Hommage de Michel Moly à Christian Bourquin

Millas, le 25 août 2014

“Mesdames, Messieurs,

La nouvelle est tombée mardi, brutale, absurde.

Christian Bourquin est mort !

Comme un cri, l’information s’est répandue dans le département laissant toute la population abasourdie, choquée.

Nous le voyions fatigué mais ne pouvions envisager cette issue fatale.

Nous étions terriblement inquiets mais face à la pudeur qui était la sienne quand il s’agissait de ses problèmes de santé dont il ne parlait jamais, nous ne pouvions qu’espérer qu’il gagne ce combat.

Il s’est battu nous donnant une fois de plus l’image d’un combattant qui genou à terre met toutes ses forces, toute son énergie pour se relever.

C’est l’image que j’aimerais conserver de lui, que j’aimerais que nous gardions de cet homme qui laisse une empreinte si forte dans notre département.

Christian était mon Ami. Voilà tout juste 3 semaines, il a passé quelques jours chez moi à Collioure.

Comme il m’y avait habitué, il était plein de projets. Pour la Région, pour notre département, il voulait engager de nouveaux combats.

Notre amitié s’est construite au fil des années et avait pour socle le respect et la fidélité, deux valeurs auxquelles il était profondément attaché.

En 1998, j’étais avec lui, à ses côtés, dans son équipe et sur le terrain lorsque nous avons gagné le Conseil Général.

Immédiatement, il a su rassembler autour de lui une équipe solide qui, comme lui, avait l’ambition de se faire élire pour apporter de grands changements à notre département.

Passionné de rugby Christian Bourquin croyait à la force et à la dynamique d’un groupe, d’une équipe.

En 1998 donc, il a été un capitaine convaincu de remporter le match, de gagner !

Leader incontesté de la gauche il nous a tous entraînés vers la victoire. Avec lui tout semblait possible tant il avait d’enthousiasme, de passion, de projets pour cette terre catalane qu’il aimait tant.

Je me rappelle que nous avons arpenté avec lui nos cantons, nous avons sillonné le département avec trois cartes postales en main pour expliquer nos projets, délivrer notre message, transmettre notre dynamisme, nos convictions.

C’est à ce moment-là qu’est née notre amitié.

Nous l’avons entretenue et développée l’un et l’autre en travaillant ensemble au sein de l’Assemblée Départementale, mais aussi en partageant de bons moments à regarder un match de rugby ou à faire la fête à Millas ou à Collioure.

Homme politique investi et passionné, Christian plaçait au-dessus de tout sa fierté du Pays Catalan !

C’était son « moteur » quand il était Président du Conseil Général des Pyrénées-Orientales.

Travaillant sans relâche, Il a tout inventé ; il était un précurseur, un inventeur.

Oui, le Pays Catalan c’est bien lui, comme le Bus à 1€, le 1er parc naturel marin de Méditerranée, le soutien aux 2 « rugby », le classement du Canigou en Grand Site, les Maisons Sociales, le Mémorial de Rivesaltes, les Sites de Paulilles et des Bouillouses …

L’accent catalan de la République Française c’est lui !

Christian Bourquin était un avant-gardiste, un curieux infatigable, un grand randonneur, capable aussi d’une forme d’imagination exceptionnelle.

Christian a donné de nombreuses années de sa vie, je devrais sans doute dire qu’il a donné toute sa vie aux Pyrénées-Orientales et à ses habitants.

Exigeant, perfectionniste, ambitieux, il voulait le meilleur pour ses concitoyens.

Homme de gauche engagé, il a toujours travaillé à faciliter la vie de ceux qui en avaient le plus besoin.

Les hommages qui lui sont rendus aujourd’hui, ici à Millas, et aussi partout dans le département, sur la radio locale ou dans la presse quotidienne sont de beaux et émouvants témoignages du peuple catalan qu’il aimait tant.

Car il était comme cela Christian, il aimait ses semblables et prenait toujours le temps de serrer une main et de s’intéresser à vous.

Fidèle en amitié, malgré un agenda bien rempli, il téléphonait pour prendre des nouvelles ou pour discuter d’un dossier pour lequel il voulait votre avis.

Il était un homme généreux, fidèle à cette terre qui l’a vue naître et dans laquelle il a puisé la force de ses convictions et de son engagement.

Durant toute sa vie, cet esprit ouvert s’est enflammé pour la défense des causes nobles et justes, s’est passionné pour faire évoluer les valeurs de Justice et d’Equité, s’est engagé et a lutté pour faire émerger des idées nouvelles. Christian Bourquin était un avant-gardiste !

Cet enfant des Pyrénées Orientales aimait ardemment son département, était fier de ses richesses et défendait farouchement et jalousement le patrimoine légué par nos aïeux.

Maire, Président du Conseil Général, Député, Président de la Région et Sénateur, Christian Bourquin restera un élu de la République hors du commun à la personnalité exceptionnelle.

Le travail qu’il a accompli ne disparaîtra pas avec lui.

En quittant la vie maintenant, il nous renvoie à nos responsabilités et nous rend comptables de cet héritage.

Nous les responsables politiques nous sommes comptables de la parole et du message de Christian Bourquin. Il nous appartient désormais de veiller à l’héritage pour les générations à venir.

Vous, citoyens du département et de la Région, vous êtes comptables du profond attachement à sa terre, à sa culture.

Vous les jeunes, allez et accomplissez l’avenir de ce département, tel que cet homme responsable, courageux et généreux l’a voulu.

Nous sommes tous comptables, car ce n’est qu’à cette condition que les choix que nous aurons à faire plus tard seront ceux de Progrès et de Liberté.

Ce matin, ici à Millas, dans ce village qu’il aimait tant, nous sommes tristes et nous pleurons la perte d’un ami.

Si la mort certes s’impose à tous, il y a des disparitions singulièrement cruelles.

Christian n’était pas au bout de son âge, loin de là.

Nous savions son amour de la vie.

Oserais-je dire sa gourmandise de la vie ?

Sa disparition prématurée nous affecte tous, famille, amis, collègues, habitants des Pyrénées Orientales et du Languedoc Roussillon.

Que nous ayons fait un bout de chemin à ses côtés, avec lui, ou que nous l’ayons brièvement rencontré lors d’une manifestation, nous éprouvions tous pour Christian Bourquin de l’estime, de l’admiration et de la reconnaissance.

Christian Bourquin est mort.

Jamais pourtant sa présence n’a été si intense, sa parole si forte, ses espérances si vivantes qu’en ce moment où nous prenons la mesure de son absence, rassemblés ici, autour de son cercueil pour un dernier adieu.

C’est dans notre esprit et nos coeurs, dans notre parole et dans nos actes qu’il doit rester vivant.

Au-delà de l’adieu que nous te disons aujourd’hui, Cher Christian, que tes proches sachent que ton souvenir restera vivant en nous.

Nous partageons la tristesse de ceux qui t’aiment, qu’ils soient assurés de mes sentiments personnels de sympathie attristée.

Cher Christian, nous sommes fiers de t’avoir rencontré, tu nous manques déjà.

Adieu Ami”.

 

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