(par Libération et l’AFP)

Le club déjà très fermé des ultra-riches devient de plus en plus sélect. Chaque année depuis 1996, le magazine Challenges dresse son classement des 500 plus grandes fortunes de France. A l’époque, encore à l’ère du franc, il fallait réunir sur son nom l’équivalent de 19 millions d’euros pour y gagner sa place. En 2022, le ticket d’entrée est dix fois plus élevé, s’établissant à 200 millions d’euros

Le président-directeur général du groupe de luxe français LVMH, Bernard Arnault, s'adresse à l'assemblée générale du groupe à Paris le 21 avril 2022.

© Eric PiermontLe président-directeur général du groupe de luxe français LVMH, Bernard Arnault, s’adresse à l’assemblée générale du groupe à Paris le 21 avril 2022.

Mais le principal enseignement du palmarès de cette année que Challenges publie ce jeudi, c’est bien le fait que toutes ces fortunes dépassent en cumul les 1 000 milliards d’euros. Il s’agit là d’une première. La cuvée 2021 avait tutoyé cette somme mirobolante, boostée par une croissance de 30 % des patrimoines de toutes ces fortunes, mais n’était pas parvenue à franchir ce cap symbolique. Cette année l’augmentation est moindre – de l’ordre des 5 % – mais tout de même suffisante.

Dans le détail, le magazine relève que les dix premiers du classement représentent à eux seuls «la moitié du total». Ils sont portés par Bernard Arnault, qui arrive en tête pour la sixième année consécutive, mais dont la fortune a baissé. Alors qu’elle était évaluée à 157 milliards d’euros en 2021, elle atteint 149 milliards cette année. Une coquette somme tout de même, qui permet au patron du numéro un mondial du luxe LVMH d’être le 3e homme le plus riche du monde derrière les patrons de Tesla et Amazon, Elon Musk et Jeff Bezos, selon Forbes.

Percée des start-upers

Derrière Bernard Arnault dans le classement de Challenges, on retrouve les héritiers de Chanel Alain et Gérard Wertheimer. Leur patrimoine est estimé à 80 milliards d’euros. Puis en numéro 3 et 4 les familles Hermès (78,7 milliards d’euros) et Bettencourt (62,4 milliards d’euros), cette dernière étant à la tête du leader mondial des cosmétiques, L’Oréal.

En cinquième position, le propriétaire de la compagnie maritime CMA-CGM Rodolphe Saadé réalise la meilleure progression du classement. Sa fortune a augmenté de 30 milliards d’euros en un an pour s’établir à 36 milliards. Un record depuis la création du palmarès il y a 26 ans. «Son groupe a bénéficié de l’explosion de la demande de produits importés et des tarifs de transports» remarque Challenges. Cette augmentation de ses ressources lui a par ailleurs permis d’entrer au capital d’Air France à hauteur de 9 % en mai dernier. Une coopération industrielle pour permettre à CMA-CGM de se diversifier dans le fret aérien.

Plus bas dans le classement de Challenges, on relève une nouveauté. 34 actionnaires ou fondateurs de «licornes», ces start-ups non cotées valorisées à plus d’un milliard de dollars, font partie du palmarès. Leur âge moyen est de 34 ans. Cette percée est le symbole de la croissance fulgurante de ces entreprises du monde de la tech, tant chéries par Emmanuel Macron. Sur l’année 2021, elles ont levé la somme record de 11 milliards d’euros auprès de fonds d’investissement.

A l’opposé, Jacques Gaston Murray est à 102 ans le doyen du classement, affichant une fortune estimée à 1,6 milliard d’euros. Il est notamment le propriétaire de Sicli, une marque française spécialisée dans la sécurité incendie.