« La privatisation des autoroutes françaises s’est caractérisée par un triple problème : l’explosion des profits des entreprises privées, la dégradation des conditions de travail des personnels, la diminution de la sécurité », expliquait Patrick GADBIN à la fin de son intervention. Le syndicaliste CGT des ASF (Autoroutes du Sud de la France) avait été invité par l’AGAUREPS-Prométhée et son secrétaire général Francis DASPE à animer mardi 28 avril à Perpignan une conférence / débat sur le thème « Pour des autoroutes bien public ».

Après avoir retracé l’historique des autoroutes, Patrick GADBIN décrivait la mécanique qui menait à la privatisation : d’abord une ouverture du capital au privé avec introduction en Bourse sous le gouvernement Jospin en 2002, puis la privatisation par le gouvernement Villepin en 2006. Des rapports (Cour des comptes en 2013, Autorité de la concurrence en 2014) donnent aujourd’hui raison aux voix qui s’étaient alors élevées contre cette gigantesque braderie de l’intérêt général. « La rentabilité des autoroutes ainsi privatisées s’avère en effet proche de 20% après impôts, si bien qu’on parle de rente de situation exceptionnelle largement déconnectée des coûts et disproportionnée par rapport aux risques de l’activité ! ».

Les entreprises bénéficiaires sont les géants du BTP qui conjuguent hausse des tarifs et baisse des investissements d’entretien. La baisse de l’emploi depuis la privatisation est estimée à 20% des effectifs initiaux, que ce soit par départs en retraite, départs volontaires, ruptures conventionnelles ou licenciements. « De véritables plans sociaux qui ne disent pas leur nom en réalité ! ». Et ce tout en dépit des millions d’euros versés au titre du crédit d’impôt compétitivité emploi (CICE) ! Les profits sont en quasi-totalité affectés aux dividendes en faveur des actionnaires : presque rien pour les salaires, à peine plus pour l’investissement.

Le gouvernement avait la possibilité d’imposer une remise à plat des contrats, voire même de les résilier. La négociation a accouché d’un accord déséquilibré : contre le gel des tarifs des péages pour 2015, les sociétés auront toute latitude pour poursuivre leurs profits faramineux à l’avenir. Un véritable marché de dupes, ou l’art de procurer des profits à haut débit pour des intérêts strictement privés !

Des comparaisons, pour mettre en évidence les similitudes dans le mode opératoire et les conséquences, sont faites avec d’autres secteurs comme par exemple La Poste illustré par Alain MIH porte-parole du collectif citoyen de défense des postiers de Thuir en grève depuis près de 100 jours.

            Francis DASPE apportait un éclairage historique en indiquant qu’un des motifs de la Révolution française avait été la suppression des taxes sur la circulation des biens et des personnes avec les nombreux péages ou octrois. « On assiste aujourd’hui à un phénomène inverse de marchandisation des déplacements des personnes ».

            Pour l’AGAUREPS-Prométhée, la question des autoroutes pose bien la question de la sauvegarde des services publics : les autoroutes doivent être un bien public au service de l’intérêt général. Loin d’une privatisation aux allures de braderie d’autoroutes considérées comme des poules aux œufs d’or.