« Pour faire de grandes choses, il ne faut pas être au-dessus des hommes, mais avec eux » . Molière.

En nous inspirant de cette citation, nous constatons que ce n’est pas le danger que nous courrons dans notre village. De Tautavel à Prats de Mollo, en passant par Sournia et Cabestany, les élus ont tenu à être aux côtés des citoyens de leurs cités respectives pour montrer leur rejet du terrorisme, de l’intolérance. Pour montrer leur attachement à la liberté d’expression, à la démocratie, à la liberté. Pour apporter leur soutien à tous ceux qui ont été touchés dans leurs chairs. Du journaliste, au représentant de l’ordre, aux familles juives autant qu’au simple anonyme ou encore au policier musulman. Dans leur démarche, ils ont permis aux populations concernées de manifester leur réprobation en même temps que leur soutien aux familles endeuillées. À Estagel, rien de tout cela. Certainement honteux, nos édiles, avec à leur tête notre maire, ont préféré nous la jouer : « Pour vivre heureux, vivons cachés. » Rien de tel en effet pour passer inaperçu, pour être anonyme, qu’une foule gigantesque, et c’est tant mieux, réunissant 40 000 personnes à Perpignan. Une publication par hauts parleurs, annonçant la manifestation tard dans la soirée de samedi, devait donner à comprendre, que les élus et leur entourage le plus proche, se rendraient à la manifestation. Heureusement que le « Comité Citoyen » a annoncé l’organisation du rassemblement pour notre village qui a connu un réel succès. Que cette information courant sur le net, a mis une parenthèse sur l’immobilisme du Conseil municipal. « L’immobilité entraîne l’intolérance » devait écrire G.Sand » dans « Histoire de ma vie » c’est ce que nous vivons à Estagel tous les jours.

Alors, qu’elle suite donner à la journée du 11 janvier, en étant au plus près des femmes et des hommes de notre village, de nos quartiers ? Cela dépend pour beaucoup de ceux qui ont en charge la responsabilité de notre commune, qui ont demandé leurs suffrages aux électeurs.

Tout d’abord, l’embargo dressé contre certains pour empêcher le bonjour, qui n’est rien d’autre qu’un signe de politesse, devrait être levé. Cette mesure, est bien un signe d’intolérance, il nous semble. D’autre part, et il faut nous croire, les deux élus, il y a quelques mois, pendant la campagne des municipales, qui à la question posée : « Es-tu d’accord avec cette démonstration de haine ? » ont répondu oui, devraient faire leur mea-culpa. 

Ils ne sont pas seuls responsables de cette réponse. Ils étaient portés par un courant que nous pouvons qualifier de démoniaque. Nous l’espérons ainsi. Il ne leur sera pas demandé pour autant de remettre les clefs de la mairie avec, comme les bourgeois de Calais, la corde autour du cou. Non. Ce n’est pas ce qui est souhaitable, encore moins ce qui est désiré. Un point final devrait être mis également aux lettres de pressions, rappelant celles de cachet qui donnaient un allé simple à la Bastille. 

Nous avons lu des écrits nous laissant pantois, sans voix, avec une lourde peine sur le cÅ“ur, un goût amer sur les lèvres. Les insultes, orales ou écrites, devraient également être bannies de tout raisonnement. Lorsqu’il en est ainsi, c’est bien parce que les arguments sont inexistants. Ceci d’autant plus direz-vous, lorsque dans les défilés officiels, ceux qui prodiguent ces insultes, ont le ventre ceint de l’écharpe aux couleurs de la France. 

Il est tout autant nécessaire, que les interdits dressés pour empêcher les citoyens de s’exprimer dans certains journaux prennent fin. Nous nous adressons maintenant à une presse se revendiquant démocratique. Le privilège donné à certains de s’exprimer sur un point précis en l’empêchant à un autre parce que simple citoyen, devrait être proscrit. Les privilèges, d’une façon générale, grands ou petits, devraient être bannis. Enfin et nous arrêterons là, car la liste serait trop longue et rendrait la lecture fastidieuse, les mesures prises pour bâillonner l’opposition au Conseil municipal demandent à être levées. S’il en est ainsi, dans tous les chapitres, alors oui, la chanson : « Ah çà ira çà ira…etc » revêtira tout son sens. Alors oui, les promesses d’une autre vie, exprimées par les manifestations « Je suis Charlie », prendront corps, deviendront une réalité. Ces mesures, que les citoyens sont en droit d’exiger, ne coûteraient rien au contribuable d’Estagel. Cependant, elles permettraient à toute une population de retrouver la confiance perdue, aux élus de retrouver leur dignité après avoir connu un sentiment de honte que nous pouvons comprendre et dont nous imputerons la cause à des moments d’égarements. 

C’est ce que nous espérons. S’il n’en était pas ainsi, cela reviendrait à dire que cette politique est clairement voulue, organisée. Ce qui, de notre point de vue serait très grave pour la démocratie dans le pays des droits de l’homme. Si ces mesures ne sont pas prises, la participation de nos élus à la manifestation, ne serait qu’hypocrisie détestable. Nous ne voulons pas le croire.

Cependant, il manque un morceau de développement dans ce survol de la réalité sur le terrain. La haine, le fanatisme, le racisme, l’intolérance par rapport à l’autre, prennent racine dans la misère. « Le ventre est encore fécond d’où est sortie la bête immonde » disait Berthold Brecht. Pour juguler cette misère, une des meilleures solutions, il nous semble, est de donner du travail au plus grand nombre. D’en finir avec le chômage de masse auquel nous assistons. D’en finir donc, avec les bénéfices colossaux réalisés par les actionnaires. À cette condition essentielle, est liée l’espoir d’un autre monde exprimé par toutes les dernières manifestations. 

Plus d’égalité, plus de fraternité, plus de justice sociale, de laïcité. Voilà le travail auquel doivent s’attaquer les élus, en prenant appui sur les populations concernées, partout, y compris dans le plus petit village de notre si beau pays et bien sûr dans la patrie de F. Arago”.