En cette belle matinée du dimanche 11 janvier à 10h 30, le peuple de notre village était là, rassemblé, au pied de la statue de F.Arago. Une fois de plus, ce lieu, oh combien révélateur de cette volonté insoumise de lutter contre tous les obscurantismes, contre l’intolérance, le sectarisme, la méchanceté gratuite et bête, celle qui est utilisée pour faire mal, a été le théâtre où ont pu s’exprimer les idées de liberté, d’égalité de fraternité, de solidarité. 

La population de notre village, était là, dressée face aux tueurs, répugnant aux amalgames, refusant les guerres de civilisation. Le carnage perpétré à Charlie Hebdo est un choc dont toutes les ondes nous ont frappés. 

Jamais notre pays n’avait connu pareil crime contre la liberté d’expression, de volonté si sanglante d’éradiquer un journal, d’éteindre ses intelligences. La destination de ce geste, était de provoquer la haine, la peur. Il aurait pu atteindre son but sans cette magnifique réaction populaire que nous avons pu suivre en France. A Estagel aussi nous étions là. Nous avons répondu à l’appel du « Comité Citoyen » formé spontanément pour la circonstance, montrant que nul besoin d’écharpes d’une quelconque couleur, pour protéger les générations futures de la cruauté, pour lutter contre le terrorisme. 

Présents comme un seul, nous avons contribué à montrer le peuple debout contre la haine, debout contre ces flingueurs qui ont emprunté leur savoir-faire à la mafia, debout contre les amalgames ravageurs et les stigmatisations. S’il n’en avait pas été ainsi, alors oui, les fanatiques à la kalachnikov auraient gagné contre la démocratie. 

Alors, le message des dessinateurs de Charlie assassinés, eux qui préparaient un numéro contre le racisme, auraient été englouti sous la boue, trahi. Nous devons continuer de combattre le terrorisme sans avilir nos valeurs, sans nous enfermer dans des lois d’exception qui affaibliraient le modèle que représente notre pays dans le monde. Cette lutte sans merci ne peut être gagnée sans l’arme de la démocratie, sans la conquête pour tous de nouveaux droits et d’une plus grande égalité. Le contraire de la guerre du chacun contre chacun et du tous contre tous qu’instaure le libéralisme.


Après le dépôt de fleurs au monument aux morts et l’appel à une minute de silence, une merveilleuse Marseillaise sortie d’on ne sait où et reprise en cÅ“ur par les nombreux participants, devait immortaliser cette matinée. Tout un chacun a pris la mesure de ce que peut réaliser une population unie avec la volonté farouche de faire dans l’intérêt du plus grand nombre. À bientôt donc, pour d’autres avancées citoyennes. Ensemble, tous ensemble, nous remuerons des montagnes et ferons trembler les assassins.