Farid Mellal, ancien membre du conseil d’administration de l’Université Perpignan Via Domitia (UPVD), responsable des questions concernant la Jeunesse au sein du PCF’66, nous communique :
“L’université doit rester universelle.Lors d’une interview pour le journal local, le président de l’université de Perpignan (NDLR, Fabrice Lorente) s’est prononcé en faveur de la sélection à l’entrée à l’université en prétendant que sélectionner les étudiants permettraient « de les valoriser et d’éviter la spirale de l’échec ».Après avoir été membre durant 5 ans au sein du conseil d’administration de l’UPVD, je me devais de réagir.

En tenant de tels propos, M. Lorente, ainsi que beaucoup d’autres présidents d’universités remettent en cause un principe majeur et universelle, le droit à l’éducation et à la formation pour tous. La mise en place d’une politique de sélection reviendrait à avoir une vision élitiste de l’enseignement où seuls les étudiants les plus aisés pourraient prétendre à un haut niveau de qualification. Une sélection par l’argent, discriminante et indigne de notre pays.
 
Une sélection qui priverait le fils de l’ouvrier de côtoyer les mêmes bancs que le fils de l’avocat ou de l’enseignement chercheur. Il est encore plus grave aujourd’hui d’entendre une ministre de l’enseignement supérieur plaider pour qu’une information soit donnée aux lycéens afin qu’ils s’orientent « en connaissance de cause » vers des filières dites d « excellences ».

 

Déjà trop marquée par la reproduction sociale, l’Université française ne peut souffrir d’un nouvel obstacle à l’égalité des jeunes face au droit à bénéficier d’un haut niveau de formation. L’augmentation des droits d’inscription ne constitue pas une évolution résiduelle, elle a des conséquences sur les capacités de jeunes issus de milieux modestes d’accéder à la formation de leur choix.
 
L’université tournerait le dos aux missions initiales qui lui incombent et à sa propre identité. En octroyant aux établissements d’enseignement supérieur une autonomie plus forte, la loi sur l’autonomie des universités a accru les inégalités déjà fortes entre universités, fragilisant le service public d’enseignement supérieur.M. Lorente fait à mon sens fausse route et devrait d’abord dénoncer un désengagement de plus en plus fort de l’Etat, l’obligeant à chercher de l’argent chez des partenaires privés , ou dans la poche des étudiants par la multiplication de frais et autres diplômes universitaires qui n’ont aucun sens.M. Lorente devrait dénoncer aussi des conditions d’études déplorables où 200, 300 étudiants se retrouvent collés dans des amphithéâtres d’un autre temps.

La loi sur l’autonomie des universités voulue par Valérie Pecresse qui avait pour ambition de diminuer de 50% le taux d’échec des étudiants en première année nous démontre aujourd’hui son inefficacité“.