Dans un courrier qu’elle a  adressé avant-hier au préfet des Pyrénées-Orientales, Jean-François DELAGE, Mme Joëlle FERRAND (Divers droite) a présenté sa démission de son mandat de maire de la commune du Barcarès, que le représentant de l’Etat dans le département a aussitôt accepté.

Mme Joëlle FERRAND reste conseillère municipale. De même qu’elle reste vice-présidente de l’agglo PMCA (Perpignan-Méditerranée Communauté d’Agglomération) et présidente de l’Office municipal de tourisme de Port-Barcarès.

Dans son proche entourage, on explique “qu’elle a pris cette décision à contre-coeur bien évidemment car elle considère subir la plus grande injustice des injustices qui vient mettre un coup d’arrêt à plus de douze années d’actions municipales, toujours menées avec la plus grande honnêteté et toujours dans l’intérêt de sa ville et de ses habitants (…)”.

On se souvient que c’est le 30 septembre 2010 que la Cour d’appel de Montpellier l’avait frappée d’une peine de cinq ans d’inélégibilité, assortie de dix milles euro d’amende et de dix-huit mois de prison avec sursis, pour “prise illégale d’intérêts”, dans le cadre d’une affaire qui remonte à 2003 : une société spécialisée avait alors été sollicitée pour effectuer des travaux de dragage de l’avant-port de la commune et rechargement sur la plage nord avec les sédiments dragués, et cela, avait estimé la Cour d’appel, “au seul bénéfice d’un conseiller municipal employé par son frère patron-pêcheur”… Bizarrement, au Tribunal de grande instance (TGI) de Perpignan, Mme Joëlle FERRAND avait bénéficié d’une relaxe totale. C’est la Cour d’appel de Montpellier donc – suite à un Appel du Parquet représenté à l’époque par un certain Jean-Pierre Dréno, qui a rejoint depuis la principauté de Monaco à la suite d’une mutation professionnelle – qui, selon certains observateurs locaux, “a réécrit son polar et a condamné contre toute-attente avec des peines d’une sévérité telle qu’elles dépassent l’entendement (…)”.

Dans ces conditions, Mme Joëlle FERRAND ne se faisait plus d’illusions, préférant démissionner de son mandat de maire sans attendre la décision de la Cour de cassation (en septembre prochain ?), laquelle examinera le dossier dont il est ici question ce mercredi 29 juin 2011… Or, à la lecture de l’avis de l’avocat général désigné par la Cour de cassation, on constate que celui-ci conclut à “un rejet du pourvoi” présenté par Mme le maire du Barcarès. Pourtant, pour Me Claire LE BRET-DESACHE, qui défend Mme Joëlle FERRAND dans ce dossier, les contours de la démonstration qui motive l’avis de rejet formulé par l’avocat général, s’appuient à l’évidence, sinon sur une dénaturation des faits d’espèce, ou à minima sur leur méconnaissance manifeste.

A la limite, s’indigne un conseiller municipal faisant partie de l’équipe de la majorité de Mme FERRAND, “le seul élément à charge inavoué qui  lui est reproché dans cette triste affaire, c’est son statut de maire ! Elle est élue, elle est par conséquent responsable et coupable… C’est un peu fort de café !”.

– “Il est vrai, enchaîne aussitôt l’élu barcarésien, qu’il ne s’agit là seulement d’un avis de l’avocat général, et que la décision de la Cour de cassation reste souveraine, mais… On aimerait y croire ! Mais, encore, comment la Cour de cassation pourrait-elle ne pas suivre, tellement les faits évoqués, relatés et exposés sont, à mon sens, dénaturés, erronés, et inacceptables parce que à 10 000 lieues de la Réalité ?”.

Ainsi donc, la décision prise par Mme Joëlle FERRAND, mûrement réflêchie, permettront aux instances municipales barcarésiennes de fonctionner normalement : le prochain conseil municipal pourra continuer à travailler à la rentrée sans (trop) être perturbé par des élections municipales, alors que pour une commune le quatrième trimestre (en fin d’année) est important pour l’engagement de travaux et la préparation du budget de 2012.

– “Toute la saison estivale est prête, a été organisée”, rassure-t-on dans l’équipe municipale fidèle et loyale à Mme FERRAND. “La commune ne patira pas de cette décision courageuse et digne”.

Elue maire de la commune du Barcarès depuis 1999, Mme Joëlle FERRAND née Iglésias, a toujours été (ré)élue au 1er tour, face parfois à quatre listes ! En 2008, elle est même passée au 1er tour avec un score fleuve : 62,86% des suffrages exprimés. Elle reste localement extrêmement populaire, dans une vie municipale réussie aux yeux donc d’une majorité de ses concitoyens. Pour nombre d’entre eux, en une décennie, elle a changé l’image et le visage du Barcarès, dotant la commune de moyens pour aller vers plus de solidarité, plus de qualité de vie… pour un mieux vivre ensemble. Certaines idées sont séduisantes, notamment dans le secteur de l’animation où Port-Barcarès s’impose désormais avec le plus gros budget de toute la côte catalane (au nord des Pyrénées). Face à ces succès, l’opposition municipale s’est souvent montrée divisée, dispersée, se méfiant des “solutions toutes faites du bonheur clés en main” mais sans arriver à vraiment inquiéter électoralement parlant la “Maison Ferrand”.

Il est à noter que si l’opposition municipale n’avait pas démissionné en bloc par déception suite au score ridicule qu’elle avait enregistré aux élections de mars 2008, il n’y aurait pas d’élections générales à programmer… En effet, pour élire son maire le conseil municipal doit être en terme d’effectifs complet. A ce jour, toutes les places attribuées à l’opposition grâce à la proportionnelle sont vacantes.