(Vu sur la Toile)

 

Après la déroute de Pécresse, LR confronté à une vague de désistements pour les élections législatives
(Anthony Berthelier – Le Huffington Post)
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Le Huffington Post.- Il y a des réveils plus difficiles que d’autres. Celui des Républicains, dont la candidate Valérie Pécresse s’est écrasée en dessous de la barre des 5% au premier tour de la présidentielle le 10 avril dernier, en fait partie.

La formation de la rue de Vaugirard doit composer avec le non-remboursement de sa campagne, qui a coûté environ quinze millions d’euros, et trouver sa ligne politique dans un paysage en reconstruction à droite -ou décomposition, c’est selon-, le tout en préparant la bataille des élections législatives du mois de juin prochain.

Une échéance déterminante pour l’avenir du parti gaulliste, tant sur le plan financier, la somme allouée aux partis étant liée, entre autres, au nombre de députés, que sur celui de l’influence. C’est dans ce contexte périlleux, au bord du précipice, que certains candidats pourtant déjà investis choisissent de jeter l’éponge. D’autres sont tentés d’aller voir ailleurs, quitte à alimenter la fuite des élus qui rejoignent la majorité LaREM liée à Emmanuel Macron.

 

Une vingtaine de candidats renoncent
Ils sont aujourd’hui une vingtaine du parti LR, selon le décompte de l’état-major, à renoncer à la course des législatives. Plutôt “10%” souffle un élu dans les colonnes du Figaro samedi 30 avril, soit deux à trois fois plus de personnes. Parmi ces personnalités, des profils peu connus du grand public, comme Soizic Perrault, la vice-présidente du conseil départemental du Morbihan qui devait se présenter dans la 3e circonscription, celle de Pontivy.

“S’engager dans cette élection législative n’a plus de sens”, écrit l’élue locale dans un communiqué qui détaille les raisons de sa décision : “en effet, j’ai défendu une ligne politique pour la campagne présidentielle avec convictions. Après l’échec de Valérie Pécresse, il ne me semble pas possible de défendre son projet, dans ce contexte.”

Comme elle, plusieurs candidats, dans la Loire, en Gironde ou dans le Maine-et-Loire annoncent renoncer à briguer la députation. Deux facteurs semblent peser selon les différents témoignages publiés dans la presse : le risque financier et le spectre de la déroute. “Qui voudrait aller s’abîmer dans une élection avec une candidate qui a fait moins de 5% ?”, résume Maxence Henry, un adjoint au maire d’Angers dans Le Parisien, ce samedi. Il renonce lui aussi.

Et ce n’est pas tout. Outre ces prétendants, plusieurs figures de la dernière campagne, ou du parti, ne seront pas de la fête non plus. Patrick Stefanini, le directeur de campagne de Valérie Pécresse lorgnait sur la 9e circonscription des Yvelines. Il s’est finalement rétracté, tout comme Nicolas Florian, l’ancien maire de Bordeaux. Christian Jacob, le patron des LR annonce pour sa part qu’il ne briguera pas sa succession : une décision “prise depuis deux ou trois ans”, assure l’élu qui siège à l’Assemblée depuis 1995.

 

Enlever le logo sur les affiches
Quant aux autres, ceux qui seront bien candidats, ils seraient tentés de ne pas en faire des caisses sur leur appartenance aux Républicains. “Des cadres de LR m’ont clairement dit d’enlever le logo de mes affiches et de faire campagne sur mon nom. C’est la stratégie assumée”, rapporte un prétendant dans les colonnes de Marianne.

Autant de signaux qui témoignent de la fébrilité qui règne rue de Vaugirard. Et rien n’indique que la situation va s’apaiser. L’état-major a beau avoir affirmé son “indépendance”, le 26 avril dernier face à la Macronie, après un conseil stratégique, les rumeurs de défections continuent de bruisser.

La motion en question, qui confirme que le parti gaulliste “porte sa propre voix, celle d’une droite indépendante et populaire qui doit exister par elle-même” a d’ailleurs été votée à l’unanimité… moins deux abstentions, celles du patron des députés, Damien Abad, et du maire de La Garenne-Colombes, Philippe Juvin. Le premier est justement au centre de spéculations décuplées depuis la révélation d’une rencontre récente avec Thierry Solère, ex-LR devenu conseiller d’Emmanuel Macron.

Comme le duo réfractaire, d’autres élus, inquiets de leur survie, semblent eux aussi plus enclins à une coopération avec le président de la République. C’est le cas notamment des patrons ou patronne de région Jean Rottner (Grand Est) et Christelle Morançais (Pays-de-Loire) ou des maires Daniel Fasquelle et Gaël Perdriau.

Selon un élu LR, cité par l’AFP en milieu de semaine, “une vingtaine de députés sortants”, au total, “pourraient partir chez Macron”, sur la centaine que compte le groupe. Parmi eux, Marine Brenier, parlementaire des Alpes-Maritimes, a déjà franchi le rubicon.

“Mon parti s’est fait sortir du jeu et pour peser dans le débat national, la droite républicaine n’a d’autre issue que d’être aux côtés de la majorité présidentielle”, écrit l’élue, proche de Christian Estrosi, vendredi, pour justifier son départ chez Horizons, le parti fondé par Edouard Philippe. De quoi inspirer ce commentaire gourmand d’un ancien membre de la campagne de Valérie Pécresse, déjà passé de l’autre côté : “Attention ça commence (émoji popcorn).”