existe aucun texte ni aucun budget le prévoyant. Ajoutons qu’une lettre de Mme MALHERBE en réponse au commissaire enquêteur exclut formellement tout creusement ailleurs que dans la zone projet du quai.
Il est consternant que des élus et certains responsables de l’archéologie locale aient accrédité la thèse du désert archéologique Portvendrais alors que son potentiel était parfaitement connu par des archéologues compétents comme Jean ABéLANET et avait été matérialisé et signalé par des ingénieurs royaux comme le révèle le livre « Pyréné ».
Aucun soupçon ne pesait jusqu’à présent sur des fouilles préventives factices. Les responsables de ces malversations condamnent définitivement les projets portuaires car c’est désormais sur le plan archéologique qu’il faudra le justifier et pas seulement avec quelques gribouilles ou quelques grattouilles. Ce que le ministre ne dit pas c’est que le socle rocheux antique est très en dessous de la profondeur du port aujourd’hui dragué autour de 8 mètres. Par exemple dans l’anse des Tamarins le fond ancien est à 14 mètres sous le niveau de la mer ! Il reste donc entre 4 à 6 m de sédiments jamais fouillés partout dans le port, ce qui pourrait bien être l’une des plus importantes réserves archéologiques de la Méditerranée.
Regrettons qu’il ait fallu six mois au Ministre pour réagir sur le papier, mais délai suffisant sur le terrain pour permettre le broyage par les chenilles de l’entreprise Buesa de tous les blocs clairs dont un grand nombre ont été vus et photographiés avant enlèvement ou destruction. Le ministre conclut que les équipes du DRASSM, comme la cavalerie, vont débarquer à Port-Vendres.
Il va être difficile à présent de continuer à cacher l’immense potentiel patrimonial archéologique de Port-Vendres”.