(Vu sur la Toile)

 

L’élection de Yaël Braun-Pivet à la présidence de l’Assemblée nationale éclipsée par une polémique
(Romane Rosset РR̩daction Le Journal Du Dimanche/ JDD)
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L’éphémère ministre des Outre-Mer, Yaël Braun-Pivet, a été élue présidente de l’Assemblée nationale au terme d’une première séance déjà entachée par une polémique

 

Le Journal Du Dimanche/ JDD.- Au perchoir, l’inattendu doyen de l’Assemblée nationale José Gonzalez , 79 ans, a ouvert la première séance de la XVIe législature, comme le veut la tradition. Alors qu’il avait promis une prise de parole sans vague, le discours du député du Rassemblement national (RN) des Bouches-du-Rhône n’aura pas manquer de faire parler de lui. Après quelques propos convenus, voilà que José Gonzalez, pied-noir originaire d’Oran qui a pris sa première carte au Front national en 1978 (devenu RN), rend un hommage nostalgique à… son Algérie « française » : « J’ai laissé une partie de moi là-bas, une partie de ma France et beaucoup d’amis. » Puis l’élu du RN évoque le rapatriement massif de Français en 1962, son âme « à jamais meurtri par le sentiment d’abandon ». Et s’arrête d’émotion. Avant d’être couvert par des applaudissements nourris.

-« Moi, je n’ai pas applaudi, jure a posteriori un député MoDem. Et j’ai vu aussi des députés NUPES bêtement applaudir, des nouveaux, de ceux qui n’ont aucune culture politique, qui ne se rendent pas compte de ce qu’ils font. » Côté NUPES, on renvoie la balle dans le camp de la majorité. « C’était un moment assez gênant, lance le premier secrétaire du Parti socialiste Olivier Faure. D’autant plus gênant que beaucoup de députés LaREM se sont empressés d’applaudir. »

 

Le sacre attendu de Yaël Braun-Pivet

 

Dans l’hémicycle, l’ensemble des députés étaient assis par ordre alphabétique pour cette première séance publique. Et leur répartition a parfois donné lieu à quelques curieux voisinages. C’est ainsi que la députée de la Nupes de la 17e circonscription de Paris Danièle Obono s’est trouvée à côté du député de l’Yonne du RN Julien Odoul, lui-même voisin de Karl Olive, maire de Poissy et député de la majorité présidentielle dans les Yvelines. Quelques sièges plus loin, le porte-parole du RN et député du Nord Sébastien Chenu siégeait, lui, à côté de Sophia Chikirou, députée NUPES de la 6e circonscription de Paris.

Ces ententes forcées auront éprouvé deux tours de vote, aucune majorité absolue ne s’étant dégagée dès le premier tour de l’élection pour la présidence de l’Assemblée nationale. Arrivée largement en tête, Yaël Braun-Pivet , candidate de la majorité présidentielle, aura d’abord recueilli 238 suffrages. Pas assez pour l’emporter d’emblée, la majorité étant fixée à 277 voix. Derrière elle, le candidat du RN, Sébastien Chenu, s’est lui désisté après avoir réuni 90 voix au premier tour. « On souhaite que l’institution fonctionne », a-t-il déclaré a posteriori. « À partir du moment où nous ne pouvons pas accéder à la présidence, nous n’insistons pas. »

C’est à l’issue d’un second tour – vote auquel les députés RN n’ont pas pris part – que Yaël Braun-Pivet a été élue présidente de l’Assemblée nationale, avec 242 suffrages sur les 462 exprimés. Après une longue salve d’applaudissements, Yaël Braun-Pivet, première femme à accéder au perchoir, est montée à la tribune pour prononcer un discours. « Qu’il est long et sinueux, le chemin de l’égalité entre les hommes et les femmes », a-t-elle souligné.

La séance levée, les commentaires fusaient déjà dans la salle des Quatre-Colonnes. À plusieurs reprises, des membres de l’opposition ont évoqué le souvenir de l’affaire Benalla, lorsque Yaël Braun-Pivet, à l’époque co-rapporteure de la commission d’enquête parlementaire chargée d’élucider les dysfonctionnements du 1er mai 2018, avait refusé les auditions réclamées par l’opposition, estimant que la commission avait achevé ses investigations.

« À ce moment, elle a été le soldat de son parti, estime Raquel Garrido, députée de la NUPES en Seine-Saint-Denis. Désormais, j’espère qu’elle fera valoir le pouvoir législatif. » Même son de cloche du côté d’Olivier Faure : « Si c’est pour reproduire ce schéma, elle ne va pas être un très grande présidente de l’Assemblée Nationale. Un grand Président de l’Assemblée doit se mettre au-dessus de son propre camp. On verra si elle y parvient ou si elle est là pour exécuter ce que lui demande le président de la République. » À bon entendeur.