Dans le département des Pyrénées-Orientales (P-O), près de 175 000 électeurs-trices sont appelé(e)s aux urnes, demain dimanche 20 mars 2011, pour le 1er tour des élections cantonales : 16 des 31 cantons qui forment l’assemblée départementale sont renouvelables. Il s’agit des cantons d’Argelès-sur-Mer, Canet-en-Roussillon, Côte Vermeille, Mont-Louis, Perpignan I (Haut Vernet), Perpignan II (Saint-Jacques), Perpignan III (Cabestany/ Saint-Gaudérique), Perpignan VII (Bompas/ Las Cobas), Perpignan IX (Bas Vernet), Prades, Prats-de-Mollo, Rivesaltes, Saint-Laurent-de-la-Salanque,  Saint-Paul-de-Fenouillet, Sournia et Thuir.

Dans ces 16 cantons renouvelables, cinq conseillers généraux sortants ne se représentent pas : Christian Blanc (Mont-Louis), Henri Carbonell (Perpignan II), Jean Codognès (Perpignan I), Serge Fa (Perpignan IX) et Pierre Roig (Canet-en-Roussillon).

Parmi les 16 cantons renouvelables : 8 sont détenus par la Gauche (Argelès-sur-Mer, Côte Vermeille, Perpignan III, Prades, Rivesaltes, Saint-Paul-de-Fenouillet, Sournia et Thuir) ; 5 sont détenus par la droite (Canet-en-Roussillon, Perpignan II, Perpignan VII, Perpignan IX, et Saint-Laurent-de-la-Salanque) ; 2 sont entre les mains du groupe des Non inscrits (Mont-Louis et Prats-de-Mollo) ; et un par les écologistes “EELV” (Perpignan I), mais qui en 2004 avait été gagné par le PS (entre temps le conseiller général sortant, Me Jean Codognès, qui ne se représente pas, est passé chez les écolos…).

Quelles sont les forces politiques en présence, actuellement, au Conseil général des Pyrénées-Orientales ? 18 cantons à Gauche (PS et PCF) et 13 dans l’opposition, dont seulement cinq qui s’affichent ouvertement UMP – Mme Véronique Vial-Auriol (Perpignan VI/ Centre ville),  Mauricette Fabre (Côte Radieuse/ Saint-Cyprien), Jean Rigual (Perpignan IV/ Moulin-à-Vent), Pierre Roig (Canet-en-Roussillon) et Jean Sol (Perpignan VII) – réunis donc dans un même groupe de la majorité présidentielle… Car, paradoxalement, ce sont les élus Non inscrits qui constituent, au sein de l’assemblée départementale des P-O, et c’est là une situation insolite sur l’échiquier politique régional et national, le principal groupe d’opposition : Georges Armengol (Saillagouse), Christian Blanc (Mont-Louis), Henri Carbonell (Perpignan II), Serge Fa (Perpignan IX), Alain Got (Saint-Laurent-de-la-Salanque), Guy Ilary (Latour-de-France) et Bernard Rémédi (Prats-de-Mollo). En y ajoutant l’opposant solitaire Jean Codognès, cela fait donc 13 élus dans l’opposition.

A l’occasion de ces élections cantonales à deux tours – 20 et 27 mars 2011 – la Gauche affiche une position totalement confiante dans l’issue de ce scrutin. Les leaders roussillonnais du PS et du PCF sont convaincus non seulement de voir tous les conseillers généraux sortant réélus, mais qu’ils vont également gagner des cantons, notamment en zone urbaine dans l’Agglo de Perpignan. Christian Bourquin, ancien président du Conseil général des P-O (1998-2010) et nouveau patron de la Région Languedoc-Roussillon (depuis le décès de Georges Frêche fin octobre 2010), annonce, particulièrement confiant, “de très belles surprises pour la Majorité départementale de Gauche à l’issue de ce renouvellement de l’assemblée départementale”. Les observateurs de la politique locale attachent une attention toute particulière à ses pronostics d’autant que Chistian Bourquin, vice-président du Conseil général des P-O en charge des relations avec les maires et les adjoints, est à l’origine de la formation de l’équipe que le PS présente à ces élections cantonales. Mme Hermeline Malherbe, Divers gauche, qui lui a succédé à la tête du Conseil général des P-O, est sur la même longueur d’onde : sereine et optimiste.

