“Un peu d’humanisme s’il vous plaît !”

Sous ce titre Joseph Jourda, d’Estagel nous prie d’insérer.

“Voilà un an et demi qu’un exilé économique d’ Espagne dort dans sa voiture à la promenade des platanes dans la cité de F. Arago. Lui, qui a grandement fait pour abolir l’esclavage, doit se retourner dans sa tombe du Père Lachaise. En effet, je pense que l’on peut facilement assimiler cette situation à de l’esclavage du XXIème siècle. Revenons rapidement sur les faits.

Comme des milliers d’autres, cet exilé prend la route de la France car en Espagne on lui a expliqué que dans notre pays tout est pour le mieux. Des salaires plus que corrects, des lois sociales qui ne laissent personne sur la touche etc, etc…Mais la réalité est toute autre. Ayant pris toutes les opportunités de travaux précaires, aujourd’hui ses droits sont ouverts à Pôle Emploi dans un département qui compte plus de 15% de chômeurs. Cela donne un peu d’oxygène mais toujours pas de toit.

Pourtant des sollicitations ont été faites dans un premier temps envers les élus locaux. Lors de la première rencontre avec Monsieur le maire d’ Estagel et son adjointe à la commission sociale, le premier réflexe de celui-ci a été de faire un contrôle d’identité. Le prénom du Monsieur en question est Mustafa mais est bien de nationalité Espagnole. Qu’en aurait-il été si sa nationalité avait été celle de ses origines Marocaines ? Nous sommes en droit de nous poser la question. Sachant que les élus ne peuvent pas tout régler, des démarches administratives ont étaient faites. Toujours rien.

Les cas comme celui de Mustafa, malheureusement, deviennent légion dans notre département, dans notre vallée de l’ Agly jusqu’à présent épargnée. Ces exilés, pour se mettre à l’abri des intempéries, n’ont pour seule ressource que de construire des cabanes. Mais voilà, ils tombent vite sous le texte de loi contre la « cabanisation ». Nous savons qu’une étude montre qu’en 2030, 55 000 Catalans de « tras los montes » seront venus s’exiler dans notre département. Cela correspondra à environ 7% de la population. Devons nous rester insensibles à cette situation qui nous est promise? Au vu de ce que nous sommes en mesure d’appréhender aujourd’hui, n’est-il pas de notre devoir de citoyen d’engager une réflexion sur ces problèmes ?

Je voudrais dire que rarement dans ma vie j’ai eu l’occasion de rencontrer un homme aussi digne que Mustafa. Il suffit pour s ’en rendre compte que de discuter un peu avec lui, d’égal à égal, d’homme à homme. C’est d’ailleurs la première chose qu’il demande pour ne pas dire la seule.

Vous me permettrez de terminer avec une citation de Che Guevara : Nous pouvons douter de tout, sauf de notre devoir d’être toujours au côté des humiliés qui luttent…”.