les Espagnols votent aujourd'hui

Derrière une façade festive, la société espagnole est profondément fragilisée… La Communauté autonome la plus riche du royaume – la Generalitat de Catalunya à Barcelone – n’échappe pas à la crise qu’elle reçoit, elle aussi, de plein fouet : il n’y a qu’à voir les nombreuses et (presque) permanentes files d’attente qui s’accumulent pour une distribution alimentaire, dans la fière capitale catalane, devant l’équivalent de nos Restos du Coeur. Des queues impressionnantes, spectaculaires.

Les Espagnols sont donc appelés aux urnes toute cette journée du dimanche 20 novembre 2011 pour trouver un successeur au chef du gouvernement, José Luis Zapatero (PSOE), qui a décidé de ne pas se représenter.

Sortie, début 2010, d’un an et demi de récession provoquée par l’éclatement de la bulle immobilière (dont les fameux crédits “subprimes“), l’Espagne pourrait pourtant replonger dans le rouge en 2012 selon les économistes internationaux qui prévoient “un ralentissement considérable de son moteur des exportations et du tourisme”, et ce à cause du contexte mondial qui lui serait particulièrement défavorable dans ces secteurs.

Déjà, à ce sujet, quarante-huit heures avant ces élections, le gouvernement de Zapatero a dû admettre une croissance plus faible pour 2012 : 0,8% contre 1,3% initialement espéré, soit moitié moins que celle anticipée par Bruxelles dans la zone euro.

Parmi les boulets que traîne l’Espagne de toute sa splendeur passée

– l’emploi : l’Espagne est devenue, et de très loin, la lanterne rouge de l’Europe (et pas que de la zone euro !), c’est carrément son point noir : avec près de 23% de chômeurs, contre 10% en France, 8,5% en Italie, 8,1% au Royaume-Uni et 6% en Allemagne (la moyenne de l’Union européenne s’établissant aux alentours de 10%). Secteurs sinistrés : la construction et l’immobilier auraient perdu près de 1,5 million d’emplois depuis 2007, tandis que 700 000 postes auraient été détruits dans la seule industrie.

– l’endettement faramineux des Communautés autonomes dont certaines en sont désormais réduites à “faire la manche” auprès de l’Etat central… lequel a également ses caisses vides. Ces fameuses Communautés autonomes qui faisaient jusqu’ici de l’Espagne la nation championne en Europe de la décentralisation via une régionalisation très poussée – et excessive ? – et dont ses dirigeants se vantaient, constituent aujourd’hui un gouffre financier que les médias locaux et une partie du peuple ne cessent de montrer du doigt.

SUR 308 MILLIARDS D’EUROS DE CREDITS, PLUS DE LA MOITIE SONT DOUTEUX

– le marché immobilier sinistré qui plombe les banques et, forcément, les célèbres “Caixas”… En 2003, rappelait hier le quotidien national français Le Figaro, en pages 6 et 7, dans un volumineux dossier consacré justement à ces élections espagnoles : “en pleine euphorie immobilière, il se construisait plus de 700 000 logements par an en Espagne. Davantage qu’en Allemagne, France et Grande-Bretagne réunies (…). Le stock d’invendus, estimé en 2008 à un million de logements, avoisine aujourd’hui les 700 000. L’Espagne est peuplée de villes fantômes, sorties de nulle part, dépourvues d’équipements, image emblématique d’un secteur sinistré et d’une corruption locale (…). Au rythme actuel de transactions, il faudra plus de cinq années pour absorber le stock. Un ajustement coûteux pour l’économie mais nécessaire et qui pèse sur les banques (…)”. Car plus grave encore : sur 308 milliards d’euros de crédit, plus de la moitié seraient douteux (!!!), indique la banque d’Espagne ; des actifs toxiques qui sont concentrés dans les “cajas/ caixas” (caisses d’épargne).