Tribune Libre

“Ayant pris connaissance par la presse, d’un investissement pour la construction de huit caves particulières sur la commune, nous pensons important de livrer une première réflexion sur cet investissement qui nous paraît surprenant.

 

Renseignements supplémentaires pris auprès de citoyens de Montner bien en phase avec leur village, complètement immergés dans la vie de tous les jours, à l’écoute de la population, voilà notre sentiment car des interrogations existent.

 

Les riverains, les nuisances

Ce n’est pas parce que la vigne et le vin sont la seule ressource économique de nos cités de l’Agly Fenoullèdes, que nous ne devons pas prendre en compte les nuisances qu’elles entraînent. Celles-ci existent obligatoirement lorsque des caves, de par la volonté de privés dont nous respectons le choix, s’installent dans nos villages. Nous connaissons ces problèmes. Ils peuvent créer des divergences entre riverains et engendrer des situations douloureuses pour les voisins, la population. Elles sont de plusieurs ordres.

 

Tout le monde n’est pas obligé d’apprécier les odeurs dégagées par la vendange qui entre dans les chais, ni celle de son traitement ultérieur. Personne n’est obligé de supporter le doux ronronnement des moteurs qui, parfois, fonctionnent nuit et jour. Fermentation par le froid oblige pour obtenir des vins de qualité. Pour certaines personnes, cela peut jouer un rôle soporifique. Pour d’autres, être le déclencheur de crises de nerfs, entraînant des maladies plus profondes, plus graves comme la dépression.

 

Nous connaissons tous ces aléas. Prenons les dispositions adéquates pour qu’ils ne puissent pas exister. Il semblerait que cela ne soit pas le cas dans la perspective dont il est fait référence. Ne créons pas un climat délétère dans la population. Ne créons pas des situations embarrassantes qui peuvent durer des années mettant à mal l’unité de nos villages.

 

En cas de non-paiement qui efface l’ardoise ?

Il est dit, dans la presse à la rubrique locale, en date du 3 juillet 2015 dans l’article ayant pour titre : “La cave “municipale” et écologique prend forme”, que le projet pour deux millions d’euros, devrait être financé par les subventions. La municipalité aurait bon espoir de recevoir cette aide financière.

 

Un espoir, peut rester dans l’alignement du rêve, de l’utopie invraisemblable qui ne verra jamais le commencement de la pose de la première pierre. Si subventions il y a, d’où vont-elles provenir ? D’ où qu’elles viennent, ce sont les contribuables qui vont payer. Quelle sera la charge résiduelle due par la commune ? L’accueil dans ces locaux des vignerons concernés, se fera grâce à une location avec accession à la propriété dans vingt ans. Espérons qu’ils ne sont pas en âge de prendre la retraite certainement bien méritée.

 

Parlons du douloureux problème qui malheureusement peut surgir. Celui du non-paiement de la location par un ou plusieurs vignerons. Il semble évident que les sommes à rembourser devraient être payées par les contribuables du village. Devenus actionnaires d’une opération dont certains ne veulent pas, seront-ils rémunérés en litres de vin ? Serait-il prévu d’écouler ainsi la production locale ?

 

Restons sérieux. Si ce projet peut paraître généreux, ne dépasse-t-il pas le cadre du service municipal ? N’est-il pas le prélude du financement privé par l’argent public ? Cette façon de concevoir l’économie arriverait-elle ainsi dans nos communes rurales ? Il est à espérer que le bon sens reprenne le dessus. Que la mobilisation la plus importante possible des habitants de Montner, permettra aux vignerons désirant s’installer, de les entraîner ailleurs que dans une impasse. Pour ce faire, une unité de production existe déjà permettant de faire face à toutes les difficultés sans pour autant suppléer aux inepties.

 

La coopération

Nous n’aurons de cesse de rappeler le bien-fondé de la naissance de la coopération portée par nos anciens avec un courage à toute épreuve. Il a fallu construire entre autres les bâtiments, acheter les machines, etc. Tout ceci, avec les fonds propres des coopérateurs et surtout, avec l’assentiment d’un grand personnage de notre histoire : Jean Jaurès. Ainsi, ceux qui produisaient la richesse, se débarrassaient, autant que faire se peut, du joug des négociants avides d’argent. Ces derniers, laissaient bien souvent, les familles de vignerons pauvres dans le dénuement. C’est ainsi qu’est née la coopération : le besoin impérieux de sortir de la misère.

 

Ceci pour dire, qu’une cave qui vient de fêter son centième anniversaire, existe. Elle occupe de la meilleure façon possible l’espace qui est le sien. Celui de permettre à des femmes, des hommes très divers de pensées, de vivre ensemble, de produire ensemble, de se défendre face à l’arbitraire grâce à un combat commun. La coopération est une donation de nos anciens, somme toute pas si vieille que cela. Cette base économique repose sur la démocratie que cela plaise où pas. La meilleure manière, si nous voulons aider des vignerons à s’installer, n’est-elle pas de les orienter vers la cave ? Tout est en place. Des dirigeants avec l’expérience. 

 

Les locaux, les machines obligatoirement les plus modernes. Des cavistes, des Å“nologues hautement performants dans l’élaboration des meilleurs crus. Toute une administration efficace. C’est ainsi pensons-nous, que le rêve peut devenir une réalité. Que des orientations peuvent être données pour poursuivre l’aventure de la démocratie en agriculture.

 

Le reste, relève de l’individualisme forcené qui est dans l’air du temps. Comme une attaque de mildiou, d’oïdium, il est nécessaire de le combattre. Dans le même temps, les explications sont à apporter pour donner tout son sens à la coopération.

C’est ainsi, il nous semble, que nous aiderons les générations futures à avoir un réel avenir. Que nous aiderons et défendrons au mieux l’économie de notre coin de France”.

Contribution de Joseph Jourda.