Samedi 4 août 2018 à 18 h, au cimetière de Canohès, à l’appel de la municipalité, de l’ANACR et du PCF, un hommage

AUX FRERES PANCHOT,
COMBATTANTS ANTIFASCISTES DE LA PREMIERE HEURE

La famille Panchot, archétype des familles d’ouvriers agricoles du Midi Rouge

Les Panchot sont une des plus vieilles familles de Canohès. Barthélémy et Julien avaient quatre sœurs et deux frères. Quelle somme d’efforts, de difficultés durent affronter leur père, Pierre, ouvrier agricole, et leur mère Joséphine pour les élever dans les difficiles conditions de l’époque. Lecteur assidu de l’Humanité, Pierre Panchot avait adhéré, vers 1904, au Parti socialiste de France. « C’est comme ça qu’à 18 ans, je [Barthélémy] lisais déjà les articles de Jaurès. »

A son tour, Barthélemy (né en 1896) devint ouvrier agricole : « De 14 à 16 ans, on gagnait la journée de femme. Les hommes gagnaient 3 F., nous 1 F. et demi. Mais c’est qu’on se prenait des hommes et nous aussi nous voulions la « coustelle » pour déjeuner… » Aussi adhéra-t-il en 1910 à la section locale du Syndicat CGT des travailleurs de la terre. Il était déjà membre des Jeunesses socialistes.
Mobilisé en 1915, Barthélémy fut envoyé sur le front à Verdun. Puis à la fin de 1916, il gagna, via Salonique, le front des Dardanelles. A Salonique, il fut affecté à la garde des prisonniers de guerre mais aussi des mutins de 1917. A leur contact, ses convictions antimilitaristes et pacifistes s’affirmèrent.
Démobilisé, il rentra au pays et adhéra aussitôt avec son frère Julien à la section socialiste de Canohès. En 1920, lors des débats houleux qui préparèrent le congrès de Tours, Barthélemy et Julien prirent position pour l’adhésion à la III° Internationale..

Barthélémy aux côtés des travailleurs tunisiens

En 1921, Barthélemy partit en Tunisie où fut embauché d’abord pour la taille de la vigne dans une grande propriété puis, à la gare de Tunis. En 1922, il participa à la fondation du Parti Communiste Tunisien et à celle de la C.G.T. Unitaire dont le mot d’ordre était « la Tunisie aux Tunisiens et la Tunisie aux travailleurs ».

Frappé par la répression patronale et colonialiste, Barthélemy revint à Canohès et reprit le chemin de la vigne. Un des responsables de la cellule communiste locale tout au long des années 30, il ne put malgré son influence au sein du syndicat autonome des ouvriers agricoles, le faire adhérer à la C.G.T.U.

Aristide et Julien aux côtés des Républicains espagnols.

Après son service militaire, Julien (né en 1901), adhéra au Parti Communiste. Très vite, il rejoignit Barthélemy en Tunisie. Revenu à Canohès en 1926, il devint chauffeur routier. Militant communiste très actif, il n’occupa jamais un poste de responsabilité.

Aristide (né en 1908) adhéra à la cellule locale du Parti Communiste dirigée par ses frères Barthélemy et Julien. Le 16 août 1936, il se rendit en Espagne et intégra les Brigades internationales lors de leur création officielle en octobre 1936.
A une date inconnue, il revint à Canohès et accompagna son frère Julien au cours de ses missions de transport de matériel pour le Comité d’aide à l’Espagne républicaine. Le 15 avril 1937, Julien et Aristide furent faits prisonniers près de Tortosa (province de Tarragone) par des soldats italiens qui les livrèrent aux franquistes. Après avoir été « interrogés » à Saragosse, ils furent internés au camp de San Pedro de Cardenas, près de Burgos, puis à celui de Miranda del Ebro. Suite à une importante campagne menée par le Travailleur Catalan, de multiples interventions auprès des gouvernements français et des parlementaires, Julien et Aristide furent libérés en février 1939.

En septembre 1939, Julien ne fut pas mobilisé contrairement à Barthélemy, Aristide et Jacques (né en 1911). En juin 1940, Aristide et Jacques furent faits prisonniers.

Du combat clandestin contre la politique de Vichy à la lutte armée avec les FTPF du maquis Henri Barbusse

Barthélemy et Julien participèrent à la reconstitution clandestine du Parti Communiste et, à la fin du printemps 1942, à l’implantation du Front National dans les Basses Aspres. Parallèlement à une active propagande contre la politique réactionnaire et collaborationniste des autorités de Vichy, ces Comités populaires du FN discutèrent de la création de groupe FTPF.
En juin 1944, la menace d’arrestation se précisant, Barthélemy et Julien passèrent dans la clandestinité et furent dirigés vers le maquis FTPF Henri Barbusse qui venait d’être reconstitué dans un cortal abandonné situé près du Pic Cogoullo (au-dessus de Vernet les-Bains

Sébastien Rius, un des responsables départemental des FTPF confia à Barthélemy Panchot – «Barthès » vu son âge mûr, son expérience politique et ses connaissances militaires (il avait combattu en 14-18), la direction du camp et nomma comme adjoint son frère Julien – « Prosper» et Gilbert Mestres. Ces trois maquisards eurent la lourde tâche de gérer un maquis Henri Barbusse en pleine expansion et surtout de faire face aux attaques dont il fut l’objet au Cogoullo (27 juin), au chalet du Canigou 7 juillet, enfin à La Pinouze-Velmanya (1° et 2 août).

Prévenu le 31 juillet d’une attaque imminente, Barthélémy et les responsables des guérilleros espagnols (Perez, Manuel Galanio, Dédé Sabatier) organisèrent la défense. Julien Panchot, à la tête d’un groupe de 8 hommes armés d’un F.M. et de cinq fusils, prit position face au col de Batère.

Le 1er août, l’action du groupe de guérilleros stoppa pendant près de deux heures l’avance des Allemands et permit à la population de Velmanya de s’enfuir et de se réfugier dans les bois. Furieu, les Allemands pillèrent puis incendièrent le village.

Le 2 août, à l’aube, les Allemands attaquèrent par lechalet du Canigou et le col de Batère. Devant la supériorité en hommes et en matériel des occupants, un certain flottement se fit sentir dans les rangs des maquisards. Ce fut alors que Julien Panchot, blessé, donna l’ordre à ses hommes de le laisser là et, avec son F.M., il couvrit leur retraite. Fait prisonnier, Julien Panchot fut horriblement torturé avant d’être fusille.

Le 29 août, Barthélemy accompagné de plusieurs membres de la famille Panchot, d’amis de Canohés, plusieurs anciens maquisards et de deux muletiers, gagna La Pinouse et en redescendit le corps de Julien.

Immédiatement, Julien Panchot devint avec Louis Torcatis et Rose Blanc une des figures emblématiques de la Résistance catalane.

 

Barthélemy (à gauche) et Julien (à droite) en 1924.