Pendant deux mois, Christian Bourquin (PS), sénateur des P-O et président de la Région Languedoc-Roussillon, dit “avoir labouré le terrain de telle sorte que j’ai apporté mon soutien à 220 communes (…)”.

Il vient de se mettre en retrait de la section locale du Parti Socialiste de Perpignan, pour mieux se consacrer aux cinq départements qui forment le Languedoc-Roussillon… Faut-il l’interpréter, à moins d’un an des prochaines élections régionales, comme une stratégie de plus pour celui qui, en politique, à l’échelon de la région justement, demeure, contre vents et marées, l’expert le mieux enraciné ?

Рouillade.eu : Quel est votre regard aux lendemains des ̩lections municipales sur la situation en Languedoc-Roussillon ?

– CHRISTIAN BOURQUIN : “La fusion républicaine, que j’avais appelée de mes vÅ“ux pour Perpignan, a été suivie heureusement dans beaucoup d’autres endroits, mais je l’admets avec des applications différentes selon les personnalités locales…

Je l’ai proposé partout. Et avec plus de convictions encore dans les endroits où l’intercommunalité prolongée ces élections municipales ; l’un à la mairie, l’autre à l’Agglo, par exemple.

A Béziers, comme à Perpignan évidemment, l’UMP ne l’a pas accepté. Elie Aboud – NDLR, député du Biterrois il visait la succession du maire UMP de Béziers qui ne se représentait pas, le sénateur Raymond Couderc – a eu tort. Il a été battu. A Perpignan, je vous laisse le soin d’analyser ce qui s’y passe… Une ville qui sera désormais gérée par la Droite et l’Extrême Droite, en tant que seule force d’Opposition… Bravo !

Pareil à Beaucaire, où l’initiative de la fusion républicaine a été rejeté.

On connait le résultat.

Si on m’avait écouté, il n’y aurait pas de maire Front National dans la région.

Mais arrêtons-nous plutôt sur plein d’endroits où les gens ont bien joué le jeu. Nous avons limité la casse, mais c’est vrai nous aurions pu être encore plus performants. C’est la variété des comportements, qui a fait que… Je suis ravi de ce boulot qui a été fait, de tous ces électeurs qui se sont levés, dressés…”.

– ouillade.eu : Au sein de votre composante politique, ne pensez-vous pas qu’il y a eu des erreurs aussi ?

– CHRISTIAN BOURQUIN : “Oui. C’est exact. Pourquoi le nier ? Au 1er tour, c’est la gauche qui s’est permis un luxe d’éclatement qui lui a été fatal, je le reconnais. Trop de gens, chez nous aussi, qui regardent leur égo, et uniquement leur égo, qui s’admirent, se félicitent, se congratulent autour de leur nombril au point d’en oublier les idéaux premiers de la politique : les citoyens !

C’est minable comme comportement, et Perpignan, malheureusement, s’est fourvoyée dans ce comportement… Tout ça pour ça ! Si au lieu de nous tirer dans les pattes et de ne jubiler que pour soi  les femmes et les hommes de gauche s’étaient rassemblés, nous n’en serions pas là. Au soir du 1er tour, à Perpignan, si l’on avait regroupé toutes les voix de gauche dispersées dans la nature, et mobilisés notre électorat, nous aurions pu peser au-delà de 30% au second tour, j’en suis convaincu. Il suffit de regarder les chiffres et de faire l’analyse. Mais non, les égos ont parlé ! Nous sommes là pour servir le citoyen, et pas pour se servir. Je ne veux pas être un donneur de leçons, mais… Que ces égos là sachent qu’il n’y aura pas de séance de rattrapage pendant au moins 6 ans, puisque c’est le temps du mandat municipal…”.

– ouillade.eu : Dans un tout autre domaine, vous venez d’abandonner le poste de 1er secrétaire de la section locale PS de Perpignan…

– CHRISTIAN BOURQUIN : “Je n’ai rien abandonné, je me suis mis en retrait. J’ai chargé Hermeline Malherbe, Ségolène Neuville, Jacques Cresta et Toussainte Calabrèse de me faire des propositions d’ici l’été prochain, afin de réorganiser le parti sur Perpignan. C’est à eux de prendre en main désormais le destin et l’organisation du PS sur Perpignan. Mon espace à moi, maintenant, c’est le Département et la Région.

Une période se termine, une autre s’ouvre, c’est comme ça, ainsi va la vie.

Je ne dis pas que je ne suis plus dans le coup à Perpignan, je suis simplement à un autre échelon au regard de futures échéances électorales.

 Partout, je renouvelle les équipes ! Cela me permet à chaque fois d’aller plus vite et plus loin. C’est aussi simple que ça ! Ce n’est pas du dédain pour Perpignan, bien au contraire, c’est tirer la ville à l’échelon régional”.

Рouillade.eu : Quelle est la d̩faite de ces municipales qui vous a le plus touch̩ ?

– CHRISTIAN BOURQUIN : “Celle de mon ami Michel Moly, à Collioure, évidemment. Parce qu’elle est tellement injuste par rapport au formidable travail qu’il a accompli au travers de ses divers mandats, depuis 1989. Je ne comprends pas cette défaite. Mais Michel aura de nouvelles missions à mes côtés et je peux vous affirmer qu’il reste un maillon fort au niveau de notre politique départementale, car nous avons besoin de son expérience, de ses connaissances. Vous verrez, il n’a pas fini de nous surprendre au travers d’autres responsabilités”.

Recueilli par L.M.