François Pelras (FN), hier au Soler, lors de la conférence presse qu’il a tenu sur la ruralité et les agriculteurs.

François Pelras, à la tête d’un groupe de travail sur la ruralité et l’agriculture mis en place au sein du FN’66 – dont par ailleurs l’épouse, Marie-Hélène Pelras, conduira la liste RBM (Rassemblement Bleu Marine) aux prochaines élections municipales sur Le Soler – développe ici les raisons de son engagement :

François Pelras : “Pour le Front national des Pyrénées-Orientales, créer un groupe de travail sur la ruralité et l’agriculture est une nécessité et une obligation. Dans le département et sur le bassin méditerranéen les paysans sont ignorés, ils n’intéressent plus aucuns élus, aucuns parlementaires. Il y a très longtemps dans les villages, le maire ou le 1ér adjoint étaient des agriculteurs, aujourd’hui ce n’est plus tout à fait le cas, et demain encore moins, pourtant bien souvent l’agriculteur déneige, il nettoye les ruisseaux, entretien la nature, rend souvent des services etc.

La ruralité sans paysan n’est plus de la ruralité !

Personne ne se préoccupe de la disparition des paysans c’est une profonde erreur, car sa disparition coûte à la collectivité beaucoup plus cher pour entretenir les territoires.

Questionnez les paysans, demandez leur ce que le transfrontalier ainsi que l’élargissement de l’Europe leur a rapporté. Ils sont tous unanimes pour vous répondre « que des emmerdements » à cause des distorsions monétaires, de la concurrence déloyale du fait des disparités du coût de production, en cause aussi la mauvaise négociation de cet élargissement par les politiques et par certains responsables agricole de l’époque. Nous avons très souvent combattu cet élargissement ainsi que Saint Charles : 1ére plate forme européenne : en 1970 : 100 000 tonnes, aujourd’hui 1 500 000 tonnes, peut être, je dis bien peut être nous avons sous estimés les retombées.

Cependant il était difficile pour le monde paysan d’alors de voir passer tous les jours des tonnes et des tonnes de fruits et légumes provenant d’Espagne ou d’Afrique du Nord.

Ce Roussillon était notre fierté, notre identité locale, nous étions les jardins de l’Europe. Je vais aborder les différentes filières :

LA VITICULTURE : le Roussillon produit de très bons vins, mais, hélas un grand nombre de viticulteurs ont du mal à vivre. Pourquoi ?

– Nous avons les plus faibles rendements de France. En 1980 le département produisait 2 millions d’hectolitres. En 2012 on en produit plus que 700 000 hectolitres.

Les frais de vinification sont toujours trop élevés de 6 € à 8 € de plus que chez nos voisins Audois.

Aujourd’hui un viticulteur qui est obligé de demander une avance sur récolte aura un taux de 6 %, alors que si vous achetez une maison le taux sera de 3,2 %, avec une partie à un taux 0 %.

Certaines exploitations perdent entre 300 € et 600 € par hectare, il faut stopper ce désastre.

Il faut relancer rapidement la filière, il faut un grand projet qui permette de reconstruire la notoriété des vins du Roussillon.

Il faut arrêter de bricoler chacun dans son coin .

LES FRUITS ET LEGUMES :

Les difficultés viennent surtout des produits importés, de l’attitude de la grande distribution. Il est exact que les intempéries parfois aggravent les situations, cependant face au temps il n’y a pas de solutions et si les produits se commercialisent correctement les paysans supporteront les caprices de la météo.

Il faut mettre en place des structures légères, efficaces, et transparentes pour les circuits courts, idem pour les volumes plus importants.

Les fruits et légumes ont besoin de protectionnisme.

Il est inadmissible que le Maroc exporte vers l’Europe des tomates et concombres sans aucun droit de douane. Encore une fois ce sont les députés qui l’ont décidé, ces mêmes députés qui bien souvent confondent une orange à une tomate. Quant à nos élus départementaux, nationaux qui n’ont rien dit, cela est grave et honteux.

On peut dire deux mots du Maroc : ils produisent des céréales, mais, même dans les meilleures années les rendements sont faibles donc ils veulent diminuer les céréales et veulent produire : agrumes, olives, mais surtout des fruits et légumes pour apporter de la valeur ajoutée. Ils maitrisent l’eau, leur objectif est d’irriguer 600 000 hectares d’ici 2020.