En face, à Droite, bien évidemment c’est un tout autre son de cloche qui prédomine. A l’UMP, François Calvet et Gilles Foxonet, respectivement président du Comité départemental UMP des P-O (député-maire de Le Soler) et secrétaire départemental UMP des P-O (maire de Baixas), sont convaincus qu’ils vont gagner les cantons de la Côte Vermeille, Perpignan I, Rivesaltes et Sournia. Mais au sein de l’UMP, tout le monde, parmi l’équipe dirigeante, ne partage pas ce même enthousiasme. Si Jean Rigual (canton Perpignan IV non renouvelable), le patron du groupe UMP dans l’hémicycle départemental, a déjà pris son baton de pèlerin pour, de Banyuls-sur-Mer au Barcarès, via le Bas Vernet et Canet-en-Roussillon, porter cette bonne parole auprès de l’électorat, s’en faire avantageusement le chantre – car il se voit déjà en haut de l’affiche (au perchoir du Conseil Général 66)… dans la mesure où la Majorité départementale passerait à droite c’est lui qui a été choisi pour en être le chef-de-file) – d’autres élus de l’UMP sont loin de partager cet avis : ils annoncent d’ores et déjà que les cantons du Bas Vernet (Perpignan IX), de Canet-en-Roussillon et peut-être même de Saint-Laurent-de-la-Salanque (!), seraient à leurs yeux définitivement perdus pour l’UMP ; dénonçant “des luttes fratricides à droite ainsi que de mauvais choix de candidatures plus ou moins opportunistes (…)”. Et ceux-là encore, loin d’incarner une dissidence au sein de l’UMP des P-O, affirment que Jean-Jacques Lopez et Michel Moly, respectivement conseillers généraux sortants Divers gauche sur les cantons de Rivesaltes et de la Côte Vermeille, seront “réélus sans souci… Ils ne faut pas confondre une situation locale qui repose sur la qualité et la personnalité très ancrée d’individus dans leur canton, et c’est justement le cas pour MM. Moly et Lopez, avec les désirs de certains, à Gauche, passés du rose au vert, qui souhaitent saisir l’occasion de ces élections poour régler des comptes strictement personnels. Nous, à l’UMP, nous n’avons pas à entrer dans ce genre de considération, nous avons suffisamment de boulot comme ça !”.

Au soir du 1er tour qui se déroulera donc demain, à la lumière des analyses fourbies par les uns et les autres, il sera (très) intéressant de surveiller les scores des candidat(e)s : Louis Aliot (vice-président national du FN face au candidat de l’UMP et ancien secrétaire départemental “Frontiste”, Jean-Louis De Noëll), sur le canton du Bas Vernet (Perpignan IX) ; Henri Valls (UMP dissident face à l’UMP officiellement investi Jean-Claude Torrens, maire de Saint-Nazaire), sur le canton de Canet-en-Roussillon ; Mme Marie-José Amigou (candidate UMP préféréé par le Comité départemental UMP des P-O au conseiller général UMP sortant Alain Got), sur le canton de Saint-Laurent-de-la-Salanque ;  Gérard Naudo (“Alduyiste” dissident contre “l’Alduyiste” sur le retour, Richard Puly-Belli), sur le canton du Haut Vernet (Perpignan I) ; Mme Marie-Cécile Pons (Divers droite/ Centre droit face à l’UMP Me Pierre Parrat), sur le canton de Saint-Jacques (Perpignan II) ; et Guy Cassoly (conseiller général sortant PCF et maire de Los Masos face à Bernard Loupien, PS, maire de Taurinya), sur le canton de Prades.

Reste une interrogation de taille, et pas la moindre : quel va être le taux de participation à ces élections cantonales ? D’ores et déjà, dans les différents états-majors politiques départementaux, à droite comme à gauche, on craint une abstention record. En tout cas, la menace plane sérieusement au-dessus de la tête des candidats. Dans chacune des réunions publiques, les candidats, de droite (surtout) comme de gauche – si ce n’est dans les cantons d’Argelès-sur-Mer, de la Côte Vermeille, du Haut Vernet, de Rivesaltes et de Saint-Laurent-de-la-Salanque – ont peu mobilisé, avec en moyenne une quarantaine (dont souvent essentiellement des militants) de participants. Tous ces candidats, quelle que soit la formation dont ils sont issus, méritent déjà une sacrée médaille, car il faut bien reconnaître qu’ils n’ont pas été aidés : ni par le Gouvernement qui, pour le moins et pour le coup, a manqué de sens civique en n’informant pas (ou si peu) de la tenue de ces élections ; ni par le fait que ce rendez-vous électoral soit totalement isolé sur la scène politique (pour la première fois les cantonales ne sont pas couplées avec d’autres échéances, municipales ou régionales) ; ni, ces derniers jours en Roussillon, par la météo…