« Adieu veau, vache cochon, couvée ». C’est ce que nous avons envie de crier à la suite de l’affichage sur les panneaux municipaux, de la transformation du garage à l’entrée du village en venant de Perpignan, en deux logements et en local commercial. Depuis quelque temps déjà, la rumeur circulait de la mise en place dans notre commune, d’une boulangerie de type point chaud. Vous savez, ces « boulangeries » industrielles qui savent se situer là où existent des parkings ! Dommage, nous n’avons pu lire la fin de la communication. Le panneau étant trop petit, les documents ne peuvent pas être publiés dans leur intégralité. Cela ne pose pas trop de problèmes lorsqu’il est question d’un mariage ou autre, mais il en est un, quand la question est aussi importante. 

En ce matin du 23 janvier 2015, cette information a traversé le village comme une traînée de poudre, brûlant tout sur son passage. Semblable à une invasion préparée de longue date par Attila lui-même, mettant les nerfs à vif, la parole acerbe, altière, pleine de colère. Pour la Saint Vincent, patron des vignerons et fête du village, c’est un beau cadeau. Les vÅ“ux du maire, vont revêtir cette année, les couleurs de deuil devant l’abandon de ce qui fait la vie de notre village, de ce qui fait la ruralité plus particulièrement sans doute, quand le pain quotidien est concerné.Si cette communication devient une réalité, quelles questions sont posées. Quelles conséquences ?

L’interrogation est de savoir si le Conseil municipal est informé de la signature du permis de construire qui, à notre connaissance, est délivré par le maire. Si ce même Conseil a pu discuter de cette décision. D’une manière tout à fait légitime, il nous semble, l’inquiétude est de mise. Alors que dans le programme des dernières élections municipales les élus en place ont dit : « Géographiquement, culturellement et économiquement, Estagel, carrefour routier, restera toujours le bourg centre du canton et son dynamisme permettra de mettre en avant le commerce de proximité. Un commerce indispensable que nous souhaitons indiscutablement préserver ». 

Un peu plus tard dans la campagne, dans un tract distribué le 26 mars 2014, il était confirmé : «… l’aménagement du cÅ“ur du village rendu possible par la déviation dont la réalisation dépend du Conseil Général… ». C’est plutôt à un déménagement auquel nous assistons sans grand bruit, il est vrai, mais sans informations non plus. Dans notre grande naïveté, nous aurions pu croire à ces paroles généreuses, sympathiques prodiguées avant les élections. C’était pour mieux te tromper mon enfant. Mais les actes sont là, durables, irréversibles. Comme les écrits, ils ne s’envolent pas, même si la tramontane souffle fort. Ils restent.

Quelles seront les conséquences de ce paraphe. La toute première et suivant nos informations, est qu’une boulangerie a déjà décidé de fermer ses portes. Il ne faut surtout pas que les autres pensent augmenter leur chiffre d’affaires avec la disparition d’un confrère. La réalité sera toute autre. C’est le problème de la boule-de-neige dont nous avons déjà parlé. Pas dans le sens croissant, mais dans l’autre. Qui résistera à la tentation : pour le prix de deux, avoir trois pains par exemple ? 

En cette période de crise, personne. Sans parler du « passage » pour qui l’arrêt sera simplifié. Face à cette situation n’y a-t-il rien à faire ? Nous pensons que oui, pour peu que les principaux concernés, avec les consommateurs, revendiquent autre chose pour notre cité. Ainsi, en très peu de temps, ce sont deux commerces qui auront disparu de la place Arago. Le magasin d’informatique et une boulangerie. Malheureusement, à ce rythme, cette dérive risque fort de s’accélérer. 

A cette allure, notre village prend la direction, avec les orientations politiques concrètes prises, de devenir le plus grand mas du département. Selon la formule consacrée, « si nos anciens revenaient, tous nos anciens, ils nous botteraient les fesses » à juste raison ajouterons-nous. Voltaire dans le pacte pour la tolérance disait : « Quand nos actions démentent notre morale, c’est que nous croyons qu’il y a quelque avantage pour nous à faire le contraire de ce que nous enseignons ».

Ceci dit, merci patron. Pardon, merci Monsieur le maire pour cette belle leçon de civisme bien palpable. Nous attendons les catastrophes à venir droits dans nos bottes et persuadés de faire notre devoir de citoyen en signalant ces retournements pour le moins intempestifs”.

Â