Ancien secrétaire départemental du Parti Radical (PR) dans les Pyrénées-Orientales (P-O), ancien adjoint au maire de Perpignan, ancien directeur de cabinet de Jean-Paul Alduy à l’Agglo PMCA (Perpignan Méditerranée Communauté d’Agglomération)… Fabrice Villard, aujourd’hui retiré de la vie politique, et reconverti dans les affaires commerciales et immobilières sur le sol roussillonnais, a été très vite et très tôt “en haut de l’affiche”.
Tout le monde promettait à ce trentenaire plein d’énergie, de projets et d’ambitions (pour la Cité uniquement, disait-il) un brillant avenir, aux commandes de la ville, de l’Agglo, voire du département. En tout cas, c’est en digne héritier de “l’Alduyisme”, en parfait “dauphin successible”, que beaucoup l’ont senti, l’ont vu, l’ont imaginé… et même, parfois, l’avaient intrônisé avant l’heure.
Depuis la terrasse d’un célèbre salon-de-thé restaurant du centre-ville, “Chez Espi”, où il a pris l’habitude de s’installer pour faire des pauses, Fabrice Villard a accepté de répondre à nos questions. Sans détour.
– ouillade.eu : Comment analysez-vous les résultats du vote qui viennent de désigner une nouvelle équipe, derrière Nathalie Beaufils (conseillère municipale de la Ville de Perpignan), à la tête de la fédération départementale du Parti Radical des Pyrénées-Orientales ?
– Fabrice Villard : “Je considère que la dissolution de la fédération était à la fois injuste et injustifiée. Les motifs invoqués n’avaient pas de fondement. Il vient d’y avoir effectivement des élections pour renouveler l’équipe dirigeante. A titre personnel, je n’ai pas souhaité participer à la mascarade, partant du principe que la politique ce n’est pas un jeu et le parti n’est pas un jouet. J’ai renouvelé ma carte d’adhésion au Parti Radical, mais je ne me suis présenté en rien à cette élection. Je ne me suis pas du tout impliqué ! Je ne veux surtout pas être accusé de vouloir régler des comptes, qu’on me reproche de diffuser la zizanie… Désormais, c’est clair, je n’y suis pour rien ! Ce que je pense maintenant de la nouvelle équipe sortie des urnes, avec Nathalie Beaufils, Romain Grau, les époux Gombert, Jacqueline Alduy mère et Laurence Alduy épouse ? Je constate que ça s’est “municipalisé”. En tout cas les personnes – plus de 500 ! – qui y ont participé sont en grande partie issue des réseaux municipaux habituels et classiques”…
– ouillade.eu : Peut-on quand même parler de l’émergence d’un nouveau Parti Radical, localement ?
– Fabrice Villard : “Je ne le crois pas. Le nouveau PR local, comme au plan national d’ailleurs, est aujourd’hui dans une logique qui est celle de Jean-Louis Borloo, mais pas très claire non plus : à savoir se présenter à l’élection présidentielle de 2012, contre Sarkozy… tout en négociant des places dans le prochain gouvernement. Je pense qu’à Perpignan, le but de la nouvelle équipe aux commandes du PR était de contrôler le parti pour avoir un outil à sa disposition. Le seul but était là. Pour Jean-Paul Alduy (NDLR. Sénateur-président UMP de l’Agglo PMCA), contrôler le PR était même devenu vital dans la perspective des prochaines sénatoriales, vis-à-vis de Paris d’abord, car il a perdu l’UMP et la ville de Perpignan”.
Рouillade.eu : Avant les s̩natoriales, il y a les ̩lections cantonales, les 20 et 27 mars prochains. Comment voyez-vous la donne ?
– Fabrice Villard : “Je suis convaincu que Christian Bourquin, ou plutôt “sa” nouvelle présidente (NDLR. Mme Hermeline Malherbe), va garder la présidence. Bourquin est un vrai chef de parti, même si la situation de la gauche n’est pas mirobolante, mais, eux, à gauche, ils ont un patron ! Ce que n’a plus la droite dans ce département depuis longtemps. Et puis, il ne faut pas oublier que, désormais, au sein de l’Assemblée départementale, le groupe d’opposition le plus influent, parce que le plus fort en nombre de sièges, ce n’est pas le groupe UMP mais c’est le groupe des Non Inscrits. Cela n’empêchera pas le Front National de réaliser un gros score, ce qui va affaiblir encore une fois la ville. La question est de savoir qui, de l’UMP ou du PS, va arriver second dans les cantons urbains renouvelables ? Le repêchage des “seconds” risque de nous réserver quelques surprises loin d’être politiquement anecdotiques”.
– ouillade.eu : Il parait que la politique ne vous tente plus…
– Fabrice Villard : “Pour l’instant. Je me tiens à l’écart de tout ça pour l’instant. Je ne souhaite pas y participer. Je prends un peu de recul. Mais je ne tourne pas la page”.
– ouillade.eu : Comment voyez-vous l’évolution de la ville ?
– Fabrice Villard : “Quand tu es enfermé dans un système, tu as une lecture liée par rapport aux personnes qui t’enferment dans ce système. Alors, forcément, ce n’est pas bon. Ce n’est pas vrai. Ce n’est pas “la” réalité. Je dis pas que dans ces conditions-là on est coupé de la réalité, mais on n’y est pas dedans. Le fait d’être sorti du système, de cet enfermement, et de la municipalité, te met en contact avec d’autres personnes, avec inévitablement une autre vision des choses et donc de “la” réalité sur le terrain…”.
– ouillade.eu : En conclusion ?
– Fabrice Villard : “Je suis plutôt triste et inquiet pour la ville de Perpignan. Je ne suis pas pessimiste en revanche. Mais, très sincèrement, je ne vois pas de projet porteur de dynamique pour la ville, comme on avait pu le sentir en 1993 lorsque Jean-Paul (Alduy) est arrivé à la mairie. Même l’extension de l’Agglo ne porte pas d’espoir. C’est l’extension pour l’extension, c’est l’extension pour le pouvoir. Ce n’est pas un projet en soi”.