(Capture d’écran émission “Quotidien” du journaliste Yann Barthès, sut la chaîne TMC – mercredi 22 juin 2022, 20H 45. Isabelle Adjani, 66 ans, était venue présenter le film du réalisateur François Ozon, “Peter Von Kant”, dans lequel elle tient le rôle de Sidonie).

 

 

 

(Vu sur la Toile)

 

Soupçonnée d’avoir falsifié le remboursement de ses dettes, Isabelle Adjani mise en examen pour « escroquerie »
(Laurent L̩ger РR̩daction journal Lib̩ration)

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Libération.- Isabelle Adjani peut parfois faire faux bond : ce fut le cas le mois dernier, à Cannes au moment de la montée des marches pour Mascarade, le film dans lequel elle joue une ancienne gloire du cinéma.

Les relations de la star aux cinq Césars peuvent aussi s’avérer aléatoires, comme l’a constaté un ancien comparse, Sébastien G., qui a déposé plainte contre elle en 2015. Et l’actrice a été, selon nos informations, mise en examen pour « escroquerie », en octobre 2020, à Paris. Sollicité, son avocat Olivier Pardo a répondu ne vouloir faire « aucun commentaire » et Sébastien G. n’a pas donné suite. Aux côtés d’Adjani, Mimi Marchand, la reine des paparazzi et de la presse people, est soupçonnée, elle, de « complicité d’escroquerie ».

L’origine de l’affaire remonte à début 2011 quand Sébastien G., consultant en stratégie, est appelé aux côtés de l’actrice pour gérer sa société, Isia Films, et l’aider à se développer. La star traverse alors une passe financière délicate. Il lui ouvre une ligne de crédit sur son compte bancaire personnel, paie certains de ses impôts, lui fait attribuer une carte American Express. Il est alors nommé gérant d’Isia Films et signe avec l’entreprise d’Adjani un contrat afin, note une synthèse de la brigade financière rédigée en octobre 2013 et consultée par Libération, de « redémarrer la carrière » de l’actrice. Le consultant est censé aider à dénicher d’éventuels nouveaux contrats d’image ou de production ou encore conseiller Isia sur sa gestion.

 

« Des centaines d’heures de travail réduites à néant »

 

La situation s’envenime, comme le révèle la synthèse de la brigade financière. Un témoin devant les policiers : Isabelle Adjani « pouvait changer d’avis à n’importe quel moment pour n’importe quel projet, sans tenir compte des conséquences économiques ». Une ex-salariée d’Isia Films : « J’ai commencé une négociation avec Arte que j’ai menée jusqu’au bout pour vendre le portrait d’Isabelle ; tout était signé. […] Isabelle a tout annulé la veille du tournage, sans donner de raisons précises. » Sébastien G. : « Chacun de ces projets représente des centaines d’heures de travail réduites à néant du seul fait d’Isabelle Adjani… ».

La carte bancaire remise à la star par le consultant ? « Ma mère a trouvé cela génial, répond le fils de l’actrice aux enquêteurs, Barnabé Nuytten. A mon sens, ils ne l’ont pas prévenue qu’elle abusait du côté des dépenses. » Il faut dire que, comme toute diva qui se respecte, Adjani ne descend que dans des palaces – elle a même un temps élu domicile au Meurice – et trimballe sa suite en première classe voire en jet. Un abonnement à une société d’aviation privée fut même pris pour elle par Sébastien G.. Coût : 57 000 euros. 364 000 euros seront dépensés en frais sur une période de treize mois. En juillet 2012, Sébastien G. lui retire la carte bancaire qui semble fonctionner comme un puits sans fonds. Quatre jours plus tard, il est démis de son rôle de gérant d’Isia Films.

 

Preuves par virement

 

Omettant, semble-t-il, de rembourser 157 000 euros que Sébastien G. lui aurait avancé, Isabelle Adjani voit certains de ses biens saisis à la demande de son créancier. L’actrice dépose alors plainte contre lui pour « abus de biens sociaux » en novembre 2012. Elle s’élève contre le montant des factures payées à son consultant, plus de 800 000 euros en sus de sa rémunération en tant que gérant, conteste leur principe ainsi que le travail fourni. Une enquête est ouverte par le parquet de Paris. Son fils l’assure aux enquêteurs : « En attendant que la société se développe et génère vraiment de l’argent, il était prévu que tout le monde travaille à titre gracieux, hormis monsieur G., rémunéré en qualité de gérant », 1 200 euros mensuels. Selon l’enquête, le contrat de Sébastien G. était valide, ainsi que le montant des sommes facturées. La procédure est classée, sans d’ailleurs que la plaignante réponde aux convocations de la police.

Qu’en est-il du remboursement attendu ? Pour rassurer son créancier, Isabelle Adjani lui aurait adressé des preuves de paiement par virement, des mails de la banque et autres documents censés attester du versement des fonds et de sa bonne foi. Mais en réalité l’argent ne serait jamais arrivé à son destinataire.

 

Rôle supposé de Mimi Marchand, la reine des paparazzi

 

En octobre 2015, Sébastien G. dépose alors plainte à Paris pour « escroquerie », provoquant une nouvelle enquête, qui va faire apparaître le rôle supposé de Mimi Marchand, la reine des paparazzi. Ancienne patronne de boîtes de nuit ayant goûté aux joies de la prison, elle inonde la presse people de photos des meilleurs comédiens ou de petites starlettes via son agence de presse Bestimage. Proche d’Adjani, dont elle est censée gérer l’image, Mimi Marchand a organisé la peopolisation d’Emmanuel et Brigitte Macron, notamment pendant la campagne de 2017. Son implication dans la remise de ces « preuves de paiement », qui n’en seraient pas selon la justice, est apparue pendant les investigations policières, mais les deux femmes – qui n’ont pas été confrontées – s’opposent désormais sur les faits, rejetant l’une sur l’autre les responsabilités… Sollicité, l’avocat de Mimi Marchand, François Blistène, assure que « si l’instruction s’éternise, les charges sont dérisoires » contre sa cliente.

Isabelle Adjani fait par ailleurs l’objet d’une enquête préliminaire ouverte pour « blanchiment de fraude fiscale » au Parquet national financier depuis 2016, quand son nom était apparu dans les Panama Papers. Une procédure toujours en cours. Actionnaire unique d’une société enregistrée dans les îles Vierges britanniques, un paradis fiscal, elle avait assuré lors de la révélation de l’affaire que cette coquille n’avait jamais servi et qu’aucun compte bancaire ne lui avait d’ailleurs été ouvert. Il s’agissait au départ de dissimuler pour un projet de film « l’identité de son ayant droit vis-à-vis d’un cocontractant », avait expliqué le Monde à l’époque. Mais le projet a entre-temps été abandonné.