Les Poubelles à Baixas

Le Collectif de défense du patrimoine et du cadre de vie à Baixas, vient de recueillir quelque 300 signatures émanant de familles du village qui s’inquiètent de la mise en place de conteneurs semi-enterrés, dont, selon ce Collectif, la pollution visuelle défigure et endommage gravement le coeur historique de la commune.

“Dans le cadre de cette mise en place de la conteneurisation enterrée, explique le Collectif, M. le maire a affirmé au responsable de ce dossier auprès de Perpignan-Méditerranée Communauté d’Agglomération (l’agglo PMCA), que comme dans les autres villages concernés, la réunion préalable de concertation avait été effectuée et qu’aucune doléance ou opposition au projet ne s’était manifestée… Cette réunion n’a jamais eu lieu. Est-ce que les habitants du vieux village ont été consultés sur le fait qu’ils devraient porter eux-mêmes leurs ordures ménagères jusqu’aux conteneurs ? Les résidents du voisinage des lieux d’implantation ont-ils été convoqués pour une concertation préalable ? Seulement une vingtaine de riverains des sites d’implantation ont assisté à la réunion d’information du 9 janvier 2011, les travaux ayant été commandés pour le lendemain (…)”.

Le Collectif poursuit en affirmant que “dans les communes voisines, il a été procédé à des réunions préalables de concertation. Pourquoi cet exercice de la démocratie de proximité n’autait pas cours à Baixas ? L’implantation des conteneurs dans la Zone de Protection du Patrimoine Architectural et Urbain (ZPPAUP), nous choque dans la mesure où elle ne respecte pas la règlementation, l’environnement urbain et le cadre de vie. L’article UAa2 du règlement de la ZPPAUP dit Que cette implantation est exceptionnellement possible lorsqu’on ne peut pas faire autrement (Cité de Carcassonne, Mont Saint-Michel…). Dans ces cas, leur intégration est irréprochable. Ce qui est loin d’être le cas à Baixas, en effet sur les sites choisis, les conteneurs ne sont pas totalement enterrés (l’un d’eux dépasse même du sol de 90 cm), mais ils défigurent un patrimoine architectural du XIVème siècle. Quant aux autres, placés à même la chaussée sans trottoir ni protection, ils constituent des obstacles dangereux pour les véhicules et les piétons. Ils devraient être posés au ras du sol dans un but d’intégration dans le paysage urbain et patrimonial, comme cela est le cas dans les autres villages, sans créer de nuisances ni de danger, parfaitement intégrés aux sites et au cadre de vie. D’autres solutions existent, avec les conteneurs sur l’extérieur du village et le ramassage par de petits véhicules de la mairie, et paraissent mieux adaptées”.

Selon Francis Mary, membre du Collectif, “la mairie aurait stoppé les travaux en cours de route… La municipalité s’est-elle rendue compte de sa grossière erreur ?…”. Il y aurait même une réunion publique programmée pour ce lundi 6 février 2012 sur le délicat sujet.

A BANYULS-SUR-MER, LE MAIRE A RECULé… A PORT-VENDRES, LA POLéMIQUE ENFLE

La commune de Baixas n’est pas la seule, sur le sol roussillonnais, à implanter ce type de conteneurs qui suscitent une vague de colère à travers tout le département. Si les projets semblent en règle générale bien acceptés par la population, c’est le choix de leur implantation qui en revanche entraîne de vives oppositions.

Ainsi, à Banyuls-sur-Mer, au printemps 2011, la municipalité de Jean Rède (UMP), avait choisi d’installer plusieurs conteneurs, entre autres, sur la plage des Elmes (l’une des plus belles du littoral roussillonnais)… Finalement, le maire a fait marche-arrière et les poubelles de la colère ont été déplacées un peu plus loin. La raison a fini par l’emporter.

A Port-Vendres, la polémique continue de plus belle. Il semblerait que le maire, Jean-Pierre Roméro (UMP), ne veuille pas en démordre. Le beau projet intitulé “des colonnes enterrées pour une ville propre (…)” est loin de faire l’unanimité. Là aussi, c’est le choix de l’implantation des conteneurs – sur les quais ainsi que dans le périmètre du site classé de l’Obélisque, à La Citre – qui interpelle l’opinion publique : “Placés en face de l’Obélisque, monument classé, en face de la place de ce monument, un des plus beaux espaces multifonctionnels de Port-Vendres, en face de la Cour du fer à cheval, et en vue directe sur fond du bâtiment de l’ancienne douane, ces trois conteneurs venus de nulle part, semblent une véritable injure au bon sens et au respect des lieux”, écrivait déjà le 1er juin 2011, Nicolas Radonov, architecte à la retraite installé à Port-Vendres. “Peut-on se permettre de réaliser n’importe quoi dans le périmètre du site classé de l’Obélisque ? (…). La nécessité d’intégrer des poubelles dans le quartier de La Citre est certainement évidente, où les placer est une question d’études approfondies pluri-disciplinaires et logiques. Le principe des conteneurs enterrés à tri sélectif est-il la solution appropriée pour le quartier de La Citre ? (…)”.

QUEL A éTé LE RôLE DES ARCHITECTES DES BâTIMENTS DE FRANCE ?

Le plus surprenant dans toutes ces histoires, qui touchent directement au quotidien des populations, c’est le rôle de l’Administration d’Etat au travers de ses tout-puissants architectes estampillés “des Bâtiments de France”. Quel a été leur rôle ? Comment ont-ils pu laisser passer de telles hérésies, eux habituellement si prompts à vous envoyer devant les tribunaux pour une simple couleur de façade ou d’un volet qui ne correspondrait pas à la règlementation ?… Bizarre-bizarre.

A tel point que les habitants concernés exigent, désormais, de pouvoir accéder aux permis de construire et autres autorisations qui ont été déposés. Car on remarquera que toutes ces implantations contestées sont situées dans le périmètre de zones protégées, parfois même en bordure de monuments, comme ici justement à Baixas.