Nous ne pouvons accepter encore plus de produits de ce pays et demain de ces voisins.

Le BIO :  il faut rester prudent et réaliste

1)

Il faut arriver à en vivre : le rendement est plus faible, le coût de la production plus élevée, et enfin des prix qui baissent.

2)

Si le producteur doit s’y retrouver, le consommateur également, pour cela la politique bio Nationale est sérieuse, mais encore une fois il arrive des produits soi disant bio du Monde entier avec des coûts de production inférieur et une traçabilité loin d’être prouvée, avec des contrôles aux frontières bien insuffisants, tout cela n’inquiète personne, et surtout pas la grande distribution, car la priorité pour eux c’est la marge.

L’ELEVAGE :

L’élevage joue un rôle fondamental dans le maintien de l’environnement dans notre département, je pense que nos élevages dans ce département sont bio par la caractéristique de celui-ci.

Nos éleveurs sont de vrais professionnels, ils font face aux crises sanitaire qui sont de plus en plus d’actualité.

Comment les éleveurs Roussillonais peuvent faire face à la concurrence de ces pays, lorsque vous avez de l’agneau de Nlle Zélande qui arrive 7 € de moins le kg, qui est abattu depuis plus d’un moins et convoyé vers la France par bateau, il faut rappeler que certains pays occultent le manquement d’hygiène, les mauvaises conditions d’élevage ainsi que d’abattage.

Pourquoi tant de contraintes dans les abattoirs et les élevages français, si par ailleurs on importe des produits trafiqués ?

LE LAIT :

Le lait est en crise depuis des années, et, pourtant il y a environ 1 mois l’ancien ministre de l’agriculture Bruno Lemaire sur un plateau TV affirmait avoir solutionné la crise du lait. Encore une fois on se moque du monde paysan par des mensonges, de l’esbroufe et de l’incompétence, régulièrement les producteurs de lait continuent à manifester devant les laiteries, la grande distribution ainsi que devant la résidence secondaire de M. Le Foll ministre de l’agriculture.

Nos éleveurs doivent conserver le foncier, réfléchir ensemble à la maîtrise de l’eau.

Qui dirige la France, ? A ce jour, personne ! Toutes les décisions sont prises à Bruxelles.

On pourrait également aborder la filière fleur, ou l’apiculture.

Quand vous vous imaginez qu’à partir du 1ér juin 2013 les élevages de poissons pourront à nouveau utiliser des farines animales, et, qu’un an après ces mêmes farines pourront nourrir à nouveau les porcs et les volailles, il est dangereux d’être dirigés par des technocrates et des cols blancs.

Voici une semaine que la presse nous annonce que Bruxelles réclame 9 millions d’euros aux paysans de ce département pour des aides perçues par les structures en période de crise de 1992 à 2002.

Ce n’est pas aux agriculteurs de payer si l’Etat français ne veux pas prendre ses responsabilités, et contester fortement  cette demande de Bruxelles. L’Etat doit payer, pas ses paysans !  Le seul homme politique de ce département, oui je dis bien le seul !, qui a réagit, c’est Louis Aliot ; preuve que nos élus, nos parlementaires, se foutent du monde rural et de ses paysans.

Le monde paysan a des retraites de misère, pourtant ils ont passé leur vie à travailler durement, car le métier de la terre est dur, physiquement, le froid, le chaud, bien souvent ils travaillent depuis l’âge de 14 ans, toute cette vie de labeur pour toucher moins qu’une personne qui n’a jamais travaillé.

Qui accepterait cela ?

Il faut recréer un climat de confiance avec le monde agricole, ne pas utiliser son énergie dans le conflit, mais se mettre tous ensemble pour avancer et sauver cette agriculture bien oubliée.

Les trente Glorieuses, c’est terminé. Aujourd’hui, nous avons besoin d’une nouvelle agriculture qui doit garantir un revenu décent pour nos agriculteurs, une agriculture qui sera capable de séduire et fidéliser les consommateurs.

Prochainement je vais m’employer à rencontrer des agriculteurs issus de toutes les filières (des responsables ou non responsables), les écouter, proposer des projets, essayer de trouver une solution à bon nombre de leur problèmes, car il faut arrêter la perte des exploitations, et arriver enfin à créer des installations ce qui permettra de maintenir le tissu rural“.