“Pour plusieurs d’entre nous, c’étaient les premiers pas… Les premiers pas dans la rue, à aborder les personnes, à leur tendre notre profession de foi en guise de carte de visite, à essayer d’ouvrir un dialogue, une discussion impromptue parmi les passants qui cheminent et les voitures qui klaxonnent. A pousser la porte des boutiques et partager, quelques secondes au moins, le quotidien stressé et épuisé des commerçants et artisans de cette ville. Depuis jeudi dernier nous nous sommes lancés, sortir de notre quotidien personnel et familial pour connaître et comprendre celui de nos concitoyens … Essayer d’entrer dans la vie des gens pour tenter de leur insuffler notre énergie, notre révolte et notre détermination. Leur répéter que tout est possible, qu’il n’y a pas de fatalité et qu’on peut y arriver, tous, en se prenant en main. Ensemble, toujours ensemble. Un espoir, le seul.

Alors, il est des lieux de « spectacle », points de rendez-vous obligés de tous les candidats le week-end : Marché République et Place Cassanyes, sortes de vitrines en plein air où il faut se montrer et surtout être vu. Où très vite, chaque « équipe » trouve son petit territoire de regroupement, pré carré d’affinités aussitôt transformé en îlot solitaire.

Intéressant à observer !

Des communistes qui n’ouvrent leur cercle qu’aux PS représentatifs du pouvoir en place, imbus de leurs mandats d’ores et déjà acquis, et quelques militants PC essayant ici ou là d’alpaguer des PS « de base » ou de simples sympathisants, mal à l’aise dans leur conscience et pressés de s’éloigner …

Et surtout des FN, arrogants et sûrs d’une campagne qu’ils n’ont pas à faire. Parlant haut et fort, sans prêter la moindre attention au reste du monde sauf au va et vient de la nuée créée autour d’eux, guettant une chaise libre pour s’installer à leur côté, des « jeunes » et parfois moins, UMP, ou ex UMP, ou en congé d’UMP, copains de ces nouveaux FN, ex UMP …

Et à côté, et autour, et plus loin encore, des gens.

Des gens qui sont écoeurés, qui n’ont même plus l’envie de rire de ce numéro de clowns, pathétiques et dérisoires.

Des gens qui ne les voient plus et que nous regardons. Dont nous essayons de capter le regard, pour tenter d’en raviver la flamme en leur disant : « Oui, aujourd’hui plus que jamais, il est temps de Désobéir ! »